Chantre d’un roots universel et bienveillant, Danakil incarne selon certains le « renouveau du reggae français ». Régnant royalement sur le line-up de ce premier jour d’Inc’Rock Festival 2015, le groupe français était particulièrement attendu par un public clairsemé mais occupant la place avec conviction.

Plutôt que de renouveau, c’est un « retour aux sources » que nous évoque le groupe parisien au succès aussi retentissant que populaire : une foule aux relents de canna et un reggae fleuri, dont les subtils saveurs s’alourdissent d’une dub omniprésente mais menée par un bassiste au poil. Loin de plomber l’ensemble, les battements sourds apportent du corps et donnent du relief au flot apaisant et bienveillant de Bakil, chanteur dont les dreads flirteront bientôt avec les mollets. Danakil nous offre ainsi un set s’inscrivant dans la plus pure tradition reggae et un show classique – super accessible ! – mais extrêmement bien huilé. Les afficionados noteront la propreté et la construction irréprochable des instrumentales, les autres auront peut-être un arrière-goût de déjà-vu. Mais en fait, on s’en fout des autres…

Accompagné du sénégalais Natty Jean, originaire de Dakar, Danakil étale sur scène l’atmosphère de son dernier album (« Entre Les Lignes »), teinté de couleurs multiples, enregistré quelque part entre Bamako et Kingston Town, à mi-chemin entre plaisir pur et engagement impliqué. En deux morceaux, Natty Jean s’impose comme une seconde voix d’abord complémentaire, ensuite indispensable. Conférant au set une touche de rythme et de fun, son ragga apporte de l’équilibre à la prestation et la gonfle à bloc sans retombées durant plus d’une heure quart. 05_Danakil_Haot-14

La fin du concert s’approche et les tubes s’enfilent les uns après les autres, devant un public qui connaît les paroles par coeur. « Ne touche pas », ou la reprise reggae de « Non, je ne regrette rien », d’Edith Piaf, emportent la foule dans un choeur unanime. Un engouement que salue Bakil, visiblement conquis par le public du plat pays: « À chaque fois qu’on traverse la frontière, c’est la claque. On a fait Couleur Café et l’Ancienne Belgique, on est là, on sinstalle ! » Tout le monde est dans le groove. La foule se fait ondulante, le move est à la fois énergique, organique et apaisant.

Le concert, se termine sur un « Marley » particulièrement attendu, que le public appelle avec vigueur. « Il aurait 70 ans cette année, on parle de lui parce qu’il a beaucoup inspiré notre musique et notre vie, vous savez de qui on parle ». Si la chanson n’est plus une surprise, on la redécouvre à chaque tournée avec un plaisir incroyable. Accordant chaque couplet sur l’instrumentale d’un morceau du Bob, le morceau évolue d’une prestation à l’autre et offre toujours le même plaisir simple: celui de nous rappeler que le reggae est avant tout une musique de partage et de paix.

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