Brigitte est un des groupes les plus glamour qu’il m’ait été donné de rencontrer.
Leur premier album avait déjà dévoilé toute la sensualité du duo mais leur second opus ouvre des voies insoupçonnées et délicieuses.
Derrière Brigitte se cachent Aurélie Saada et Sylvie Hoarau, deux jeunes femmes à l’allure d’icônes de mode. Cheveux lissés, franges au ras de cils magnifiquement maquillés, des regards pétillants et mutins, des ongles peints d’un rose amour et un look à la pointe.
Au moment de la sortie de « A bouche que veux-tu » et au cœur d’une tournée qui s’arrêtera à l’Ancienne Belgique le 31 janvier 2015, les deux poupées se sont posées à Bruxelles pour une journée promo.
Rencontre entre nanas qui s’est vite transformée en discussion mi- sérieuse, mi- engagée. Car être jeune et jolie ne signifie pas ne rien avoir à dire et pour le coup les françaises et moi avions beaucoup de choses à partager.

Scènes belges : Votre disque est extrêmement féminin, deux femmes qui parlent des femmes, de leurs désirs, de leurs envies. Alors que le premier album se voulait plus incisif, sur « A bouche que veux-tu », on est plongé dans un univers d’opulence, de soie et de paillettes. Comment en êtes-vous arrivées à ce résultat ?
Brigitte : A vrai dire, on n’a pas trop réfléchi à notre destination. Sur ce disque on a été dans le lâcher prise, dans une démarche épicurienne. On s’est retrouvée dans un état d’esprit qui mettait le plaisir en première ligne. Le précédent album racontait le combat quotidien d’une femme pour garder la tête hors de l’eau, il était plus rugueux et ce même si musicalement il restait joyeux et léger.
Sur « A bouche que veux-tu », on est dans plus de sensualité, de douceur et de bien-être.
C’est notre vision de la Femme avec un grand F qui est proposée. Sans plan sur la comète, vivre le moment est certainement la trame de fond de la majorité des titres. Le disque parle de désir, du déclin de ce désir, de ce qui existe à l’instant et qui ne sera peut-être plus là demain et qui n’existait pas hier. Il y a l’idée de prendre son désir en main, de s’en amuser, de l’embrasser pleinement.

SB : C’est un discours très libéré sur le droit de la femme à disposer de son corps et de ses sentiments. Considérez-vous qu’il soit féministe ?
Brigitte : C’est vrai que le désir féminin est encore de manière surprenante un sujet tabou. Là où l’homme peut exprimer son désir, pour les femmes c’est compliqué de mettre des mots sur leurs envies et leurs désirs. Une femme qui parle de désir, d’un homme comme d’un objet de désir ce n’est pas commun, c’est même parfois mal vu. Est-ce pour autant féministe d’assumer son envie et de l’exprimer ? Pour nous, cet album est avant tout féminin dans toutes ses facettes.
Il revendique une liberté, un droit mais pas de manière militante.
Avoir le droit d’être la mère et la putain, l’ambitieuse, la maquillé, la démaquillée c’est ça le message qui est au cœur de notre deuxième album. La liberté d’être ce qu’on est à un moment donné c’est un droit, assumer ce que l’on est lorsqu’on est une femme c’est sans doute un peu féministe mais c’est surtout naturel.

SB : Le visuel est important dans votre projet artistique. Vous êtes très apprêtées, joliment maquillées, coquettes, très lookées. Vous jouez aussi sur la gémellité physique. Pourquoi faites-vous ce choix de travailler à ce point votre image ?
Brigitte:
La sophistication est quelque chose de très intéressant pour nous car ça nous caractérise, ça intrigue et ça nous permet de parler de notre projet. On suscite de la curiosité. Pourtant, nous sommes aussi conscientes de l’image que nous renvoyons, nous nous en amusons, nous sommes dans une forme d’autodérision. L’humour est très important.
La gémellité est pour nous un choix artistique et personnel. On sait que de tous temps, la gémellité a intrigué, inquiété presque. C’est finalement assez proche du désir féminin. A la fois source de curiosité et de peur. Mystérieux sans doute.
Au quotidien, être pareilles, depuis notre jeans jusqu’à notre maquillage ou notre manucure, nous met face à un miroir. C’est troublant de se voir sans que ce ne soit vraiment soi.

SB : La sensualité, le glamour, les paillettes, les tenues seventies créent autour de votre groupe une atmosphère très particulière, très léchée, presque vintage. Quelles sont vos influences lorsque vous créez ?
Brigitte:
Pour « A bouche que veux-tu ? », on s’est tout d’abord attelées à créer les rythmiques, les lignes de percussions et de basse. La mélodie et les paroles sont venues dans un second temps. L’effet est très visible, l’atmosphère du disque est beaucoup plus chaude, plus sensuelle, faisant appel au corps, aux battements. Ce disque respire du ventre.
L’harmonie des voix, la quasi osmose n’est pas fondamentalement différente que sur le premier disque. Sur cet album, on est dans des tonalités plus hautes qui brouillent les pistes. On a tout chanté ensemble. On s’est poussée l’une l’autre dans des territoires qui nous étaient inconnus. Le paradoxe entre les rythmiques très fortes et les voix douces et hautes donnent naissance à un bel équilibre. On a évité le côté mièvre que certaines voix très aigües peuvent avoir. On a aussi contourné le côté plombant de basses trop prononcées. Bien entendu, on est influencées par des univers qui mettent en avant une image sexy assumée de la femme. Le cinéma de De Palmas, les photos de Newton, les soirées du Studio 54, les stars du disco font partie de nos références.

SB : Vous avez entamé votre tournée, vous vous arrêterez d’ailleurs à l’Ancienne Belgique le 31 janvier prochain. Quel est l’univers que vous proposez au public et quel est l’accueil de ce dernier ?
Brigitte:
En effet, on a commencé à tourner avant la sortie du disque. Les chansons sont donc rodées, on les a déjà en nous. Le public comprend bien notre démarche. Il voit derrière les divas les nanas qui ne se prennent pas la tête. L’humour est très important. Sur ce disque et cette tournée, on retrouve notre public, les fidèles mais on espère aussi qu’il va donner envie à d’autres de nous découvrir.

C’est avec un soir tombant sur la Capitale que je laisse les Brigitte avec le sentiment d’avoir rencontré de belles artistes, posées, réfléchies, souriantes et très disponibles. Déjà sous le charme de leur univers musical, c’est définitivement conquise par leur discours et leur démarche artistique construite et cohérente que je les laissais rentrer vers Paris non sans nous être donné rendez-vous pour leur passage à l’Ancienne Belgique le 31 janvier prochain.
« A bouche que veux-tu ? » est un très beau disque qui vous donnera envie d’avoir envie, de désirer, de saisir l’instant. Offrez le à vos oreilles, à votre coeur sans hésitation.

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