Quand on a 20 ans de scène, on est un homme heureux. On s’est nourri de l’énergie du public au fil des années et on est boosté à chaque nouveau rendez-vous.

Quand Bénabar foule la scène du Palais 12, c’est avec toute la confiance que le public lui a donné depuis deux décennies et cette confiance-là fait toute la différence.

Parce que Bruno est sans conteste un bonheur en live.

Dans un décor très Music-hall, rideau de velours rouge, lustres en cristal, guirlandes lumineuses, Bénabar s’en est donné à cœur joie. Et le public a assouvi sa gourmandise de bonne musique.

Depuis toujours, l’artiste est reconnu pour sa belle présence sur scène mais cette fois, il s’est surpassé. Son univers est particulièrement imagé, chaque chanson est un court-métrage qui raconte une histoire, un morceau de vie. Alors sur scène, il offre une dimension émotionnelle particulière à chaque titre. On rit, on sourit, on pleure, on réfléchit, on s’offusque un peu, on vibre.

Ouvrant les hostilités avec « Belle journée » morceau funambule entre ironie et fatalisme du dernier album, Bénabar n’a eu de cesse de prendre le public par la main pour l’emmener dans les méandres de ses nombreux disques. Les incontournables « L’effet papillon », Le dîner » ont partagé le terrain avec les titres du derniers album. Du très touchant « Le regard » au très drôle « Les deux chiens », Bénabar n’hésite pas à passer d’une ambiance intimiste à une atmosphère très jazzy. Soutenu par une formation musicale ultra précise.

C’est sans aucun doute l’élément le plus marquant de ce spectacle : sa véritable richesse musicale. Des cuivres à souhaits, des musiciens multi-instrumentalistes, des cordes, et une complicité à toute épreuve. Ces mecs-là s’amusent. Ils se connaissent bien, très bien. Bénabar est un type fidèle à son équipe. Il est rare de voir un bakcliner venir jouer de la guitare avec les musiciens officiels. Bénabar casse le code et réduit les frontières. A l’heure ou, de manière regrettable certains artistes ne remercient même pas leurs musiciens, Bénabar remerciera chaque acteur de ce beau spectacle, du régisseur au chauffeur sans qui la machine tournerait moins bien.

Cette amitié leur permet d’afficher une belle décontraction qui donne l’impression au public de faire partie de la bande qui déambule dans les rues de « Paris by Night ». Et c’est le cas, le chanteur discute, fait des plaisanteries mais surtout donne une belle place à son public qui le lui rend bien. Le palais 12 se transformant en grande cour de récréation où chacun y allait de son pas de danse. Que de bras levés et de refrains repris en chœur.

Bénabar sera généreux de deux rappels dont le très touchant « Je suis de celles ».

Bénabar est aussi un homme de conscience. Dans ses chansons certes comme avec ce, malheureusement trop actuel, « Qu’est-ce que tu voulais que je lui dise ? » mais aussi dans son discours.

Lorsqu’il aborde, sur le ton de l’humour comme souvent, la question de la revendication, des hommes qui lèvent des drapeaux en rue pour défendre les leurs, leurs droits, leur émancipation, on sent que le message n’est pas feint.

Bénabar est un artiste engagé à plusieurs égards. Il est engagé dans sa musique, dans ses textes, envers lui-même, envers ses principes, envers ses idées, envers l’autre, envers ses musiciens, envers ses amis.

Une fois de plus, il a démontré que l’on n’est jamais plus heureux que lorsque l’on est créateur de petits bonheurs. A Bruxelles, même s’il a fait l’impasse sur son titre culte, Bénabar a allumé pas mal d’étoiles dans les yeux du public, comme ces stars qui faisaient les beaux soirs chez les Carpentier. Happy Birthday l’artiste, pirouettes et chapeau bas devant tant de justesse humaine.

Il sera au Lasemo dans le parc d’Enghien le 12 juillet prochain. Une occasion à ne pas rater.

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