Aller voir Raphaël en concert, c’est toujours une expérience. Inattendue. Fou de nouvelles impulsions données à sa musique, le chanteur et multi-instrumentiste surprend toujours. Souvent pour sublimer ces albums échappant aux lois du conventionnel. Ce vendredi-là de décembre tombait d’ailleurs comme un Noël avant l’heure, intense, nostalgique et dense. Pour le plus grand plaisir du public du Forum de Liège, un public des grands soirs. À en oublier certains classiques pour mieux toucher… profond.

Il est 20h dans la majestueuse salle du Forum de la Cité Ardente. L’artiste tant attendu surgira d’une minute à l’autre pendant que fans et fan-e-s font le calcul de les espérances, révisent les chants qu’ils ont envie d’entendre et se perdent en selfies en bord de scène. Malgré des chansons qui passent peut-être moins sur les grandes ondes (signe que l’artiste ne s’interdit rien quitte à livre des albums sans doute moins radiophoniques mais d’autant plus authentiques et sincères), le public est toujours là, au rendez-vous. Proche de l’hystérie parfois, pour les plus acharnées de cette marée humaine. Pourtant, à peu de choses près, il y a autant de femmes que d’hommes. Preuve s’il en était besoin que Raphaël est bien loin d’être l’artiste pour minettes ? L’a-t-il d’ailleurs jamais été si ce n’est dans les convictions des mauvaises langues.

Mais pas le temps de s’appesantir sur ça, voilà déjà que le chanteur se met en place avec ses musiciens, son look d’éternel adolescent et… une chorale. Fidèle au credo de son dernier album “Somnambule”, enfantin mais pas naïf, le chanteur prolonge sa cure de jouvence dans les regards éclatants de ces enfants à la voix d’anges. Et les chansons de ce dernier opus de prendre une autre trajectoire, de la vivacité, de la vie et un univers qu’on n’avait pas totalement perçu dans le lecteur cd. Sur scène, c’est un peu l’atelier bricolage, tous s’attachent à enfiler des perles pour parer le Forum de ses plus beaux atours. C’en est magnifique. Les minutes s’égrainent, les chansons s’émancipent et le public est séduit. Peu importe ce à quoi il s’attendait, on est à des mille et des mille de cela, au coeur de la sublime surprise.

Le temps passe et voilà que Raphaël ramasse une paire de panneaux en carton indiquant manuscritement que pour les charmants petits choristes il est bien temps d’aller se coucher. Non sans avoir bénéficié d’applaudissements exaltés du public bienveillant. Une fois passé le balais des aurevoirs, pas question pour autant de se réduire au silence. En poids super-welter qu’il est, le chanteur entre dans sa phase la plus musclée pourtant en revisitant les pistes de ses plus récents albums. Un coup de vent (de l’hiver), une entrée fracassante des mariachis ou encore cette curieuse impression de Déjà Vu. Déjà vu peut-être, mais pas ici tant l’artiste tout terrain se donne à cœur de partir sur les chemins de l’inattendus et de l’expérimental. Le coeur en Blue Jeans, façon Bowie, et vient le temps pour le chanteur d’aborder un hommage à quelques uns de ses maîtres les plus insistants, Christophe et ses merveilleux “peut-être”. Puis Manset, incontournable, insurmontable poète d’une ombre trop envahissante sur l’emprunt admirable que fait Raphaël de son “Revivre”

Sur scène, Raphaël n’est pas des plus exubérants, mais sa musique parle pour lui. Il ne va pas fort mais il sonde profond épuisant l’expérimentation, la poussant dans ses derniers retranchements, en perpétuel réarrangement d’un répertoire tout sauf convenu. Et à l’heure du rappel, les enfants sont revenus sur scène. La caravane passe, et le public n’aboie pas, il est comblé. Devant lui, Raphaël souffle l’esprit “caravane” (dont il n’aura finalement chanté que trois titres!), celui des voyages qui font de ce chanteur écorché un seigneur de la nuit à quelques doigts de tous les possibles. Et ça, c’est clair comme de l’eau d’Haroche!

Raphaël revient en Belgique ce vendredi 18 décembre au Cirque Royal/

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