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Quand on se noie dans Les nuits fauves…

Invitée au Zenith Arena de Lille pour assister aux Nuits Fauves, j’ai eu le plaisir de vivre une soirée exceptionnelle avec les groupes Bagarre, Les Gordon et Fauve. 

Le premier groupe ouvre le bal avec un curieux « Bonsoir, nous sommes Bagarre ». Mais qui sont ces énergumènes en jogging Adidas ? Méli-mélo de styles, entre house et new wave, rap et folie poétique, on est tout de suite envahi par la musique et par les paroles. Les cinq artistes composent, chantent, dansent, et jouent avec les notes, modestes avec ça ! Une voix féminine se distingue parmi eux, et sans aucune dualité, les voix se répondent, se confondent avec beaucoup de justesse. J’ai eu la chance de les rencontrer après le concert, ils sont proches du public, partagent beaucoup avec lui. Leur musique les libère et nous transporte.

Bagarre est une bête de scène, ses membres sont des fauves qui maîtrisent le rythme des mots.

La foule est séduite, l’atmosphère se réchauffe, on attend la suite avec impatience. Justement, voilà le prochain invité, Les Gordon. Dès les premières minutes, les sensations sont intenses. Ce jeune artiste rennais nous emmène dans son univers. Véritable prince du Beatmaking, il démontre qu’il a sa place dans le milieu et s’impose avec des sonorités aussi bien oniriques que bestiales, voilà qui promet une ambiance des plus énergiques pour accueillir le dernier groupe tant attendu.

FauveLa salle est plongée dans le noir, la tension se fait sentir, on attend, on espère et j’entends soudain la foule crier lorsque le groupe entre en scène. Fauve est un collectif singulier et « On ne sait jamais ce que la prochaine nuit nous réserve », cette phrase tirée du titre Hauts les cœurs, raisonne dans mon esprit et c’est de cette manière que j’envisage le reste de la soirée. Certains diront qu’ils s’inventent des problèmes existentiels, moi j’affirme qu’ils sont dérangés et c’est plutôt une bonne chose.

Dès le premier morceau, beaucoup d’émotions, il faut reconnaître que le chanteur a une élocution parfaite, et je me suis beaucoup amusée à regarder la foule essayant de suivre les paroles. Cet adepte du « spoken word » slame, parle mais chante également parfaitement bien. Propos tantôt acérés tantôt poétiques, douce mélodie parfois mélancolique et toujours spontanée. Les titres s’enchaînent, les écrans géants nous présentent une interprétation visuelle des textes, les images défilent, sont colorées ou sombres selon le sens des chansons.

Les artistes se confient au public, plaisantent avec lui et celui-ci est varié, ça je ne m’y attendais pas. J’ai tout d’abord envisagé que certains venaient surtout pour acclamer les autres groupes et pourtant, durant le concert, tous semblent s’évader hors du temps. J’ai même constaté que des parents accompagnant leur fille d’une dizaine d’années étaient touchés par les nuances fragiles des textes bizarres, imprévisibles et déconcertants. Effectivement, beaucoup de jeunes et ce n’est pas étonnant si l’on considère le concept rebel du groupe, marqué par un message d’espoir, les touchant directement.

Fauve est une bête féroce fantastique, un paradoxe émouvant.

J’ai donc été agréablement surprise par cette soirée, ces artistes sont des hybrides venant d’une autre planète, et ils ont su partager avec le public cette folie qui les anime.

Emilie Clemente

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