Lors des Francofolies de Spa, nous avons eu l’occasion de découvrir un nouveau projet, celui de Thomas Médard (chanteur et guitariste de Dan San), The Feather. Après l’avoir vu sur scène avec ses six comparses en ouverture du village, nous avons eu la chance de le rencontrer et de lui poser quelques questions pour en savoir plus sur ce nouveau disque et sur ce qu’il y a derrière tout ça.

 

Scènes Belges : The Feather, un nouveau projet et donc un nouvel album. Est-ce que tu peux me le décrire ?

Thomas Médard : C’est un premier disque, c’est l’unique du projet et c’est un projet qui est tout neuf puisqu’on a sorti le disque en septembre. Décrire un disque ? C’est un exercice compliqué. C’est un album de folk-pop-rock assez atmosphérique au final. Il y a beaucoup d’instruments : des jouets pour enfants qui ont été utilisés pour faire les percussions, des vibraphones. Il y a des cordes, des violons … il y a un côté un peu atmosphérique et un peu féérique dans la musique. C’est un peu comme une bio de film sauf que le film n’existe pas. C’est la meilleure définition que je pourrais donner.

SB : Chanteur et guitariste de Dan San, d’où est venue l’idée de ce projet parallèle ?

T. M. : Dan San existe toujours, c’est simplement une parenthèse dans ma carrière musicale. A côté de ça, on compose un nouvel album qu’on est en train de peaufiner pour l’instant avec toute l’équipe. On a une manière de fonctionner avec Dan San qui est la suivante : moi j’amène des idées de chansons et Jérôme, l’autre chanteur, amène aussi des idées de chansons et ensuite on se réapproprie toutes ces idées et on en fait des chansons à six. Pendant des années j’ai mis des chansons de côté parce que c’était des chansons qui avaient un début, un milieu, une fin et je n’avais pas spécialement envie que d’autre musiciens me disent « tiens, on va faire ça, ou on va plutôt faire ça ». J’avais vraiment envie de les garder telles quelles, je ne voulais pas qu’elles changent. Je les ai mises de côté en les faisant écouter aux autres membres du groupe qui savaient bien que je préparais quelque chose de mon côté. Donc voilà, ce sont des chansons que j’estimais pouvoir faire tout seul. Je les ai mises de côté tout en gardant plein d’autres idées de chansons pour Dan San. Mais on a une façon de fonctionner qui est très différente. On peut mettre la distinction au niveau du processus de création qui est très différent.

SB : Cet album tu l’as fait seul, entièrement seul, puisque tu l’as composé, joué, enregistré et mixé en solo. Pourquoi ? C’était par nécessité, envie, fierté, … ?

T. M. : Ce n’est pas une fierté, c’est plus pour le luxe du temps. Quand on travaille tout seul on peut s’offrir ce luxe justement. Au lieu d’investir dans des musiciens ou de payer un gros studio pour l’enregistrer, j’ai investi dans un home studio rudimentaire avec une carte son, un micro, un bon ordinateur et des programmes que l’on sait vite utiliser quand on s’y intéresse un peu et que l’on va lire sur les forums. Donc je me suis constitué un petit home studio et j’ai commencé à enregistrer tout seul. Ça permet de pouvoir passer beaucoup de temps chez soi et d’étaler la période d’enregistrement sur plusieurs mois. Lorsque l’on loue un studio, ça coûte beaucoup d’argent, ça met une pression parce que l’on doit rentabiliser le temps. Là je pouvais tout faire à la maison, c’était très confortable en fait. Donc c’était par soucis de me sentir bien dans la conception de ce disque. Et puis il y a un petit côté où je me suis dit « voilà, je suis en train de faire un peu le tour, pourquoi est-ce que je n’essayerais pas de dépasser un peu mes limites » Je n’avais jamais fait de piano avant de faire ce disque, de clarinette ou quoi que ce soit donc je me suis dit que j’allais essayer. Un instrument de musique c’est un instrument de musique, il y a moyen de chipoter et de s’amuser donc c’est ce que j’ai fait. J’ai beaucoup expérimenté, chipoté et je me suis surtout hyper bien marré en faisant ce disque que j’ai fait au final tout seul. Ça s’est mis tout seul.

SB : Projet solo et pourtant vous êtes sept sur scène ! C’est assez surprenant de vous voir aussi nombreux. C’est facile de passer de un à sept ?

T. M. : C’est un gros travail. Une fois que l’album a été fini. On a commencé à répéter en groupe, à essayer de redonner vie aux chansons parce que c’est un album solo mais il y a énormément de couches dans ce disque, il y a beaucoup d’instruments, beaucoup de mélodies qui se superposent et qui se chevauchent. Il fallait essayer de rendre ça sur scène mais c’est pas possible de rendre tout sur scène. Il y a vraiment trop de choses. Donc j’ai fait appel à des amis et on a travaillé le truc pour le rendre plus direct et plus énergique que sur l’album. On s’est hyper bien marré. Pendant quelques mois on a répété, on a fait un premier concert puis on a évolué et maintenant le set est ce qu’il est devenu et c’est en fin de compte très différent de ce qu’il y a sur le cd. Je crois que la personne qui veut écouter le disque et voir le projet en live va être surprise. La surprise peut être négative si elle aimait bien le côté un peu cocon qui ne se retrouve pas en live ou si la personne avait envie que ça bouge un peu plus, elle s’y retrouvera peut-être plus en concert.

SB : Là, tu as ouvert la programmation du village sur la scène Ice Watch à 13h, de manière douce. De quoi réveiller les gens. Peut-être trop doucement justement parce que l’on entendait encore les balances de la scène Proximus. Est-ce qu’il y a un endroit, une scène, un moment parfait qui rendrait le mieux ce projet ?

T. M. : On a fait plusieurs dates qui étaient particulièrement magiques, on se trouvait dans des lieux qui s’y prêtaient très bien. La première qui me vient en tête c’est un peu la salle que beaucoup de musiciens belges aiment beaucoup c’est la Rotonde du Botanique. C’est une scène un peu magique. Il y a moyen d’avoir une capacité de 300 personnes tout en restant très intime. On pourrait avoir l’impression d’être en face à face avec une vingtaine de personnes. On a joué aussi dans une église, c’était vraiment bien aussi. Il y a une résonnance naturelle qui va très bien à la musique parce qu’il y a beaucoup de réverbes etc, donc ça s’y prête très bien.

SB : Un autre artiste à voir aujourd’hui ?

T. M. : Mmm… moi j’irais voir My Little Cheap Dictaphone parce qu’ils ont fait un très beau disque et puis parce qu’il y a des musiciens qui jouent dans The Feather qui sont dans MLCD, le bassiste et le batteur. C’est un beau projet qu’il faut aller voir

SB : Une dernière question. Est-ce que tu as un rituel avant de monter sur scène ?

T. M. : Oui, on a un rituel. Quelques secondes avant de monter sur scène on se prend tous dans les bras de manière individuelle et on se donne rendez-vous 47 minutes après. On s’embrasse fort et puis on monte sur scène.

Bref, du nouveau sur la scène belge que l’on vous conseille vivement de découvrir sur scène et sur cd parce que l’un est plus énergique et l’autre plus cocon et parce que les deux sont complémentaires.

Merci à Thomas pour les quelques minutes qu’il nous a consacrées.

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