Après un passage remarqué aux Nuits du Bota en 2017, Thomas Azier revient au Botanique, pour la quatrième fois déjà, avec un troisième album, Stray, sorti l’année passée, et un EP, Raven on the first floor sorti ici en 2019. Productions plus intimistes et moins grandiloquentes que les deux précédents albums, sans pour autant manquer de relief.

Concert annoncé sans première partie, Thomas attend un gros quart d’heure académique avant de monter sur scène, laissant le temps aux spectateurs de remplir généreusement la Rotonde en ce dimanche soir. C’est sur le coup de 20h20 qu’il monte sur scène pour proposer ce qui s’apparente à une plongée au cœur des tortueuses nuits dansantes des eighties. Scène où de grands draps blancs ont été accrochés en arrière plan comme seul artifice visuel.

Thomas n’est pas tout seul, il est accompagné d’un batteur qui joue debout, d’un bassiste en second plan et d’un guitariste au look franchement new wave. Guitariste dont la timidité apparente est contrebalancée par un regard perçant et rêveur. Quand à thomas, qui alterne le chant et les synthés, c’est vêtu d’un t-shirt noir et d’une veste de costard un peu flottante qu’il monte sur scène. On a beau essayer de ne pas vouloir comparer, avec cette veste et ces cheveux ramenés en arrière, c’est à Dave Gahan que l’on pense irrémédiablement. Même dans son chant, son attitude, ses pas de danse, c’est au Dave Gahan des eighties que l’on pense encore. Mais pas que, son registre vocal étant assez large, sa voix et la manière dont il l’exploite renvoient aux instants les plus épiques et fédérateurs d’un Bono qui soulève les stades en quelques secondes au simple son de sa voix.

C’est une assistance de fidèles connaisseurs qui est présente ce soir, chantant chaque morceau, écoutant religieusement la dernière note de chacun d’eux avant de manifester bruyamment son enthousiasme. Il en sera ainsi tout au long du concert. Au niveau playlist, le groupe parcourt l’ensemble des trois albums du frontman, toujours dans ce style qui bascule doucement entre la pop, l’électro et la new wave. Cependant la toute grosse première partie du set est dédiée au dernier album et au dernier EP en dates, dans un registre mid-tempo. Il bascule ensuite dans son second album, Rouge, avec notamment le titre “Talk to me” et son imparable mélodie de synthé. Pareil avec le titre “Gold” qui part posément au piano pour finir en folie dansante.

Avec son titre “Red eyes”  il réussit à envoûter définitivement la Rotonde : une déferlante de boucles de synthés hypnotisante mêlées à une lourde batterie et au chant dramatiquement habité et jouissif de Thomas qui semble émerger du fin fond de l’univers. C’est ensuite une version très musclée du titre “Strange day on the train” que le groupe sur scène envoie au grand galop avec le batteur qui percute ses fûts sur un rythme effréné, dans une tempête de lumières blanches. Thomas revient seul sur scène pour achever ce concert, au piano, dans une interprétation aussi émouvante qu’intime du titre “Babylon”. Il nous livre ces dernières paroles en guise de conclusion : “Our water turns to wine, And I will make you mine again”. Oui ce soir Thomas a ramené auprès de lui ses fidèles, en ayant pris délicatement possession d’eux une grosse heure quart durant. Les curieux sont, quant à eux, repartis plus que probablement convertis.

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