C’est un bonheur d’échanger quelques mots avec Julie, la chanteuse de Yelle (qui n’a décidément jamais autant signifié You enjoy the life). La tête bien sur les épaules et en simplicité, elle a répondu très sympathiquement à mes questions, avant de mettre le feu ce mercredi 17 décembre au Botanique avant-dernière date d’une tournée harassante, avec notamment 5 semaines aux States! L’occasion d’échanger, en toute simplicité, sur le dernier album, le cinéma, l’importance du public mais aussi sur Stromae.

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Bonjour Julie, Complètement fou, c’est le nom de votre dernier album qui a donné lieu à une tournée complètement folle qui s’achève doucement et avec 5 semaines folles de dates aux États-Unis. Comment ça se passe?

Ça se passe plutôt très bien, on est super contents  d’être allés aux États-Unis, de retrouver ce public fidèle et chaleureux qui revient chaque fois, qui nous soutient, et qui ramène des amis. Il y a une chouette énergie. C’est vrai que ça a été intense puisqu’on est parti cinq semaines là-bas avec un bon paquet de dates. Ça a été une bonne expérience. Après, on est rentré, on a commencé à tourner en Europe ces trois dernières semaines. On n’a pas non plus été déçu de l’accueil européen, et notamment dans des pays où nous n’avions jamais été jouer: la Pologne… On est content de continuer notre route et de bientôt vous revoir, vous les Belges.

Comment vous expliquez ce succès international, assez impressionnant et… Complètement fou. Vous faites une musique universelle?

Je pense qu’il y a de ça, du caractère très dansant de notre musique qui fait que les gens même s’ils ne comprennent pas les paroles, s’y retrouvent quant même: cette énergie positive. C’est en tout cas le retour qu’ils nous donnent. Et c’est toujours agréable de voir qu’on provoque des choses positives chez les gens, une bonne énergie, une envie de danser, de s’exprimer. On ne sait pas vraiment ce qui fait la différence et pourquoi, nous français, nous avons l’opportunité de tourner beaucoup à l’étranger. Mais en tout cas, le partage d’énergie a l’air de fonctionner.

Puis, en même temps, j’imagine que la perception de votre musique est différente en fonction des parties du monde que vous visitez?

C’est à dire qu’il y a plusieurs niveaux de lectures. Il y a les gens qui écoutent et s’arrêtent à la mélodie, la rythmique. Puis il y en a d’autres qui sont plus curieux, qui vont essayer de comprendre de quoi il est question, aller voir sur internet la signification de certains mots. Surtout que moi, sur scène, je joue beaucoup avec mon corps donc je m’amuse beaucoup. Et donc, il y a ceux qui vont vraiment aller chercher la traduction de tous mes textes pour comprendre ce que je raconte. Il y a plusieurs degrés d’écoute, d’autant qu’il y a plusieurs moyens pour nous découvrir: par les clips, les par la mode. C’est intéressant de voir qu’il y a réellement plusieurs manières d’écouter un artiste. Après, en concert, j’avoue que c’est quand même la majorité du temps des gens très expressifs qui dansent et s’amusent dans la foule.

Il y a chez vous une espèce de bouillonnement créatif dans lequel je me reconnais. Puis, il y a le public, très chaleureux et très généreux. C’est toujours un plaisir de venir, on se sent vraiment à la maison.

Vous arrivez en Belgique, donc. Que va-t-il se passer? Vous avez une relation particulière avec le public belge?

Oui je pense qu’on a une relation privilégiée avec la Belgique. D’une part, parce qu’au fur et à mesure des années, on s’est fait beaucoup d’amis qu’on est content de retrouver à chaque passage. Avec, d’autre part, des gens créatifs comme Jean-Paul Lespagnard (ndlr. créateur et couturier belge) avec qui je travaille depuis plusieurs années, ou Laetitia Bica, photographe que j’aime beaucoup. Ou les garçons de Dansez-vous Français qui organisent des soirées régulièrement. Il y a chez vous une espèce de bouillonnement créatif dans lequel je me reconnais. Puis, il y a le public, très chaleureux et très généreux. C’est toujours un plaisir de venir, on se sent vraiment à la maison.

Qu’est-ce qu’ il va se passer sur scène? Vous n’arriverez pas à Bruxelles un peu fatiguée?

Mais pas trop, je suis vraiment arrivée à faire attention à mon sommeil, à ma qualité de vie, je suis plutôt en forme. J’attaque cette dernière semaine de tournée vraiment sereinement. Je me sens prête à donner plein plein de choses pour terminer cette année 2014. J’espère que les gens seront contents, qu’ils s’amuseront avec nous à découvrir ce nouveau live et ces nouvelles chansons. 

On a l’habitude de votre fantaisie, de l’expressivité de vos shows. Qu’y-a-t-il de nouveau sur cette tournée?

Bien sûr, il y a les nouvelles chansons du nouvel album tout en les mélangeant aux anciennes chansons. Après, on a changé de formule, il y a désormais deux batteries sur scène et un nouveau show lumière. Il y a des nouvelles choses à voir. On commence vraiment à se sentir à l’aise dans cette nouvelle formule. On espère qu’elle sera du goût de nos amis belges.

Vous ouvrez cet album Complètement fou, avec le titre éponyme, qui commence par “Je suis arrivée au sommet“. Vous êtes arrivées au bout d’une étape?

Peut-être que c’est ça, je le vois vraiment comme un moment de ma vie où j’ai gravi certains échelons, me suis battu pour certaines choses et me sens désormais bien dans mes baskets là où je suis en ce moment. Il ne s’agit pas de dire “je suis arrivé au sommet des charts”. Non, c’est une vision personnelle et subjective de dire que j’ai passé des étapes et je suis arrivé à un moment de ma vie où j’ai confiance en moi-même, et j’ai envie de faire encore plus ce que je veux qu’avant. Ceux qui voudront et à qui ça plaira me suivront et les autres passeront leur chemin. 

Ça veut dire qu’il va y avoir du changement?

Je ne sais pas du tout, je vis au jour le jour et j’ai du mal à me projeter loin mais je pense qu’en effet je suis très curieuse et j’aime expérimenter des nouvelles choses. Alors pourquoi ne pas faire un album complètement différent ou avec un artiste à l’opposé de ce que je peux faire d’habitude. Je trouverais ça super intéressant comme je trouve qu’il faut provoquer des choses nouvelles aux oreilles des gens. Il ne faudrait pas faire un nouveau Safari Disco Club (ndlr. son deuxième album) ou un nouveau Complètement fou dans trois ans. C’est pas très intéressant, je préfère bouleverser les choses quitte à en perdre un peu en route – je sais que des gens ne supportent pas le changement – mais, en tant qu’artiste, je trouve que c’est important de se renouveler, de se faire un peu peur et d’aller dans choses qu’on ne maîtrise pas et qui peuvent donner des choses intéressantes.

Dans un monde de la musique qui va de plus en plus vite, vous prenez votre temps, 3 ou 4 ans entre chaque album. C’est important?

C’est vrai, j’ai toujours à cœur de faire les choses bien. Et pour ça, prendre le temps est nécessaire, il faut réfléchir à ce qu’on fait, en être content. Quitte à y rester trois ou quatre ans. C’est vrai, le monde va super vite, ça m’angoisse un peu donc je suis contente de réussir à prendre le temps.

D’autant qu’il y a cette chanson, Dire qu’on va tous mourir? Pourquoi?

(Rire) Alors, en fait, à chaque album, il y a toujours eu une chanson introspective, un peu plus profonde que les autres n’ont l’air. Et Dire qu’on va tous mourir, on avait cette phrase depuis longtemps, on se la chantonnait, on se la répétait, et on a eu envie de la mettre en musique. Parce que ça fait partie de la vie, d’un cheminement, c’est important d’en parler, que ce ne soit pas tabou. Ce n’est pas étrange, ça fait vraiment partie de moi. Après, je sais que ça peut un peu surprendre les gens. Mais c’est important de parler de tout, de sexe dans d’autres morceaux, d’amour, de doute et aussi de la mort. C’est nécessaire.

Après, dans un autre genre, il y a la chanson Moteur Action, il y a des rêves de cinéma chez vous?

C’est vrai, j’ai eu la chance de tourner dans un court-métrage et d’avoir un petit rôle dans un long-métrage (deux films de Clément Michel dont le court-métrage est visible ci-dessous). Ca m’a beaucoup plu, et je pense que c’est une autre facette de moi. Un jour, je prendrai le temps pour m’y pencher un peu plus et de faire un peu plus de cinéma. Surtout, qu’en tant que chanteuse, j’ai pu faire partie de différents jurys de Festivals, notamment au FIFF de Namur, une super expérience. Donc, oui j’aimerais bien renouveler l’expérience cinématographique. Donc, à tous les réalisateurs qui auraient un rôle à me proposer, je suis ouverte!

https://www.youtube.com/watch?v=cGQxF5XCUmY

Finalement, ça fait presque dix ans que Yelle existe (depuis la diffusion de Je veux te voir sur l’alors très méconnu Myspace), quel regard vous portez sur ces presque dix années?

J’ai l’impression que tout a été très vite et que je n’ai pas forcément eu le temps de prendre du recul. Mais je me trouve très chanceuse de pouvoir aujourd’hui faire de la musique à temps plein, de voyager, de tourner à l’étranger. C’est une richesse qui n’est pas donnée à tout le monde. Je suis ravie et toujours surprise de me dire que c’est vrai, ça fait presque dix ans. Je suis extrêmement contente de ce qui m’est arrivé ces dernières années.

Moi, je me souviens d’un concert il y a quelques années, aussi à Bruxelles, où vous faisiez la première partie de Stromae. Quels souvenirs vous en gardez?

Oui, juste! Je garde de très bons souvenirs, c’était assez incroyable. C’était la première fois que je le voyais sur scène, même si je connaissais déjà ses chansons. Je l’ai trouvé impressionnant de charisme et la manière dont il tenait son public était vraiment incroyable et puis, surtout, j’avais été agréablement surprise par sa simplicité et sa gentillesse. Je suis très contente de ce qui lui arrive. J’espère qu’il s’amuse beaucoup et qu’il prend autant de plaisir qu’au début, et que ça le rend heureux. Son bonheur et sa joie sur scène m’avaient beaucoup marquée ce jour-là.

Pour vous, c’est important de rester simple?

La vie d’artiste n’est pas déconnectée de la réalité. On a aussi des questionnements, des doutes, un quotidien à gérer… la vie tout simplement. C’est important de ne pas oublier d’où l’on vient, les valeurs dans lesquelles on a été élevé. De ne pas oublier les gens qui nous ont aidé, c’est évident. J’ai été élevée comme ça: mon père était musicien mais il n’a jamais oublié qu’il était un enfant de paysan, de la Terre. Et que c’est aussi ça la vie. Je le remercie de m’avoir inculqué cet état d’esprit. Aujourd’hui, je reste aussi les pieds sur terre, je ne pète pas les plombs Et je ne suis pas prête de le faire même si un jour j’atteins d’autres sphère, je n’en sais rien. Mais je pense que mon éducation reviendra toujours, me rappellera toujours d’où je viens.

Enfin, Bruxelles sera votre avant-dernière date en 2014. Qu’allez-vous faire après? Prendre des vacances?

Oui, je vais me ressourcer. Je n’ai pas vraiment envie de partir ailleurs dans les moments de pause, j’ai juste envie d’être chez moi, de voir ma famille, mes amis. Être dans ma maison, ça me vas très bien. Les fêtes de Noël approchent, ça va être l’occasion de vivre de bons moments, de s’amuser. Après, peut-être que je ressentirai le besoin d’aller un peu ailleurs. Car il y a toujours des moments où on a besoin de déconnecter. Mais là, je suis très contente de retrouver ma Bretagne.

Album Artwork

Yelle, Complètement fou, chez Sony et en concert le 17 décembre au Botanique, derniers tickets ici 

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