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Du Hip-Hop Brass à la Ferme du Biéreau

Une fois n’est pas coutume, la Ferme du Biéreau accueillait mercredi soir un double concert ayant lieu dans le cadre de l’IAD Urban Music, événement organisé par les étudiants en programmation musicale de l’IAD. Au programme de cette soirée : Les R’Tardataires et Wild Boar and Bull Brass Band.

 L’enjeu de la soirée semblait être le suivant: faire découvrir le rap à ceux qui y sont allergiques, en accueillant deux groupes pratiquant la musique fusion, tout en laissant au flot hip-hop une place prépondérante dans leurs compositions. Ce sont Les R’tardataires qui, sans se faire attendre, ont ouvert le bal devant un public malheureusement très clairsemé. Mais peu importe, le dynamisme des larrons qui se découvrent sur scène suffisant à faire bouger la mini-foule comme il se doit.

 Les R’tardataires, dont le premier album est prévu pour le mois d’avril, proposent un hip-hop teinté de reggae et de funk, balançant des textes aussi drôles que décalés, mais toujours inspirés de la vie de tous les jours. Les deux MC’s, supportés par quatre musiciens talentueux, rayonnent sur scène et balancent un véritable vague de bonne humeur à laquelle on boit la tasse avec délectation.

 Les titres s’enchaînent et abordent différents sujets: « en retard » est une ode au bouton snooze des réveils-matin, « la pêche aux moules » nous entraine dans les galères de la drague, et on se laisse conter l’histoire du petit Dylan sur des rythmes mêlant tempos reggae et manouche… Les larrons nous gratifient d’une mise en scène bon enfant, pleine de fraîcheur et de second degré, n’hésitant pas à quitter la scène pour revenir affublés d’une tenue de poulet policier avant d’entonner avec beaucoup d’ironie leur dernier titre en date : « 22 fais tourner ! ».

Cette prestation est directement suivie par une surprise que nous avons beaucoup appréciée. Alors que les MC’s quittent la scène pour aller retirer leur gilet pare-balle, le claviériste prend la parole, sur un ton faussement timide: « On va profiter de l’absence des chanteurs pour vous jouer un petit morceau que j’ai composé moi-même avec un ami qui s’appelle Prince. Ca s’intitule Kiss… » Nous avons alors droit à une surprenante reprise du titre mythique, étonnamment maitrisée!

Le concert se termine en trinquant à la santé des « soirées mousse »: « on ne parle pas des soirées avec du savon et tout ça, hein », précise un des MC’s en brandissant une bière sans faux-col. Au final, le concert des R’Tardataires nous a offert un excellent moment et nous ne pouvons que vous conseillez de les découvrir par vous-même!

 C’est ensuite Wild Boar and Bull brass band qui investit la scène pour nous proposer leur musique fusion, issue de la rencontre entre un rappeur flamand et un tromboniste ardennais. Techniquement, les petits gars sont à la pointe. Il nous servent un hip-hop brass, dont le flot de parole se pose sur une instrumentale riche empruntant au brass-rock, au funk et au jazz dans ce qu’il a de plus tortueux. Si la technique est impressionnante, le MC maîtrisant un débit de parole old-school, voire hard-core, comme on a plus l’habitude d’en voir, le tout souffre selon nous d’une certaine rigidité. Le grand nombre d’instrument présent sur scène présageait plus de fluidité dans la mélodie et on a un peu l’impression qu’au final, le groupe nous propose une musique qui souffre d’un certain snobisme et que tous les morceaux se ressemblent. En gros, Wild Boar and Bull Brass Band est un groupe dont l’appréciation peut sembler un peu hors d’accès, qu’on adorera ou qu’on détestera. On recommande cependant aux amateurs d’originalité et d’audace artistique de se faire eux-mêmes une idée de ce que propose ce groupe au talent indéniable mais aux compositions torturées.

 Découvrez les interviews des R’Tardataires et de Wild Boar and Bull Brass Band très bientôt sur Scènes Belges !

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