Ouf! Ils sont enfin venus. Ils ont vu et vaincu aussi, mais ça c’était attendu. Les Shaka Ponk ont proposé au Palais 12 transformé en véritable jungle sans foi ni loi un spectacle dense de plus de deux heures. Autant dire qu’on a vite accepté leurs excuses après le report du concert qui devait initialement se dérouler en novembre. 

Il fallait se lever tôt pour avoir sa place au chaud au premier rang. Les Shaka Ponk qu’on ne présente plus ont leurs inconditionnels, prêts à tout pour se rapprocher de Sam, pour toucher le torse nu de Frah ou se faire chahuter dans d’oniriques pogos. Non, les Shaka Ponk, on ne les présente plus et, mine de rien, leur concert était soldout depuis perpète. Et quel grand soulagement quand les lumières de la salle bruxelloise s’éteignirent pour accueillir, en première partie, Hipsta, groupe d’électro-pop pariso-éclectique. Une sorte de Maroon 5 qui aurait pris la sauce Shaka pour offrir un mélange détonnant, quoiqu’un peu redondant par moment. Une belle révélation que ces garçons qui, indéniablement, savent y faire sur scène. Premiers cris, premiers applaudissements et premières mains en l’air, pas de doute le public est plus que chaud, bouillant même, prêt à imploser.

Un public qui, d’ailleurs, n’a pas d’âge,  de 16 ans à la cinquantaine bien installée. Non, Shaka Ponk n’est donc pas une affaire de génération X ou Y ou même A, le phénomène a bien plus d’ampleur. Ce qui est sûr, c’est que d’aucuns n’ont apprécié l’intermède plus classique que chez classique proposée entre la première partie et le concert des Shaka. Du clavecin! Non mais! Soit Shaka Ponk a un sens hilarant de l’humour ou alors les programmateurs étaient à côté de la plaque. Ça aurait été Jean-Michel Jarre, limite.

Bref, passons, car c’est quand cette musique a atteint son paroxysme auditif, qu’une charmante créature enviolonnée est apparue sur les écrans de projection. Le spectacle pouvait commencer. Musclé et homérique comme… comme… un spectacle de Shaka Ponk, sans autre égal, en fait. Un spectacle intégral mêlant cris, envol de bières bien collantes, des musiciens de haut calibre et des clips comme fil rouge cohérent du concert absolument impressionnants. Des combats, des gorilles enragés, des robots surfeurs sur une plage monkey-disiaque, le rêve. Et bien sûr, les Shaka fidèle à leur image d’invétérés casse-cous. Frah sautant dans tous les sens, incroyable bête de scène, qui accueille le public belge à sa manière: “Le singe, il a mis du temps à venir vous voir. Mais le singe, il est là. Il est chaud. Et toi, être fou dans ta tête?” Le public ne se fait pas prier, ça joue des coudes, ça saute dans tous les sens ou, plus calmement, ça filme le concert avec son Iphone. En tout cas, personne ne reste insensible, loin de là. Frah joue le jeu: “Oh mais quelle erreur! On aurait du venir avant. Parce que je t’aime Belgique.” Et le public d’exulter de plus belle dans une musique faite de hits (Picky ou My name is Stain, entre mille autres), de sonorités indiennes, de rock musclé, d’électro, de versant parfois métalleux, jazzy big band sur l’intro de Scarify (et quelques notes de saxo sur certains morceaux à tomber) et même… de “reggae expérimental” (avec reprise parfaite de Get up Stand Up). Biblique aussi, quand Frah s’impose en Moïse sauvé du rock et fend le public en son centre. Reculez, encore et encore. Puis, le geste est fatidique, problématique pour certains, significatifs pour d’autres. Univoque quoi qu’il en soit: mélangez-vous, faites des pogos. Big boxon dans les vingt premiers rangs, certains plus fragiles que d’autres, ou en tout cas moins aventureux, se réfugient en arrière. Hé oui, les derniers seront les premiers, les places changent vite lors d’un concert de Shaka Ponk. C’est la tectonique des places façon singe.

Et comme le singe n’est pas contraire, devant cette jungle de monkeys pour un soir, il s’excuse aussi de ne pas avoir été là au rendez-vous de novembre. “Shaka Ponk, il s’excuse, d’avoir foutu le bordel dans les plannings.” Et après un sérieux rappel: “Ma Belgique magnifique. Le putain de spectacle, ce n’est pas nous, c’est toi. Vous êtes des rock stars, une oeuvre d’art. Ce spectacle magnifique dans ce pays incroyable.” Le groupe fait s’asseoir ou mettre à genoux la quasi-intégralité de la salle comble pour mieux sauter haut. Le concert touche à sa fin, certains sont lessivés. Elle est dure la vie de monkeys. Mais ce concert était mémorable. Bref, on puait la trans’ mais qu’est-ce que c’était dément! Et l’on ne peut s’empêcher au prochain rendez-vous, au futur cérémonial mystique et mythique en l’honneur du grand et décidément très fort singe.

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