Alors qu’il va se produire pour un de ses derniers concerts aux fêtes de Wallonie, le collectif Fauve s’est livré…

Une rencontre avec le collectif de spoken words, c’est l’assurance de passer un très bon moment ! Entre anecdotes du groupe, bières belges et ouverture d’un bar, deux membres du collectif se racontent…

On a parfois l’impression que vous ne prévoyez rien à long terme…

A long terme, non. Mais à moyen terme, oui. On cherche toujours à avoir un coup d’avance sur nous-mêmes pour envisager l’étape d’après car cela a quelque chose de rassurant.

Quels sont vos prochains projets ?

Pour le moment, on n’en a aucun, que ce soit à moyen ou à long terme. En fait, on a besoin de faire une pause avec Fauve car on a besoin de retrouver un rythme de vie un peu plus sain. On n’est pas des fillettes mais quand tu picoles tous les soirs, que tu te réveilles à pas d’heures et que tu dois prester deux jours sur trois, il y a un moment où tu as besoin de te poser un peu.

Il y a de la fatigue et de la lassitude qui s’installent. On aime toujours ce qu’on fait, mais on est fatigués.

Et vous avez un autre projet que Fauve pour l’après ?

On en a plein dans les cartons, on a plein d’envies. Je crois qu’on ne s’est jamais aussi bien entendu en termes de modes travail. On a plein d’idées…

Un petit exemple ?

Ça va d’ouvrir un bar à faire des clips pour d’autres ou des prods pour des rappeurs. On a vraiment plein d’envies.

Fauve, ça a été un apprentissage rapide pour vous…

Clairement ! En trois ans, on a appris énormément et en accéléré. Que ce soit au niveau instrumental ou au niveau des textes. La composition et l’écriture deviennent plus fluides. Donc on se dit qu’on ne peut pas s’arrêter là. Par contre, on se dit que le véhicule Fauve a besoin de passer au contrôle technique.

Avez-vous des envies collectives ou certains ont des envies solo ?

Ce sont des envies collectives. Il n’y en a pas un de nous qui souhaite faire une carrière solo : c’est pas notre came.

Vous tiendrez plusieurs mois voire années de pause ?

Je ne pense pas. A un moment donné, je sais qu’il y en a un de nous qui va appeler les autres en leur disant : « Viens, on va faire du son chez moi. » J’espère qu’on ne le fera pas et qu’on aura la sagesse de faire au moins six mois de pause. L’idée, c’est de repartir sur autre chose, de se remettre à zéro, de défendre des choses et de repartir sur autre chose en ayant les frissons du début.

Tu parlais de défendre des choses. Qu’est-ce que le collectif  Fauve cherche à défendre ?

Ce n’est pas défendre un propos ou quoi. Il n’y a rien de prosélyte là-dedans. C’est défendre ce que tu as mis sur la bande, sur la vidéo sans jamais transiger ou tricher : défendre le fait que tout ce qu’on fait nous corresponde et prouver que ça vient de nos tripes.

En termes de visuel, n’est-ce pas trop dur de garder cette atmosphère mystérieuse qui vous entoure car vous ne souhaitez pas être vus. Personne ne peut voir vos visages.

Au tout début de Fauve, on s’est fait un peu avoir par l’éclairage. Un photographe a pris un cliché où on nous voyait vachement bien. Ce cliché traîne depuis lors sur internet. On a contacté ce photographe qui a accepté qu’on lui rachète la photo car elle nous gênait.

Mais on n’a pas réussi : la photo continue à tourner.

Ce n’est pas parfois difficile de devoir s’adapter à des salles où la lumière est un peu plus forte ?

Personnellement, c’est un truc qui me rend dingue ! Donc on essaye toujours de beaucoup bouger sur scène car il y a une sorte de peur d’être vus. C’est notre personnalité qui est comme ça. On adore la lumière dans notre intimité, mais pas sur scène.

Ce sera uniquement avec Fauve ?

Non car on est comme ça. Quoi que l’on fasse après, ce sera la même chose. Fauve sera toujours notre commencement et nous ne renierons jamais cette volonté d’anonymat.

Etre vus, c’est pas notre came. On a réussi à imposer ça et c’est important. Au début, les médias ne comprenaient pas et c’était parfois compliqué, mais maintenant, on ne doit plus batailler pour ça : c’est vraiment super cool !

Il y a quelques années, vous avez dit que vous étiez davantage artisans que artistes. Quelle différence faites vous entre les deux ?

Pour nous être artiste, c’est avoir un talent inné et une fibre artistique depuis la naissance. Nous, nous sommes comme des menuisiers : on assemble des pièces et par la suite, il y a un travail de ponçage, de vernissage. En ce qui nous concerne, la composante « talent » est assez négligeable.

On préfère « faire » que « dire » alors que l’artiste va attendre sept ans avant de faire un album car il aura réfléchi à tout et ce sera génial.

Ce que vous faites est donc moins réfléchi ?

On est plus dans l’action, dans l’émotion et faire des erreurs pour pouvoir les assumer pour ensuite les dépasser. On n’attend pas l’inspiration : on prend toujours les devants. On fait Fauve comme nos parents font leur métier.

On aurait du mal à vivre avec l’étiquette d’artiste car c’est la nature d’une personne. Fauve, c’est pour nous une thérapie.

Vous n’êtes pas Fauve H24 ?

Non, ce n’est pas ce qu’on souhaite. Mais actuellement, ça nous prend tellement de temps que c’est le cas. D’où cette volonté de pause.

Combien de dates avez-vous fait depuis le début de l’année ?

C’est difficile à dire. On en a fait moins que l’année passée. Mais en tout, depuis le début des tournées de Fauve, il y a deux ans et demi, on a dû faire deux-cent-cinquante dates. Ça fait plus d’une date par semaine, avec certaines semaines à cinq dates.

Est-ce que vous testez parfois des trucs sur scène ?

Oui, ça arrive, mais généralement, c’est un flop. On essaye un truc drôle et ça fait rire personne. Un jour on a demandé au bassiste de prendre le micro car il ne disait jamais rien. Il l’a fait, mais il faisait des blagues nulles au possible ! A un moment, on lui a demandé d’arrêter ! (Rires)

Avez-vous un rituel avant de monter sur scène ?

On se fait tous des câlins… On est dix-quinze sur le côté de scène et on se fait tous un câlin ! Et si on ne le fait pas, on ne se sent pas bien en montant sur scène. C’est comme ne pas dire au revoir à un pote en fin de soirée.

Qu’est-ce qui vous plaît comme festival ?

Les plus petits festivals car les organisateurs sont plus proches de nous et accueillent mieux les artistes. On n’est pas des princesses, mais ici au Sziget, on a une douche et un WC pour septante personnes en backstage, c’est quand même peu…

C’est surtout la sécu qui n’était pas tendre. Après, les autres personnes ont été adorables !

Qu’est-ce que vous vous êtes dit lorsque vous avez eu l’info comme quoi vous viendriez au Sziget, le plus grand festival européen ?

On était comme des oufs ! Mais c’est plus pour l’aventure que pour le concert en lui-même.

Le meilleur festival que vous ayez fait en Belgique ?

Sans aucun doute, Dour !

Quelles sont vos dernières dates ?

Il n’en reste plus beaucoup. Il doit en rester trois ou quatre dont les fêtes de Wallonie à Namur en Belgique.

Qu’est-ce qui vous éclate le plus comme salle ?

On préfère les salles un peu archaïques, on aime moins les salles « bourgeoises ». Il y a des salles pour des chanteurs de variétés mais ces salles ne nous conviennent pas. C’est la même chose pour nos sorties entre potes : on préférera un bar de quartier un peu miteux qu’une boîte de nuit toute pimpante.

Bar miteux ?

Ca n’a rien de péjoratif. Ce serait un bar avec de la bière pas chère, une déco rudimentaire, etc.

Tu parles de bières… Une préférence pour une bière belge en particulier ?

On n’est pas très difficile… Généralement, ce sera plus pour se prendre une cuite tous ensemble (Rires). Sinon il y a quand même l’une ou l’autre bière que j’apprécie quand même plus dont la Chimay Bleue car elle t’attaque directement. On a une petite anecdote là-dessus…

Un jour, il était seize heures, on a pris deux Chimay chacun et après on était pété et on devait monter sur scène après! C’est vraiment une bière de ouf !

Vous allez vous reconvertir dans la brasserie ?

On y a pensé ! On a pensé ouvrir un bar mais sans dire que c’est le bar de Fauve afin d’avoir notre clientèle non pas pour notre renommée mais plutôt parce qu’on aura fait un truc qui plaît.

Après, je pense, que le plus dur serait de ne pas boire ce qu’on aura en cave ! (Rires)

Please follow and like us:
error
fb-share-icon