Le dernier EP de ThomC, un délice qui vous emmènera au bord de l’extase

Il est des musiques qu’on aime écouter tout simplement parce qu’elles collent parfaitement à l’ambiance, à l’atmosphère du moment présent. Ce n’est pas le cas de l’enivrante Pop-folk de ThomC. Elle créé sa propre ambiance, elle vous livre son atmosphère sur un plateau.

Ce nouvel EP, intitulé Waiting Rooms, Thomas Cacciapaglia l’a entièrement composé, produit et enregistré de ses mains, le tout en moins d’un mois. Il nous sert donc ici un cinq-titres “sauce maison”, préparé à la minute, dont on se délecte jusqu’à la dernière miette.

« Cet EP intervient entre mon premier album (Human Magnets, produit par David Goffin chez V92DVG) et le deuxième qui va bientôt être produit », nous explique Thomas, artiste complet, auteur-compositeur-interprète-producteur de Waiting Rooms. « Ça faisait un petit temps que je n’avais rien sorti et j’avais envie de composer quelque chose de spontané qui représentait bien ce que je ressentais sur le moment. C’est entre autre pour ça que je l’ai rendu téléchargeable gratuitement sur Soundcloud. J’avais envie de faire un cadeau musical, sans pression, juste du partage.» Et ThomC de nous servir un petit shoot d’émotion en libre service, dans lequel l’artiste nous invite tout simplement à la rencontre de ses sentiments. Rien n’est feint, tout est là. L’homme derrière l’artiste s’implique personnellement, se dévoile corps et âme et nous sert une oeuvre qui gagne en puissance et en mélancolie.

Alors que les morceaux de son premier album étaient globalement structurés autour de la guitare, c’est désormais le piano, dont le jeune fleurusien est un formidable auto-didacte, qui domine Waiting Rooms. On s’émancipe donc des sonorités rock de Human Magnet pour une instrumentale claire et épurée, qui s’immerge dans l’émotion et fait réellement corps avec le chant. La voix de l’artiste, légèrement feutrée, s’épanouissant dans les aigus, nous surprenant de temps à autres à flirter avec les délicates limites de l’androgynie, est capable de monter le ton pour nous offrir de délicieuses envolées lyriques. Fermez les yeux et les finales de The Spokesman of Doubt ou de Waiting Rooms pourraient bien vous emporter avec elles dans la stratosphère. Tout en douceur et en légèreté.

Dans cet EP, et tout particulièrement dans la chanson éponyme, ThomC nous parle de notre représentation au temps et à l’espace: « Le morceau parle d’une vie à deux vitesse que nous menons tous. De moments où nous sommes très patients et pouvons attendre des heures, des jours, des mois sans broncher et d’autres ou nous sommes incapables d’attendre une seconde de plus. Ça parle de tous ces endroits que nous transformons en “salles d’attente”, les moyens de transport qui nous amènent d’un moment de notre vie à un autre et où nous attendons patiemment. » Mais Waiting Rooms, c’est aussi une fenêtre ouverte l’espace d’un instant sur notre monde, par laquelle l’artiste nous invite à jeter un regard spontané et désabusé, le sien en l’occurrence… « Je suis quelqu’un de très patient, et j’avais envie de renforcer ce sentiment avec ce morceau. De pouvoir le mettre sur papier en me disant que je ne pouvais pas céder au chantage imposé par nos sociétés, qui pousse autant à la construction artificielle du monde qu’à sa déconstruction mais de pouvoir prendre le temps d’identifier ce qui apporterait vraiment quelque chose, et pas forcément de manière individuelle, d’y réfléchir constamment, sans me jeter sur une amélioration illusoire. Nous passons plus de temps à faire de l’argent, qu’à connaitre des gens et à nous ressourcer de leur expérience. C’est regrettable.»

Au moyen de textes subtils, pleins de poésie – mais peut-être parfois un peu impalpables pour l’auditeur non averti – et de mots minutieusement choisis, entièrement ancrés dans le ressenti, ThomC aborde différents thèmes tels que l’irresponsabilité de nos modes de consommation, le doute, la banalisation et la surmédiatisation de la violence, les régimes totalitaires, le rapport à l’autorité ou encore le conditionnement des peuples.

Bref, Waiting Rooms n’est pas à consommer pour passer le temps dans une salle d’attente. Il s’agit d’un EP à écouter, et juste à écouter. En se laissant border au fond d’un hamac, ou enraciné dans votre canapé, les yeux fermés, avec un bon casque sur les oreilles, le volume à fond afin de s’assurer qu’aucun élément extérieur ne vienne parasiter votre immersion dans l’émotion. Pour ma part, et puisque selon ses dires, c’est la nuit qui inspire ThomC, j’ai décidé d’y goûter allongé sous la voie lactée, le nez dans les étoiles, les tonalités et les mots s’imprimant assez profondément en moi pour me parcourir l’échine avant de s’estomper ; un petit délice qui emmènera les plus réceptifs d’entre vous au bord de l’extase… Vivement le second album !

ThomC – Waiting Rooms en téléchargement libre :

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