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Esperanzah! 2019 : Une dernière journée colorée et explosive

Troisième et dernière journée ce dimanche à Floreffe. A l’affiche encore pas mal de choses à voir et à entendre. On rassemble ce qu’il nous reste d’énergie pour attaquer la dernière partie de notre exploration et de notre voyage musical. C’est aussi l’occasion de tirer un premier bilan du festival qui aura accueilli près de 37 000 personnes sur trois jours et plus de 8500 campeurs. Aucune annulation à signaler. Au niveau des secours et de la sécurité rien de bien méchant à signaler non plus malgré la panne de courant qui aura duré cinq heures le samedi en fin d’après-midi mais qui sera passée presque inaperçue pour les festivaliers.

C’est à l’heure de la sieste que le Français Vanupié et sa guitare ouvrent les hostilités sur la scène du Jardin. Mais peut on vraiment parler d’hostilité vu l’esprit tranquille du mec et de ses musiciens ? Pour rappel, il a quitté sa vie d’avant où il bossait dans la publicité pour se lancer dans la musique, d’abord dans le métro, et ensuite sur scène. Un grand écart réussi et qui ne peut que le rendre serein, avec sa voix qui nous fait penser par moment à Broken Back. Seul regret, ils étaient tous en chaussures sur scène. A nos cotés un festivalier tente vaillament de manifester son enthousiasme en hurlant mais sa voix l’abandonne lâchement à ce moment. Fou rire général. Sur scène ça oscille entre soul et reggae, parfois en anglais, parfois en français. Il aura gagner le pari de sortir les festivaliers de leurs torpeurs, de les faire danser et chanter avec lui tout au long cette heure ensoleillée.

C’est ensuite une curiosité attendue et qui constituait un coup de cœur du Directeur du Festival que nous retrouvons également au Jardin : Muthoni Drummer Queen. Il est alors 17h30 et c’est le moment où le festival passe la seconde (voir la sixième vitesse en fait) pour toute le reste de la journée. En provenance du Kenya, la Dame est venue accompagnée de choristes et de danseurs. Elle ne fait pas les choses à moitié avec son R’n’B musclé bien comme il faut, tout en défendant la cause féministe. On y entend aussi quelques touches de gospel. Un nuage de poussière s’élève de la plaine, preuve que le public est maintenant bien réveillé et l’accompagne à plein régime. Au bout d’une heure celle qui était une curiosité pour beaucoup aura réussi à mettre tout le monde d’accord et aura surtout terminé son concert devant une plaine bondée.

On descend ensuite tout en bas de l’Abbaye pour aller voir le set des beatmakers de l’Entourloop. Derrière leur platines, on aperçoit deux vieillards en costards avec lunettes de soleil et chapeaux sur la tête. Ils balancent des samples sortis d’une autre époque sur fond de dialogues tirés de vieux films. Ils nous proposent une plongée rétro, cadencée par leurs beats aux accents de reggae et de hip-hop. Ils sont accompagnés d’un trompettiste et d’un chanteur qui se passent le relais quand ils ne sont pas réunis. Et c’est toujours cette scène du Futuro qui nous envoie des énormes lignes de basses et de décibels dans la face. On voulait vibrer, on est servi.

Avant-dernière ascension de l’Abbaye pour retourner au Jardin assister au concert des Parisiens de Feu! Chatterton. Ils prennent possession de la scène avec leur rock classieux et doucement tourmenté. Le chanteur charismatique commence à égrainer les paroles pleines de poésies de leur répertoire, avec ce phrasé si spécifique qui peut basculer dans une dramaturgie lyrique à tout moment. Il semble habité par ses paroles en les vivant physiquement, entre grâce et contorsion nerveuse. C’est une prestation d’ensemble haute en couleurs et en émotions qu’ils nous livrent en réussissant à allier la fougue du rock avec la fragilité des sentiments humains. Ils achèvent leur set avec des versions XXL de leurs titres « La Fenêtre » et « La Malinche ».

Petit Passage par le soundsystem du Kiosq qui n’aura pas désempli durant les trois jours, on y entend « L’aventurier » d’Indochine et « Freed from desire » de Gala entre deux titres de trance-psychédélique. C’est particulier mais ça passe bien.

La nuit est maintenant bien tombée et les baroudeurs d’Hilight Tribe prennent possession du Futuro. Située quelques part entre l’Inde et les raves parties, leur musique hypnotisante aux rythmes survoltés fait effet immédiatement. C’est une assistance qui les attendait fermement et qui était déjà au bord de l’explosion qui se met à danser et à sauter comme un seul homme dans un énorme bordel dont tout le monde semble se réjouir. Sur scènes les cinq musiciens se lancent dans un trip musical nomade à base de percussions, de bidouillages électros et surtout d’instruments ancestraux (ne nous en demandez pas les noms) piochés sur les cinq continents. Il était de toute façon impossible de ne pas inviter ce groupe dont l’un de leur titre porte le nom d’ « Esperansa ». La tornade annoncée s’est bien abattue sur l’Abbaye.

Nous quittons le Futuro, non sans mal vu la densité et l’excitation générale du public, pour nous en retourner une dernière fois au Jardin. Une autre tempête y est annoncée à 23h avec les français de Caravan Palace. Les rois de l’électro-swing se présentent sur scène avec « la prétention de réussir à nous faire danser ce soir ». Ils ont un jeu de scène hyper dynamique où les musiciens (contrebasse, synthés, cuivres et boites à rythme notamment) viennent se défier les uns les autres au cours des battles musicales, leur charmante chanteuse venant aussi se mêler aux combats, sur le titre « Wonderland » notamment. Le lightshow qui les accompagne est tout simplement énorme et donne encore plus de dynamisme à leur musique. Le seul répit qu’ils nous laissent intervient avec leur morceau « Miracle », et encore. Car après on repart au triple galop avec « Lone Digger » et l’énorme « About You » et sa grosse sonorité électro vrombissante gonflée à bloc. Ils se lancent enfin dans une démonstration de danse rock sur scène. Minuit sonne la fin de leur concert. Nous pouvons reprendre notre souffle. Ils nous auront fait danser et sauter comme ils l’avaient prétendus.

La fin du festival approche gentiment et on se dit qu’il est temps de redevenir raisonnable et de rentrer chez nous en passant jetter un dernier coup d’oeil au Futuro pour apprécier le dj-set de Polo et Pan avec leurs projections colorées et faussement enfantines. On avait dit qu’on restait un quart d’heure. Sauf que trois quart d’heure plus tard on est toujours là à se déhencher. Tant pis, on ne dormira pas ce soir, on dormira demain. Ils nous servent des rythmes électros et des sonorités qui sentent bon la plage, les tropiques et les vacances, avec un cocktail à la main bien sûr. Gros coup de coeur à leur titre « Arc-en-ciel » reprit en coeur par le public. Clap de fin dans le dancefloor de l’Abbaye.

Sans prétention aucune pour notre petit bilan à nous on aura apprécié la beauté du site, l’audace et la diversité de la programmation sur les scènes et dans les troupes d’arts de rue. On aura bien mangé sans se ruiner. On aura également apprécié la très bonne ambiance chaleureuse et festive que les festivaliers mettent, et que les organisateurs veillent à préserver. On aura rarement vu des services de sécurité aussi serviables et aimables par exemple. Pareil pour les bénévoles. On aura vu des gothiques danser sur du reggae, des guerriers en béquilles et pieds nus pogoter au milieu d’une foule compacte,  un type se promener trois jours durant avec un cône de chantier à la main, des filles danser seins nus sans que cela ne vire en une émeute de mâles en rutes. On aura aussi vu des mecs courir devant un radar sur une route au sein de l’enceinte du festival pour que celui-ci affiche leur vitesse. Y en a un qui s’est fait flashé à 35km/h le samedi soir !

Esperanzah!, ne changez rien !

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