Qu’est-ce qui va bien ? Qu’est-ce qui va mal ?
Parler de la précarité en Belgique est souvent réservé aux engagés du terrain, aux porteurs de thermos dans les gares, aux bénévoles des assoc’s.
Pas aux média, sauf à l’occasion du marronnier hivernal lié à l’ouverture des centres d’urgences du SAMU social.
Pour le reste, c’est chacun sa conscience, sa pièce déposée ou pas sur un carton, son café suspendu chez Teddy L. pendant son shopping rue du Bailly ou son rien.

Bien entendu, il y a le cinéma social, celui des Dardenne plus fort de ses prix que de ses entrées en salle, celui d’Olivier Masset-Depasse, encensé par la critique mais que personne ne voit. Ca pique trop les yeux.
Il y a les « enfoirés », leur spectacle à forte audience, leurs CD et DVD vendus en tête de gondole avec l’arrivée du printemps. Le « Tour des restos du cœur belges » porté à bout de bras par Alec Mansion et Michaël Jones. Et puis il n’y a… pas grand-chose en fait.

Alors quand, lors de la journée portes ouvertes de l’association Douche Flux (une association qui veut contribuer à l’assistance aux plus démunis à Bruxelles en mettant à leur disposition des douches, des consignes et un salon-lavoir…), j’ai rencontré Marka, qu’il m’a parlé de son nouveau titre et du clip qui l’accompagne, j’ai ouvert toutes grandes mes oreilles et je me suis laissée aller à ma curiosité toute naturelle.

Marka ? Ce chanteur au chapeau de Cow-boy et à l’accent de Molenbeek, une chanson sur la précarité, allez quoi, faut pas déconner quand même !! Il nous avait déjà fait le coup du chanteur bienfaiteur avec son projet d’envoyer des instruments à Cuba. Voilà, qu’il allait remettre ça, non mais sérieux quoi !
Eh bien, non fallait pas déconner car le titre et le clip sont là et ce sont deux petits bijoux.

« What’s going wrong ? », c’est d’abord un morceau vivant, pop, rock, avec des pétillantes electro, le genre qui va bien vous coller pendant la journée, que vous chantonnerez encore sous votre douche du soir. Mais c’est, aussi et peut-être surtout un clip.

C’est dans le cadre de son action au sein d’une association qui vient en aide aux SDF que Marka a rencontré, Helena et Werchech, deux SDF polonais, qui vivaient sous un pont à Bruxelles jusqu’à ce que la police vienne embarquer toutes leurs affaires, y compris leur tente qui faisait tâche dans le paysage verdoyant du nord de Bruxelles.

Alors qu’il s’investissait jusque-là en venant chanter une fois par an au bénéfice de l’association, cette rencontre lui a donné envie d’aller plus loin, de mettre les mains dans le cambouis, de mettre des notes, un tempo et des mots pour braquer la lumière sur ces personnes vivant à la rue, sur leur réalité et sur leur dignité. Parce qu’il ne s’agit nullement de sombrer dans le glauque ou le larmoyant. Loin de là. La chanson est vivante et le clip est avant tout très esthétique. Werchech est musicien, ça tombe bien, il jouera dans le clip.
Démarrant sur un diaporama de photos, d’hommes et de femmes sans toit, sans eau, sans papier, le clip se veut baigné de lumière, dans des tons clairs et francs, mettant en avant les peaux et les regards. Ces beaux regards sincères et honnêtes qui vous transpercent et viennent chatouiller votre cortex de la bonne conscience. Un rythme endiablé et puis à la fin les liens vers les associations belges qui s’occupent de cette question, au cas où on aurait envie de participer. Bin, oui, faut garder la foi en l’être humain non ?

Marka n’est jamais là où on l’attend, encore une fois, mais au final il est fidèle à lui-même, une belle personne en somme.

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