Après un an d’absence, La Smala Festival était de retour à Tournai le 15 avril. Pour cette 5ème édition, l’événement qui s’impose tout doucement comme un rendez-vous incontournable de la scène reggae-rap en Belgique s’est gratifié d’un joli sans faute. Armé d’une bande de copains, on y a fêté l’ouverture de la saison des festivals ! Line up de qualité, orga au top, binouse pas chère… On vous raconte tout (ce dont on se souvient).

Avec une affiche de haut vol, rassemblant notamment Biga*Ranx, Hippocampe Fou et Jahneration, pour seulement 17 balles, il faut dire qu’il y avait de quoi ravir les amateurs d’urban music. Il est 16h lorsque mes poteaux et moi débarquons sur le site, après un apéro de mise en jambe dans le camping-car grâce auquel nous rentrerons chez nous vivants le lendemain… Le festoch arbore une configuration à taille humaine et familiale : une plaine d’herbe autour de laquelle gravitent trois scènes, un bar et un coin bouffe. Simple et efficace, j’aime. Direction le bar, on se paye d’emblée une petite tournée de Silly, bière locale et bio qu’on commence à retrouver dans la majorité des festivals qui font un peu gaffe à leur empreinte. Ça aussi, j’aime. Pas dingue en bouche mais on a l’habitude maintenant : à partir de la troisième, ça passera crème… Le soleil pointe le bout de son nez au moment pile où les premières amertumes tapissent mon palais. Nous sommes bien en Belgique, même si le public se fait l’écho de nombreux accents français.
C’est Glass Museum qui ouvre le bal sur la Troba Bomba, la plus grande scène des trois, hébergée dans un chapiteau XL. Je découvre ce groupe étonnant, composé seuls d’un piano et d’une batterie, sans voix. Cette config minimaliste déverse cependant avec grande facilité un jazz-rock typé, progressif, complet, sans qu’à aucun moment je n’ai l’impression qu’il “manque quelque chose”. Aussi surprenant que délectable. Le set se termine et le soleil est maintenant bien installé… On va s’enraciner dans l’herbe tout en continuant notre mise en condition en attendant que Convok ne prenne le micro. Le MC bruxellois, lyriciste redoutable, balance un hip-hop classique, pêchu, sans surprise mais extrêmement bien façonné. C’est propre et ça envoie du pâté. Je me réjouis déjà de revoir le bonhomme sur la scène de l’Inc’Rock le weekend prochain !


On attaque ensuite LE rendez-vous de la journée, celui qui me fait frétiller d’impatience depuis quelques jours : Hippocampe Fou ! Je déchante un peu au début du concert. En cause, un son grave pourri, une véritable soupe de basse qui engloutit la moitié des mélodies. Mais le talent du bonhomme ravive rapidement mon enthousiasme ! Tout ce qui sort de sa bouche est porté par un flow complètement ouf. Accompagné de son DJ Aociz, triple World Champion DMC (comme Birdy Nam Nam et C2C en leur temps, rien que ça), le combo est inégalable. Aociz nous offre d’excellents interludes qui foutent vraiment le feu. “Il met la barre haut quand même !”, souffle-t-on dans le public alors qu’il s’attaque à un scratch endiablé des Beasty Boys. Je ne suis absolument pas objectif mais j’ai un peu l’impression d’assister à l’alliance du meilleur scratcheur et du MC le plus polyvalent du monde. Le flow d’Hippo semble être un bloc de plasticine qu’il façonne selon ses désirs. Un pur régal parsemé d’appels à voter Mélenchon, Hippo revenant à trois ou quatre reprises sur ses consignes de vote pour la présidentielle tout proche. “On s’attend presque à voir l’insoumis débarquer sur scène en hologramme“…

Le concert prend fin tandis que l’on commence à ne plus en toucher une. Il faut dire qu’à 1,73 euros la binouz, ça tape sévère… On commence à en vouloir à Nathan, qui refuse de boire les bières qu’on lui offre, alors que nous avons mis toute notre énergie pour l’aider à terminer son rhum. L’ingrat ! En attendant le deuxième gros rendez-vous de la soirée, on partage notre temps entre discussions éthyliques avec d’illustres inconnus devant le set rock, afrobeat et electro-pop de Wuman, lauréat du Concours-Circuit 2016, et atelier de bricolage à la Smalaravane – où l’on se rend vite compte que rouler n’empêche absolument pas Pierre d’amasser les mousses – en dégustant le raggamuffin endiablé de Atomic Spliff. Tout est question de contexte.

Petit aller-retour au camping-car pour engloutir quelques godets de rhum brun ainsi qu’une excellente tomme de brebis qui ne résiste pas longtemps aux ferveurs de François, notre copain’ng français. Nous voilà requinqués pour attaquer la deuxième tête d’affiche du line up. La soirée bat désormais son plein et nous nous faufilons dans la foule très dense de la Tromba Bomba pour le concert de Jahneration. L’intro du concert – longue, deep, planante, sans voix, accompagnée d’un light-show hypnotisant – happe le public, contemplatif, dans l’univers vert-jaune-rouge des parisiens. Puis, les lumières éclatent et les deux MC’s débarquent sur scène en balançant leur reggae anglo-saxon avec une énergie à couper le souffle. Pendant près d’une heure et demi, on prend plein la tronche d’un son originel bien que peu original, alternant entre original reggae et classic remix. D’une propreté sans faille ! Le public bouillonne et retombe en enfance. “Je suis comme un gamin pour le première fois au cirque”, me souffle Cédric, un de mes compagnons de fête, les yeux pétillants.

C’est ensuite Biga*Ranx qui prend le relais pour nous plonger dans son ragga-dub liquide et aérien, aux relents de dancehall. Le MC occupe la scène avec brio, seul devant son micro, tandis que son DJ nous enduit d’une dub puisant ses influences dans une hétérogénéité de styles assez impressionnante. L’artiste ne quittera bien évidemment pas la scène sans jouer les tubes Liquid Sunshine et Paris is a Bitch, repris en choeur par un public conquis.

C’est à ce moment précis que tout devient flou. Me v’la flingué à l’insu de mon plein gré. Et je crois que Mr Panda aussi, parce que je ne captes plus ses vannes. À partir de là, mes notes sont soit illisibles soit incompréhensibles. Et obscènes aussi. Souvent les trois à la fois. Mais je peux vous dire qu’on s’en est mis plein les oreilles jusqu’à la fin. Mention spéciale pour l’électro house pleine de montées bien deep de Vhyce et pour les basses roots du soundsystem de Dub Invaders – entité derrière laquelle se cache les membres d’High Tone – qui nous feront bouger jusqu’aux petites heures… On finit par quitter péniblement le site lorsque le dernier set se termine. Ou lorsque nos poches se font désespérant vides et que nos tentatives de négociation avec le barman ont perdu toute crédibilité. Je ne suis plus sûr…

Notre première expérience avec la fonction “Pécho en groupe” de Tinder ayant été un échec total – il parait que c’est de ma faute -, on terminera la soirée entre barbus à chanter du Brel très fort et très faux tout en faisant la chenille autour du camping car. Super swag. Surtout pour les voisins.*

Bref, on a vraiment passé un excellent moment à La Smala Festival et pour sûr, il sera désormais inscrit dans notre agenda annuel des événements musicaux à ne pas manquer !

* Si vous nous lisez, pardon, c’était nous…

 

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