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Renaud, le fidèle.

On ne touche pas à une idole. Parole de fan, promis juré craché.
On l’a vu des dernières semaines avec les disparitions successives de Delpech ou Bowie.
Mais être un incontournable ne préserve pas de tout. Quand on est chanteur, compositeur et/ou auteur, on livre, parfois en pâture, ce que l’on est. Car, tout artiste est d’abord un humain. Et un humain, ce n’est pas un bloc parfait. Le retour de Renaud suscite bien des réactions. Tant mieux!

Renaud est un incontournable. Un rebelle qui est autant aimé pour sa musique que pour ce qu’il est. Un homme friable qui a livré des poèmes devenus des classiques de la chanson française et des textes engagés. Il a dénoncé et aimé. Crié sa rage et son amour.

Renaud est un fidèle. A ses amis, à Dominique, à sa famille, à ses engagements, à ses révoltes et à son public. A nous.

Renaud revient. On ne l’attendait plus, on pensait que l’homme avait été trop érodé par la vie, par ses démons, bouffé de l’intérieur par une révolte qui le rendait fragile. Et puis, le revoilà. Debout, Place de la République, aux côtés de Christophe Alévêque il y a quelques jours, aux côtés de Grand Corps Malade il y a quelques mois. Et aujourd’hui, avec un titre « Toujours debout », dans tous les médias. Il fait le buzz.

Avec un titre qui annonce un nouvel album, Renaud la joue franco. Il est de retour, sans fards, sans envie de séduire, sans peur de décevoir, nu, la poitrine ouverte.

Certes, on est loin des textes ciselés qui mettent les larmes au bord des cils. On n’est plus dans ce registre-là. Renaud rassure, ses fans mais lui-même sans doute:

 « Toujours vivant, rassurez-vous,
Toujours la banane, toujours debout
J’suis retapé, remis sur pieds,
Droit sur mes guibolles, ressuscité. »

Renaud a été poignardé ces dernières années, par des proches, par les médias et il s’est trahi aussi. Par son public jamais. Juste retour des choses pour un homme qui a accompagné des générations. Il sait qu’il pourra s’appuyer sur cette bienveillance qui le portera tout en posant un regard critique sur ce premier morceau. Il ne se trompe pas, il y a des déçus, des critiques, mais souvent (pour ne pas dire toujours) on sent une tolérance. On ne trahit pas un artiste qui a tant donné.

Renaud revient, avec beaucoup de bruit, orchestré ou pas par la maison de disque. L’essentiel n’est pas là. Renaud est là, debout. Il a encore les mains qui tremblent mais son tremblement intérieur semble calmé, pour un temps au moins, pour longtemps on l’espère. Il annonce qu’il va mieux, qu’il est abstinent depuis un moment, qu’il relit, qu’il a de nouveau la pleine conscience du monde qui l’entoure et qu’il a envie de continuer à l’ouvrir pour dénoncer. Il promet des rendez-vous sur scène, en insistant sur son souhait de revenir en Belgique dont il parle avec une énorme tendresse et beaucoup de reconnaissance fidèle.

Renaud lance un énorme cri d’amour à son public. Et pour ça, pour tout ce qu’il a donné et ce qui arrivera dans les mois qui viennent, merci.

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