Florent Marchet est de ces artistes qu’il est impossible de qualifier tant ils nous baladent dans leurs univers successifs d’album en album, de concert en concert.

Le berrichon nous revenait ce mardi dans le cadre des nuits botaniques avec un album qu’il qualifie lui-même de cosmique et d’intergalactique « Bambi Galaxy ».

L’album se veut extrêmement léché et très produit, frôlant les limites du roman futuriste berceau de toutes les contre-utopies ou de ce qu’un écrivain comme Houellebecq peut proposer.  On adhère ou pas… c’est le principe même du concept et du personnage Marchet.

La fidélité de son public garantissait à l’artiste une audience suffisante pour remplir l’Orangerie et la curiosité de ceux qui ne le connaissent pas terminait de gonfler l’audience.

C’est un Florent Marchet, vêtu d’un sweat pailleté digne des plus beaux films de série B dans lesquels les martiens sont en papier mâché et les vaisseaux en carton-pâte qui s’avance sur la scène bruxelloise. Le ton est donné définitivement lorsque les musiciens apparaissent dissimulés sous des casques faisant penser à des protections d’escrime.

Musicalement, c’est un mélange d’électro-pop-rock planant, limite dérangeant de par sa complexité et sa construction mélodique qui nous a été livré. Sans doute un des paris les plus audacieux que la chanson française ait connu depuis longtemps (faisant exception de personnages tels que Katerine ou Brigitte Fontaine), rien que pour cela, Florent Marchet mérite qu’on l’applaudisse (ce que le public a peu fait à l’Orangerie malheureusement).

Les musiciens étaient au point, les liaisons entre les morceaux étaient très fluides, à l’image de cet album en apesanteur. Rien à dire c’est maîtrisé et bien ficelé.

Néanmoins, toute médaille a son revers et ici cette proposition est tellement personnelle, à la limite du délire chamanique qu’il était très difficile d’y entrer vraiment surtout si on avait pris le pli de ne pas se soumettre à de quelconques substances illicites et hallucinogènes. Les spectateurs semblaient peu emportés dans ce space movie musical et ce malgré les remarques de connivence du chanteur avec le public. Peut-être trop intellectualisé pour laisser la place à l’émotion et à la sensation. Une soirée entre lecteurs de Télérama aurait été un meilleur décor que cette salle bruxelloise envahie par des festivaliers en quête de découverte mais pas de prise de tête et pourtant tout porte à croire que Florent Marchet est un des artistes qui comptent et qui compteront demain tant chacun de ses disques apporte une petite pierre à l’édifice de la musique française actuelle.

Au final, ce concert était, à l’image de l’univers, en pleine expansion, étiré, un pied dans le cosmos…et l’autre on ne sait trop où. Florent Marchet a proposé un voyage, personnellement, je suis restée sur terre, il ne m’a pas fait décoller, il m’a figée sur place par son approche extrêmement angoissée et angoissante, noir et froide de cette histoire de famille téléportée en 2045…

Drôle de sentiment, savoir que ce que l’on voit et entend est de très bonne facture et aura une influence indéniable sur ce qui arrivera et en-même temps devoir admettre qu’il y a là une intellectualisation qui rend les choses hermétiques.

 

 

 

 

 

 

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