Toots Jazz Festival 2014 – Entre une partie de cache-cache avec Thomas Dutronc et la virtuosité teintée d’émotion de Philip Catherine et Steve Houben.

Ce week-end démarrait le tout jeune Toots Jazz Festival de La Hulpe, avec une programmation aux styles diversifiés laissant la part belle aux musiciens belges, en l’honneur de Toots Thielemans, prestigieux citoyen de la commune.

dutroncPour clôturer la journée du vendredi, Thomas Dutronc, en pleine session d’enregistrement, est venu tester devant un public nombreux ses nouveaux morceaux, dans le style  “jazz manouche” qui le définit. En pleine forme, le français nous a servi un show impeccable, nous entrainant au fil de joyeuses anecdotes dans le monde festif qui est le sien.

Gouailleur, il nous réserve aussi quelques surprises, comme cette bande son de musique chinoise en plein milieu du show, avec distribution de kroepooks “parce qu’il faut bien tenter de percer le marché chinois”, ou des textes inachevés ou imparfaits, expliqués avec sourire, “parce que nous sommes encore en train de les enregistrer, et que c’est difficile de trouver de bonnes rimes en –ède… On a bien essayé “logopède”, mais bon…”.

Avec des inflexions de voix qui ne sont pas sans rappeler le phrasé de l’illustre paternel, Thomas nous emmène avec lui dans son univers joyeux, désordonné, largement teinté d’humour tendre, laissant la part belle aux improvisations de ses musiciens, magnifiques virtuoses de la musique du grand Django…

Dommage cependant… que je ne l’ai pas vu, si ce n’est ses cheveux… Une scène trop basse, adaptée aux sièges de la première moitié de la salle, un jeu assis… Et il est impossible de voir quoi que ce soit quand, comme moi, on se retrouve coincé à l’arrière. Dès lors, j’ai surtout subi les discussions et les cris déplacés de mes voisins, couvrant les moments plus calmes sans le moindre respect de ceux qui, à défaut de voir, essayaient quand même de se concentrer pour écouter. Messieurs les Organisateurs, pour l’an prochain, pensez à investir dans une scène plus haute…

C’est donc avec satisfaction que je découvrirai ce samedi que l’entièreté du chapiteau a été aménagée avec des sièges, permettant enfin une vision correcte sur des musiciens jouant principalement assis !

philipAprès le set du trio de Charles Loos, impressionnant au piano et rejoint par la chanteuse Marie-Laure Béraud, Philip Catherine nous emmène à son tour dans un univers tendre et hautement musical, servi par des musiciens dont la haute qualité technique est tout simplement impressionnante ! Moment divin, suspendu dans le temps, avec des morceaux de bonne longueur ponctués d’impressionnants solos aériens, tour à tour calmes ou nerveux, toujours chargés d’émotion. Guitariste blues-rock peu au fait du monde du jazz, j’ai pleinement pu mesurer et comprendre cette différence sur des morceaux dont la structure est clairement issue du blues, mais dont le phrasé s’éloignera des référents classiques pour s’orienter vers une modulation aux accents jazzy. A épingler, le très beau “Seven Theas”, inspirés par une anecdote personnelle du guitariste. Clou du spectacle: Philip Catherine invite Toots à le rejoindre sur scène pour quelques morceaux, sous les applaudissements émus d’un public conquis. Monsieur le Baron Thielemans s’exécutera de bonne grâce, lachant au passage quelques traits d’humour, prouvant à nonante-deux ans que si les jambes n’y sont manifestement plus, la tête de l’harmoniciste, elle, a conservé toute son acuité !

La formation The Real Sax Section de Steve Houben termine enfin cette soirée, devant un public recueilli, calme, attentif, finement connaisseur.

Une très belle entrée en matière, donc, pour un jeune festival prometteur, à la programmation intelligente et  auquel le succès semble sourire !

Retrouvez les photos dans notre galerie.

Photos : Raphaël Meert

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