Scènes Belges a suivi pendant 10 jours l’édition 2018 du Festival des Libertés. Entre pièces de théâtre, documentaires et débats, le festival, accueilli comme chaque année par le Théâtre National à Bruxelles, proposait aussi une vaste programmation musicale. Rap, reggae, électro, afrobeat… il y en a eu pour tous les goûts et tous les âges. 

C’est le groupe Brigitte qui, à guichets fermés, inaugurait la série de concert de cette dixième édition du Festival des Libertés. Énorme tête de boeuf trônant au-dessus de la scène, colonnes serties de serpents et de fleurs entourant les musiciens et longues robes blanches; c’est dans un style visuel oscillant entre imaginaire païen et néo-hippisme que les deux chanteuses sont venues présenter leur dernier album, “Nues”. Les Françaises livrent leur folk aux accents vintage ou disco sur des chansons qui parlent d’amour et de sentiments et d’autres qui racontent des histoires, le tout avec toujours beaucoup d’humour.

Le lendemain, pour la première reggae night du festival, c’est le groupe californien Groundation qui vient nous présenter son nouvel album ” A New Generation”, un nom qui peut avoir plusieurs sens. En effet, après une pause de trois ans, la composition du groupe a intégralement changée, à l’exception du charismatique chanteur et leader Harrisson Stafford, plus que jamais âme et grand gourou de Groundation. On regrette que les nouvelles compositions que le groupe est venu présenter au Festival des Libertés fassent beaucoup moins qu’avant la part belle aux envolées improvisées des musiciens, au profit du jeu de scène et des diatribes pacifistes d’un “Professor” Stafford inspiré et virevoltant, perdant du même coup cette fusion si caractéristique entre reggae et jazz, qui faisait la particularité et la saveur du groupe.

© Fortunat Goen Kizungu

Après Groundation, c’est Sir Jean et ses Roots Doctors qui poursuivent la reggae night en concert gratuit sur la scène du bar du Théâtre National. L’ancien du Peuple de l’Herbe et son groupe nous offre un reggae pêchu et dansant, et invite même le MC belge DYnamic sur un morceau.

Le lendemain, ce sont les deux stars du rap belge, Caballero et Jean Jass, qui se produisent pour un dernier concert après une tournée de deux ans, devant un public sensiblement plus jeune que les deux soirées précédentes. Les deux comparses nous prouvent qu’ils sont une machine à tubes, en les enchainant les uns après les autres, devant un public qui reprend en chœur l’entièreté des lyrics en sautant. Carte blanche oblige, les belges invitent sur scène tour à tour les rappeurs Isha et Krisy, puis Romeo Elvis, pour le désormais culte “Bruxelles arrive” et Lomepal.

Le jeudi suivant, c’est le dj et producteur Fakear qui se produit alors que le concert est sold out. On craignait un peu que le français nous livre un show trop électro, sans lever la tête de ses platines, hé bien non ! Fakear entre en scène accompagné d’un bassiste, un batteur, un claviériste et d’une harpiste pour ce qui se trouve être le dernier concert de la tournée entreprise sur cette formule. Le groupe rejoue les plus gros succès du dj électro, celui-ci lâchant même à quelques moments ses pads, pour offrir l’un ou l’autre solo de guitare électrique à la foule.

Deuxième vendredi et deuxième soirée dédiée au reggae avec la venue du jamaïcain Protoje et son groupe The Indiggnation. Une voix et un phrasé inspirés qui font penser à des artistes comme Damian Marley et des musiciens aux influences rock seventies, c’est le curieux mélange qui caractérise le reggae de Protoje. Le concert gratuit qui suit est celui du groupe de reggae belge Pura Vida, qui jouent depuis deux albums avec les légendes vivantes du roots, The Congos. Après un ou deux morceaux de présentation, les trois vieux jamaïcains entrent sur scène, sous les applaudissements d’un public venu nombreux. Trop nombreux sans doute pour la capacité de la salle. Manifestement émus par l’accueil, les Congos jouent tous leurs morceaux cultes avec une énergie étonnante.

C’est à Femi Kuti et son groupe les Positive Force que revient l’honneur de clôturer cette édition du Festival des Libertés. Le fils de Fela Kuti a réussi à développer un son afrobeat bien à lui, plus direct que celui de son père, avec des morceaux moins longs, mais il en a conservé les discours engagés et l’énergie sur scène. Il se démène comme un beau diable tout le long du concert. On rejoint ensuite la salle du bar pour le dernier concert du festival, celui du groupe belge d’ethio-jazz psychédélique Azmari. Les jeunes et talentueux musiciens font danser une dernière fois le public du festival, le temps d’un concert de deux heures sur leurs sons instrumentaux aussi entrainants qu’envoutants.

Un chouette marathon de dix jours de concerts donc, les uns surprenants, les autres attendus. Nous regrettons seulement l’acoustique de la grande salle du Théâtre National, qui n’offre pas aux concerts la pleine puissance qu’ils ont sur d’autres scènes. Gros contraste avec la “free stage”, qui jouissait d’un décor moins enfermé, d’un public plus spontané, et qui a a eu le mérite d’accueillir des étoiles montantes et virevoltantes belges, telles que Blu Samu, Azmari, Bernard Orchestar et Le 77. Un bilan positif donc pour ce rendez-vous automnal des défenseurs des droits humains !

 

 

Please follow and like us:
error
fb-share-icon