Qui a dit qu’il pleuvait toujours en Bretagne ? C’est sous un soleil éblouissant que nous entamons notre deuxième journée au Vieilles Charrues ! La chaleur est également présente dans le cœur des festivaliers, prêts à tout pour s’amuser et partager leur bonne humeur. C’est donc avec le sourire que l’on se prépare à rencontrer des gens extraordinaires, dans un lieu mythique avec des artistes exceptionnels.

La programmation de cette journée est prometteuse, mais avant d’assister au premier concert, direction l’espace presse pour assister à une conférence du groupe Caravan Palace qui se produira quelques heures plus tard. Les membres présentent leur troisième album, nous confie leurs débuts sur scène, plaisantent avec nous, leur énergie semble envahir l’espace et c’est avec le sourire aux lèvres que nous entamons la journée.

Feu ! Chatterton, c’est l’élégance de la pop française. Sans aucun doute le coup de cœur de la journée. Sorte de cadavre exquis extraordinaire, ses membres ressentent leur musique et, de la transe, l’on passe à la méditation. Une bulle de sensation de chaleur déferle sur la foule en émoi. Fascinés par ce Baudelaire des temps modernes, ce poète prônant l’érotisme exacerbé, nous sommes en immersion dans le monde troublant et fascinant de ces maitres Dandy. « Du ciel tombent des cordes, faut-il y grimper ou s’y pendre ? » C’est encore l’esprit bercé par la voix éraillée du chanteur, charmé par sa grandiloquence et sa gestuelle, que cet air m’obsèdera tout au long de la journée.

De retour parmi la vague humaine du festival, je me dirige vers la scène Grall pour accueillir le Label Charrues, le groupe Fragments. Trio, prodige de la scène, ces rennais font honneur à la Bretagne avec une pop instrumentale épurée, tantôt calme, tantôt rock, union parfaite de claviers, d’une guitare et de percussions.

Apres cet agréable moment passé en leur compagnie quelques heures plus tôt, il est temps d’acclamer Caravan Palace qui sait envouter la foule rassemblée devant la scène Kerouac. Ce groupe français d’électro-swing surprend par son énergie et ses rythmes entrainants influencés par le jazz manouche des années 30. Il faut dire que la chanteuse Zoé Colotis est aussi jolie que talentueuse, le public est séduit dès la première chanson. Toujours souriants, les membres du groupe n’hésitent pas à faire participer le public et l’ambiance est des plus festives.

Le temps de souffler un peu, après quelques tentatives de danse plus ou moins fructueuses, et nous voilà de nouveau en quête de bonne musique avec le groupe Archive. Du bon rock

progressif comme on l’aime, j’avais hâte d’y assister. Admiratifs face à ce genre musical teinté de lyrisme, c’est une véritable explosion de décibels et d’émotions du côté de la scène Glemnor, ou l’instrumentale semble s’imposer pour ensuite laisser place aux voix puissantes.

Si un jour on m’avait dit que j’assisterai à un concert de Tom Jones… et pourtant, nous voilà de nouveau devant la scène kerouac, prêts à chanter avec ce grand crooner connu de tous. Il est vrai que la plupart attendent le fameux tube des années 90, Sex bomb , pour ma part, j’ai été agréablement surprise de l’entendre chanter du Prince et du Joe Cocker. Quand It’s not unusual se fait entendre, c’est dans un fou rire incontrôlé que nous dansons à la manière des martiens dans le célèbre film Mars Attack. Merci à ceux qui m’ont accompagné dans cette danse parfaitement ridicule, et merci à Tom Jones pour ce bon moment !

Héloïse, la chanteuse de Christine and the Queens nous invite sur la scène Glemnor à devenir des Christine, à se détacher du monde qui nous entoure, à vivre l’instant présent en sa compagnie. Cette artiste aussi bien rêveuse et énergique multiplie les pas de danse, chaussée de ses légendaires mocassins rappelant ceux du roi de la pop. Accompagnée de ses danseurs, tout aussi déjantés, elle dégage une aura certaine et des milliers de personnes l’acclament. Au centre de la foule, un modeste morceau de carton est visible, avec la déclaration « Christine veux-tu être ma queen ? », légitime un peu plus la présence tant attendue de cette nouvelle reine au look androgyne.

Minuit, heure où l’on passe d’un jour à l’autre, le temps semble se diviser entre ce qui n’est plus et ce qui sera. Entre les deux, c’est l’heure de The Do. Plus qu’un concert, une performance artistique et la chanteuse se bat littéralement avec sa musique, elle partage avec la foule et se défoule autant que le public, au fil du son. La scène Kerouac devient un espace de vie, de son et de lumière et l’on est séduit par ce bout de femme qui saute, danse et chante avec une maîtrise totale de sa voix.

Cette soirée, déjà bien entamée, s’achève avec un groupe mythique, les Chemical Brothers. Ces DJs anglais sont surprenants et savent entrainer les festivaliers dans leur univers électronique. Entre des sons bien connus et des nouveaux extraits de leur nouvel album, l’ambiance atteint son paroxysme avec un jeu de lumière impressionnant. Une tête d’affiche explosive qui clôture cette journée intensive rythmée par des cris, des rires et des coups de cœurs.

Emily Ayada Clemente

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