Mieux connue chez nous comme batteuse et choriste de Daan, Isolde Lasoen était à l’Inc’Rock pour présenter son premier album solo, Cartes postales. L’occasion pour nous de la rencontrer pour discuter de frontière linguistique, du public wallon, mais aussi de son affection pour la musique francophone des années 60 et 70.

C’est après son concert sur la scène Win For Life que nous retrouvons Isolde. L’Inc’Rock est seulement son deuxième concert solo en Wallonie. La faute à la frontière culturelle ? “C’est difficile, comme toujours…”, nous confie-t-elle. “On a jamais joué en Wallonie, Bruxelles un petit peu. Il y a une grande différence avec la Flandre, c’est incroyable. Daan est le seul artiste flamand qui marche bien ici. L’inverse est vrai aussi : on connait peut-être Girls in Hawaii en Flandre… C’est un autre monde.

Habituée à jouer devant un public plus nombreux dans le nord du pays, elle n’a cependant pas l’impression de recommencer au début : “Je ne veux pas penser à ça de cette façon. Je comprends ça, on ne me connaît pas ici. Je ne suis pas une personne qui dit “Ah, comme ça je ne joue pas !”. Je joue surtout avec mon groupe, ce sont mes amis aussi, on s’amuse sur scène, et je pense que les gens ressentent ça.” En effet, sur scène, les musiciens prennent manifestement du plaisir et la complicité entre eux est palpable. Au niveau du public, aussi, Isolde note des différences : “C’est une atmosphère qui est différente. Quand on joue avec Daan, c’est toujours une bonne ambiance. Le public est plus enthousiaste. C’est spontané.

Quand on l’interroge sur ses ambitions, au niveau international notamment, elle se dit heureuse de sa situation actuelle, mais ne nie pas d’autres ambitions : “Comme musicien flamand, quand ça marche bien tu peux avoir beaucoup de boulot. Moi ça marche bien, avec Daan et d’autres projets… Ça n’arrête pas vraiment. Mais pour être plus ambitieuse, je veux bien goûter à la Wallonie, à la France… mais c’est pas facile. Il faut trouver les gens“. Modeste, elle ajoute : “Je suis un peu trop réaliste, peut-être, trop timide en me disant que [le public] ne va pas me remarquer, mais tout le monde commence comme ça, et il faut essayer. Pour le futur, on pense à un plan pour sortir l’album en France.”

“Petite fille, on écoutait toujours des musiques de films à la maison. J’ai dû apprendre à écouter le chant, car pour moi c’est l’orchestre qui était important.”

Le français a en effet une grande importance dans la musique d’Isolde. “Tout le monde trouve que le français va très bien avec la couleur de ma voix. J’ai écouté beaucoup de choses et beaucoup chanté avec Daan, pour les backing vocals, et l’envie a grandit comme ça.” D’abord “Isolde et Les Bens”, le projet est né par hasard sur invitation d’une connaissance. “C’était une bonne opportunité de venir jouer mes chansons favorites, en français et en anglais, donc j’ai appelé trois Bens (ndlr: ses musiciens) et c’était super chouette.” Les demandes s’enchainent ensuite naturellement et un set de reprises se constitue.

Ensuite, l’envie de composer se fait sentir : “J’ai décidé d’écrire moi-même. J’ai eu un peu de l’aide de Mabel Moreno (ndlr: poète et musicienne bruxelloise), qui connait bien sûr les finesses de la langue.” D’où le côté poétique et surréaliste des paroles ? “Oui, je pense que ça c’est surtout elle. On a vraiment collaboré. C’est les moments où j’étais stuck, elle a essayé des choses. Parfois moi les refrains et elle le reste“. Une vraie collaboration, donc, qui donne en effet un côté poétique à Cartes postales, moins réaliste que beaucoup de productions francophones.

Sur Cartes postales, l’amour d’Isolde pour les arrangements et orchestrations cinématographiques saute aux oreilles : “j’adore la musique des années ’60, ’70, avec beaucoup d’arrangements, les musiques de films. Petite fille, on écoutait toujours des musiques de films à la maison. J’ai dû apprendre à écouter le chant car, pour moi, c’est l’orchestre qui était important. Peut-être qu’un jour je ferai un album instrumental *rires*. C’est plus naturel que chanter et écrire, ça c’est beaucoup plus de travail.

Isolde sera à découvrir en live cet été au Gent Jazz Festival (06/07), et aux Francofolies de Spa (22/07).

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