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Ambiance étrangement décalée d’un festival étrangement décalé

Alors que le reggae – dubstep envahit avec force et succès la scène « Coté Cour » de ce vendredi (la jolie Jah9 puis Alborosie), il est temps de se promener un peu au sein du festival.

Monde curieux qu’Esperanzah où, plus qu’ailleurs me semble-t-il, le public se sent à l’aise, détendu, cool et relax. La magie du lieu y est sans doute pour beaucoup – l’enceinte de l’Abbaye, dans son ensemble classique de bâtiments du XVIIIe, resplendit sous le soleil – mais l’utopie des organisateur fait aussi le reste.

ONG diverses, ASBL alter-mondialistes sensibilisent, informent, militent dans chaque recoin de l’Abbaye. Ici, un musée du capitalisme, là, un cinéma engagé, là encore un cours de recyclage du marc de café pour en faire des pleurotes… Joyeux happenings (des souris (?) géantes dansent en hurlant « non à la hiérarchie », un robot façon « Magicien d’Oz » m’interpelle sur l’auto-production de plantes…), moments de rire (Mystérieuses coiffures), moments de grâce (de célestes danseuses sur corde au son lent d’un bandonéon et de tangos)…

Au milieux de cela, un public bon enfant, qui se laisse séduire et bonimenter, allongé sur l’herbe, une bière bio à la main. Des bénévoles en tous sens qui s’affairent à ramasser le moindre déchet, des artistes qui patientent en prenant le frais sur les passerelles des backstages… Le festival est un lieu hors du temps, coupé du monde et de ses préoccupations, tout en pointant avec acuité les dérives de notre société. Le « Festival des possibles » révèle des utopies multiples, insolites, inattendues…

« L’espoir toujours ! »

Moriarty et Christine Salem

Lorsque La Réunion de Christine Salem rencontre les francos américains de Moriarty, on oscille entre la country folk et un côté africain proche du gospel.

Les djembés prennent place auprès des instruments folk de Moriarty (contrebasse, steel guitar, …) et le « Côté Jardin » résonne soudain d’une musique agréable, chaloupée, qui retourne aux fondamentaux de la musique américaine. Les voix des chanteuses se complètent à merveille, chacune dans des registres différents. La voix de Rosemary Standley se charge de médiums, proche des sons d’un vieux phonogramme, celle de Cristine Salem, au contraire, apporte un registre plus aigu, qui se marie parfaitement à sa partenaire. Seul sur certains morceaux, Moriarty se lance alors dans des blues-rock plus binaires, de bon aloi.  Un bon moment !

 Plaza Francia (Catherine Ringer + Gotan Project)

Qui ne connaît Catherine Ringer ? Veuve du génial Fred Chichin, avec qui elle formait les Rita Mitsuko, Catherine s’est associée depuis aux membres du Gotan Project dans un projet autour du tango.

Dans une mise en scène étudiée, très plastique, très pro, avec des poses typiques du tango, Catherine chante, en espagnol, danse, joue avec son foulard sur la musique parfaite de Gotan Project. Un show étudié, léché, où chaque lumière a son importance, où chaque attitude se découpe en ombres chinoises sur la scène « Coté Jardin ».

De belle plages instrumentales allient tango traditionnels (contrebasse – guitare – bandonéon) et sons electros (claviers et boîte à rythme).

En fin de set, la chanteuse se laisse aller à revenir sur sa période « Rita Mitsuko ». Et un « Marcia Baila » aux sons argentins enchante une foule sous le charme peut-être un peu froid de Catherine Ringer. Mais cette froideur n’est-elle pas caractéristique du tango, justement ?

Dakhabrakha: l’improbable surprise…

Euh… Comment vous faire comprendre ?

Disons que ça sonne « russe » (même si ce sont des Ukrainiens et que pour l’instant, les Russes, en Ukraine, …). Ca évoque d’un coup les images d’Emir Kusturica et de son magique « Temps des Gitans », ça rappelle le « Mystère des voix Bulgares »… Et en même temps, ce n’est rien de tout ça !

Trois dames, vêtues de longues robes blanches, surmontées de hautes toques noires qui les font ressembler à de gracieux derviches. Un homme, en costume traditionnel sombre et brodé… Percussions, voix aériennes, en harmonies orientales et slaves, emplies de tristesse et de mélancolie. Un violoncelle donne le ton, les percus font le reste, et les voix nous emmènent ailleurs… On aurait aimé un rappel, vivement réclamé par un public sous le charme.

Beau moment de détente « Coté Jardin », sous le soleil, exactement !

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