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Barcella a fait soleil au coeur de son île au trésor de public

Barcella, un nom qui fait vibrer le public de festival comme La Semo (et dieu sait qu’il y en avait une partie, mercredi soir), a transformé l’Orangerie du Botanique en plaine de jeux musicaux et live pendant près de deux heures. Un grand moment en compagnie d’un artiste à la liaison des grands interprètes d’hier et de l’urbanité d’aujourd’hui.

Barcella, vous m’auriez dit son nom, il y a quelques mois, je vous aurais répondu par la négative. Pourtant, la vie fait bien ses hasards, et grâce à ma copine, j’ai découvert cet artiste d’exception. Même, je ne l’ai plus lâché. D’ailleurs, ce concert, c’était le cadeau de Noël pour ma copine, un rendez-vous dans les jardins du Bota, sous la lune et avec une musique entraînante nous ramenant aux fulgurances de l’enfance.

Après une interview dînatoire (la faute au trafic bruxellois et aux retards dont il nous gâte) qui arrivera bien vite sur votre site préféré d’actus musicales. Et avant d’accueillir l’homme au Puzzle (son dernier disque), c’est Lisza qui a chauffé la scène avec ses chansons délicates et envoûtantes, mélancoliques et atmosphériques nous emmenant en voyage entre Bruxelles et Cap Vert. Lisza, diva belge aux pieds nus? Et pourquoi pas. En tout cas c’est en bonne compagnie qu’elle a donné son set avec des musiciens royaux comme, entre autres, son compagnon Vincent Liben (en repérage pour son concert du lendemain (à suivre, toujours sur votre site préféré)), Fred Lafage (compositeur et collaborateur aux albums de Zaz mais aussi de… Vincent Liben) et l’incontournable violoncelliste Jean-François Assy (dont on vous a déjà vanté bien des fois les mérites lors des concerts de Daan… mais pas que).

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Puis, 21h approchant, la récré sifflée, Barcella est arrivé, immense et énergique (malgré des problèmes de dos récurrents), sautant, montant sur le piano de Philippe Billoin, éminemment sympathique et accueillant dans son cirque de l’enfance. Ça commence avec la chanson titre de son excellent troisième album, Puzzle. Et dès cette première chanson, l’artiste se réinvente prouvant que le live n’est pas qu’un plagiat du studio (comme on a parfois l’habitude de le voir avec des artistes très affirmées). Barcella se réinvente, amène une dose de rap à rythme haletant, du reggae. Une improvisation bienvenue et recentrant la place du public, le faisant participer et mieux, s’investir. Et le public y est habitué, puisque Barcella est régulièrement de passage en Belgique. « On aura bientôt la nationalité. C’est super d’avoir un public en-dehors de son pays. Il y a un truc absolument fantastique à dire « mon public belge, il est comme ça. Mon public suisse, il est ainsi. On n’est pas nombreux à pouvoir se la faire cette private joke là. On va quand même rester sur des fondamentaux. C’est pas mal ce soir, il n’y a pas du tout d’enfants, donc on va pouvoir se faire des trucs d’adultes. Mais ça restera un spectacle pédagogique. Comme d’habitude, nous nous efforcerons d’adapter les exercices proposés aux compétences de nos auditeurs.« 

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Le ton est donné, festif et décalé. Avec des mélodies étincelantes, joyeuses et parfois nostalgiques. Il y a du Higelin, des douleurs de l’enfance quand il supplie « Papa, ne prends pas le cahier de vacances. » Puis, Barcella redevient l’éducateur qu’il était avant que la musique le saisisse: « Nous allons un peu compliquer la tâche. Avec le petit Dimitri Roissy, appliquez-vous. Je suis chez ce cher Serge. » Le public répète (essayez chez vous aussi). « Les chaussettes de l’archi-duchesse sont-elles sèches archi-sèches? » Bis repetita. « Je mouille mes coudes, mes coudes mouillent, alors je mouille mes coudes« . Anarchie dans le public, certains ont compris le pouvoir de la prononciation, manque plus que le feu, et le Bota se transforme en chouette camp scout. Allez, une dernière pour la route. « Constantinopolitain, quand te déconstantinopolitaniseras-tu? Je me déconstantinopoliserai, quand tous les constantinopolitains se seront deconstantinopolitanisés. » Le public devient fou et explose.

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Et c’est tout en surprise que le concert a continué, entre une reprise sudiste de Nino, des paroles entre châteaux de sable, les aventures d’un petit Mowgli, des pirates et des ogres, beaucoup d’abracadabras, de magie de ce géant aux mots si bien écrits. Avec tendresse et un amour inconditionnel, Barcella a fini dans le public, debout sur son tabouret, avec quelques chansons inédites. Et dire qu’il voulait nous faire croire que: « Les concerts sont contractuels. On est tenu de vous regarder dans les yeux. On doit regarder seize personnes dans les yeux par concert. Tout est prévu. » Durant deux heures, le chanteur rémois a fait lien et sens et semé beaucoup de sourires, de bonheur et de soleil.

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