Le plus vieux festival de Wallonie (34ème édition) se déroulait ce samedi 29 juin dans le cadre magnifique, presque enchanteur, mais surtout ombragé de la Citadelle de Namur et de son théâtre de verdure. On est donc monté en voiture, faut pas déconner avec cette chaleur, jusque tout là haut pour aller prendre un bon bain de décibels et de bonnes ondes, dans des styles musicaux parfois très éloignés les uns des autres. C’est aussi ça la marque de fabrique du “Verdur” : proposer une affiche où se croisent des artistes confirmés et à la notoriété déjà en place, avec des petits nouveaux qui débarquent, sans se laisser impressionner pour autant. Et tout ça pour pas un euro !

Arrivé sur le site vers 15h30, on assiste à la fin du set des Namurois de Camping Sauvach qui s’agitent et se démènent joyeusement sous un cagnard monstrueux pour faire danser une fosse gentiment remplie mais hyper réceptive. Respect aux musiciens sur scène qui envoient leur rock festif aux accents tziganes, et aux agités du public qui ne vont pas lâcher l’affaire avant la fin de leur concert. Le tout avec un thermomètre en ébullition et un soleil qui tape frontalement et sauvagement en direction de la scène en ce milieu d’après-midi. La sueur va couler et se déverser par seau entier cette après-midi.

 

Après un petit passage par le bar, le village associatif et l’aire de jeux ludiques, retour dans le théâtre pour un autre groupe en provenance de Namur : Glauque. On les avait déjà vu aux Nuits Bota en Mai et on avait déjà bien accrochés. Alors c’est moins festif que Camping Sauvach ça c’est certain, mais ça balance aussi. Dans un style où se mélange dans un fragile équilibre l’électro, le rock et le rap. On est toujours impressionné par la puissance de ce que dégage leur son et leurs paroles une fois qu’ils montent sur scène. Les deux meneurs chantent comme s’ils discutaient rageusement entre eux, se passant le relais avant de belles montées en pression où leurs voix se mêlent jusqu’à ce que les 3 musiciens fassent péter la mélodie libératrice. C’est à la prestation d’un vrai groupe que l’on assiste, et non pas à deux types qui déballent leur texte sur un fond musical vaguement joué en live. Ici tout le monde est dans la même énergie et participe plus qu’ activement à la construction musicale. On sent qu’ils y mettent de la conviction, et une fois encore de la sueur ! Dommage que le set du groupe ait été interrompu durant quelques minutes à cause du “malaise thermique” d’un PC sur scène.

 

C’est vers 18h et toujours sous un soleil bien trop généreux et chaleureux que les limbourgeois de Whispering Sons, qui ouvraient la grande scène de Rock Werchter la veille, s’emparent du Théâtre. Mené par une chanteuse charismatique, tout de blanc vêtue, les vainqueurs du Humo’s Rock Rally en 2016 sont venus pour déverser leur post-punk aux accents sévèrement new-wave. La chanteuse est comme habitée par la musique et par le chant qui semble s’échapper d’elle, que ce soit en douceur ou dans des hurlements presque gutturaux.

 

 

 

Direction ensuite “Le Belvédère”, la “petite” scène du Verdur Rock. En effet, le club situé à quelques dizaines de mètres de là, s’associe à l’événement. On vous laisse imaginer la chaleur et la moiteur qui règne là dedans. Sur scène c’est Seno Nudo que l’on retrouve. Deux filles et deux gars bien calmes et sages au premier abord. Trop pour être honnête. Et de fait, une fois les amplis branchés, les guitares se mettent à hurler allègrement, quelque part entre le grunge et le noise. Le tout avec un chant masculin et un autre féminin. Ils s’aiment, puis se disputent, puis chuchotent, et finissent par hurler. Idem pour la musique qui se pose puis part au grand galop, se calme à nouveau pour finir dans une grande déflagration.

 

Retour ensuite vers le Théâtre pour le set des français de The Liminanas. Soyons honnête, on a pas vraiment accroché plus que ça, malgré le rock indé de très bonne facture qu’ils proposent. Peut-être un peu trop conventionnel à notre goût. Mais pas désagréable non plus à écouter, en papotant, une bière à la main. Et c’est ce qu’on a fait.

Après cette petite pause, on se remet en route pour Le Belvédère pour aller voir et écouter la chaude soul lumineuse de Tanaë. On l’avait déjà vu au Bota dans le cadre des Nuits et on l’avait interviewée il y a quelque semaines. En plus d’une vareuse de basketteur estampillée “7up” elle s’est équipée d’un petit ventilo rose pour lutter contre la chaleur. Plus kitsch que ça tu meurs (le ventilo). Bref, ça danse tranquillement dans le public, et sur scène ça semble bien profiter du moment aussi. On n’avait pas pu profiter pleinement de la justesse de la voix de Tanaë au Bota, à cause d’une acoustique un peu trop axée sur les basses, mais ici ce fut parfait.

 

Changement de style radical ensuite dans l’arène du Théâtre avec l’armée de furieux qui suit Mass Hysteria depuis 25 ans qui s’en donne à corps et à coeur joie. C’est toujours la même grosse énergie positive qui se dégage de leur musique et d’une fosse en ébullition. On ne résiste pas longtemps à la tentation et on se jette dans la mêlée le temps de s’imprégner de la sueur de chacun et de sentir la poussière qui s’élève du sol craquer sous la dent et venir se coller sur notre peau. Aux instrus ça gratte nerveusement les cordes des guitares et ça tape bien fort sur la batterie pendant que Mouss se charge de distribuer les bières aux premiers rangs. Et ils réussissent le pari de ne pas se reposer sur leurs acquis depuis 25 ans. Mieux, leurs nouvelles productions suscitent le même enthousiasme et la même ferveur que les incontournables “Contraddiction” et “Furia” qui achèvent leur set survolté, comme toujours. On est jamais déçu avec Mass Hysteria, même si les discours engagé de Mouss entre chaque chanson peuvent parfois devenir un peu caricaturaux. Mais c’est sur cette base que le groupe a construit sa réputation et l’énergie constructive qui en découle.

 

On reste ensuite dans la musique brute de décoffrage avec Black Mirrors qui transforme Le Belvédère en hammam en quelques minutes avec une foule dense et agitée qui s’y presse pour se faire matraquer les tympans de leur rock stoner bien nerveux. Ce n’est pas par hasard si le groupe emmené par la survoltée Marcella di Troia a remporté la catégorie « Rock & Alternatif » des D6bels Music Awards 2019. Et effectivement sur scène ils ne mènent pas leur barque en mode mineur. C’est plutôt l’idée de pousser tous les volumes sonores au maximum et de débouler ensuite sans se poser de questions et de voir si ça passe ou si ça casse. Et ça passe, haut la main même !

 

Maintenant que la nuit est tombée et que l’air devient doucement respirable il est grand temps de retourner vers le Théâtre pour LA tête d’affiche du jour : R.O & Konoba. Comme Glauque et Tanaë on les avait déjà vu dans le cadre des Nuits du Bota. Mais c’est ici quelque chose de différent qu’ils sont venus nous présenter. Plus question de seulement présenter leur ambitieux et très réussi album “10” sorti il y a deux mois. Ils sont ici pour livrer un set plus aventureux encore, emmené par la douceur et la torpeur de la voix de Konoba. Et quelle voix d’ailleurs ! D’une justesse totale, en fermant les yeux elle en devient un véritable instrument d’hypnose, le chant masculin d’une sirène qui vous attire, sans pouvoir lutter contre. Pareil lorsque R.O se transforme en savant-fou des machines pour diffuser avec bienveillance les bonnes ondes et les bonnes basses de son électro classieusement dansante. Difficile de ne pas remuer un tant soit peu le popotin ou de même complètement se laisser emporter dans une lente danse des corps. Ces deux gars là ont parfaitement réussi à faire se rencontrer leurs univers respectifs, dans une complémentarité quasi onirique. Après le sensuel “On our knees” qui avait tourné sur la bande FM des mois durant, c’est avec l’imparable “Roll the dice” tout droit sorti des dancefloors qu’ils achèvent leur show. Ce samedi soir les étoiles n’auront pas brillé que dans le ciel.

 

Clap de fin sur ce beau, long et chaud marathon qui nous a donné envie de revenir l’année prochaine. L’aménagement du site est parfait, les gens aussi d’ailleurs, les bénévoles tous très pros et sympathiques, l’affiche aussi riche que variée. On le redit encore mais tout ça était gratuit !

 

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