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INTERVIEW – R.O. & Konoba : « On va très certainement continuer à exister, mais sous d’autres formes »

Le proverbe qui dit qu’on est jamais mieux servi que par soi-même est sûrement celui qui va le mieux à R.O (Oliver) et KONOBA (Raphael). Après un premier titre, « On Our Knees » en 2017, ils se sont lancés dans un autre projet bien plus ambitieux. L’idée est simple : 10 mois, 10 pays, 10 titres pour en faire un album où leurs univers musicaux respectifs allaient pouvoir se rencontrer. Tout ça en ne se reposant que sur un financement participatif via la plateforme de crowdfunding KissKissBangBang. Sans donc devoir s’appuyer sur une industrie musicale en pleine mutation et restructuration. Certains auraient pu craindre un album fourre-tout un peu bordélique et décousu mais il n’en est rien, loin de là. C’est au Château de Seneffe que nous les avons rencontrés, pour leur dernier concert de cet été.

 

Scènes Belges : L’album « 10 » est sorti il y a 4 mois maintenant, quel premier bilan vous en tirez ?

R.O. & Konoba : Ce n’était pas spécialement prévu qu’il sorte exactement à la fin des 10 mois d’enregistrement du projet. L’idée c’était vraiment que chaque morceau soit fini chaque mois. On aurait aimé les sortir en respectant cette cadence mais il y a eu un peu de décalage parce qu’on a vraiment voulu peaufiner les mix, les clips. On ne voulait pas sortir des trucs finis à 98%. Et puis on voulait faire un beau packaging avec un carnet photo. On a essayé des idées graphiques mais c’était un peu la galère donc on a laissé tomber. Et tout ça on a du le faire dans le dernier mois d’enregistrement donc on a pris un peu de retard.

Scènes Belges : Et au niveau du feed-back du public ?

R.O. & Konoba : On est super content parce que les gens sont très enthousiastes. Et si on devait faire un sondage pour savoir qu’elle est le titre préféré des gens, aucun ne se démarquerait en particulier et il n’y en a aucun qui est laissé de coté non plus. Il y a des gens qui aiment bien le coté plus techno d’ « I Could Be », d’autres le coté drop de « Roll The Dice », ou alors les sonorités plus mélancoliques de « Colder ». On a vraiment reçu plein de retours hyper positifs mais ce ne sont que les avis des gens que nous rencontrons ou que nous lisons. Ça tourne bien sur internet aussi.

Scènes Belges : Tout ça sans réel support marketing ?

R.O. & Konoba : Oui effectivement, on reste très indépendant. On a pas une grosse machine promotionnelle qui nous accompagne et on ne cherche pas à faire du gros single commercial. Du coup on a quasi aucune diffusion radio ou aucun playlisting sur les plateformes de streaming. (NDLR : certains artistes paient pour apparaitre dans des playlists thématiques sur les plates formes de streaming)

Scènes Belges : Et pourtant ça tourne ?

R.O. & Konoba : Oui, de manière « naturelle » on pourrait dire. C’est la curiosité des gens et le bouche à oreille qui font le job. Et puis ce sont les gens qui viennent nous voir en live et qui repartent convaincus. C’est d’autant plus valorisant parce que les gens qui nous suivent sont là parce qu’ils aiment ça et pas grâce à une grosse campagne marketing. Mais c’est certain qu’on atteint pas les scores de « On Our Knees », notre premier titre ensemble (NDLR : qui atteint les plus de 7 millions d’écoutes sur Spotify). Titre qui lui aussi a connu un succès naturel sans support marketing.

Scènes Belges : Vous parlez d’être indépendant.  le projet et l’album « 10 » ont été financés vias la plate forme de crowdfunding KissKissBangBang. C’était un choix au départ ou alors une nécessité et une contrainte au regard de l’industrie musicale actuelle ?

R.O. & Konoba : Un peu des deux. On a pas de maisons de disques. On aurait pu aller chercher une maison de disque ou un label via tous nos contacts. Mais on a décidé de ne pas le faire et de collaborer avec les fans pour pouvoir garder les clés du projet. Maintenant qu’on a fait les comptes on se rend quand-même compte que malgré tout cela reste compliqué d’un point de vue purement financier.

Scènes Belges : Et le choix des dix pays il s’est fait comment pour le projet ?

R.O. & Konoba :  Il y a une partie qui était planifiée et programmée. Et puis il y a une autre partie qui s’est fait de manière plus spontanée, au hasard des opportunités et de certaines contraintes qui se sont transformées en heureux accidents. On a aussi pas mal regardé les stats d’écoutes sur Internet. C’est comme ça qu’on a choisi certains pays, comme la Pologne, la Roumanie et la Géorgie qui était une évidence.

Scènes Belges : Pourquoi la Géorgie était une évidence ?

R.O. & Konoba : Parce qu’en Géorgie on a plein de fans.  C’est le pays où on est le plus connu. Bien plus qu’en Belgique. Pour donner un ordre de grandeur, on comptabilise là-bas presque 6 millions d’écoutes alors que le pays compte 4 millions d’habitants. En Belgique, on atteint peut-être 10% de ce rapport.

Scènes Belges : Et le choix des autres pays alors ?

R.O. & Konoba : c’était principalement des pays qu’on avait envie de faire, comme le Japon et l’Australie par exemple. On a aussi été en Colombie. Ca ne faisait pas partie de nos plans mais pour une histoire de visas. On a regardé du coup la meilleur destination pour le mois de Janvier sur Internet, comme des touristes, et c’est comme ça qu’on s’est retrouvé en Colombie. Ça a permit d’enrichir le projet, aussi bien visuellement que d’un point de vue sonore.

Scènes Belges : Vous parlez du visuel en lien avec le projet. Est-ce qu’on peut espérer un reportage/carnet de route vidéo à moyen terme ?

R.O & Konoba : On pourrait mais pour faire quelque chose d’intéressant il faut un troisième oeil qui nous voit. On était qu’à deux d’un bout à l’autre sur le projet. Donc oui on a beaucoup de matière, mais est-elle vraiment intéressante ? Il y a un coté immersif mais assez décousu qui ne retranscrit pas tous le processus de création.

Scènes Belges : Alors la suite ?

R.O & Konoba : Le projet « 10 » est un one-shot. On va très certainement continuer à exister mais sous d’autres formes. Il  y aura sûrement des titres isolés qu’on va faire ensemble. Peut-être un album studio plus traditionnel. Mais on ne va pas faire un « 10 » bis ça c’est certain. Là on réfléchit à peut-être faire une sorte de réédition de luxe de l’album « 10 » avec toutes une autre série de choses qu’on a composées et qu’on a gardées de coté jusqu’à maintenat. On va aussi continuer chacun de notre coté nos projets respectifs et on verra en fonction de nos envies du moment pour sortir des compos.

Scènes Belges : Autre sujet. On termine la saison des festivals. Comment ça c’est passé pour vous cet été ?

R.O & Konoba : Ça c’est super bien passé. Et pourtant comme notre style musical est un peu à la frontière de différents styles il est parfois difficile pour nous de trouver une place sur les affiches. Il y a des festivals parfois plus pop, d’autres plus rock ou hip-hop par exemple. Mais chaque concert s’est super bien passé. On a un set avec un visuel lumière beaucoup plus calibré pour la nuit, mais même en journée finalement ça s’est super bien passé, comme à Ronquières par exemple.

Scènes Belges : Une question pour R.O., tu as fait Tomorrowland cet été, c’était comment ?

R.O : C’était trop fou. Raph (NDLR : Konoba) est venu chanter sur deux morceaux. C’est un festival incroyable où ils font attention à tout. C’est un public très différent des autres festivals. Le majorité du public est là pour faire la teuf en priorité. C’est aussi lié au coté très international de l’événement. La musique en tant que telle n’est pas leur priorité. Je jouais assez tôt, je n’ai pas eu le public le plus fou de la Terre, mais ceux qui étaient là étaient très réceptifs malgré tout. Et je suis très fier et très content parce que c’était Netsky qui m’avait invité. Ca reste une expérience unique.

Scènes Belges : Dernière question pour vous deux. Votre artiste, groupe, morceau du moment ?

R.O & Konoba : Il y a groupe australien avec qui ont a déjà tourné, c’est Tora. Ils ont participé au morceau « Waves » et ils nous ont hébergés quand on était en Australie. Ils ont sorti leur nouvel album « Can’t buy the mood » tout récemment.

Il y a aussi le chanteur ÀA avec son titre « À marée basse », c’est super classe. Et puis il y a Glauque aussi, c’est incroyable, c’est un kiff absolu. Et en live c’est une tuerie totale. J’ai vraiment hâte qu’il sorte un truc. Il ont deux titres sur spotify et je pense qu’ils préparent bien leur coup pour la suite.

 

Sur Spotify vous pouvez retrouver R.O par et KONOBA par ici.

Et Sur Deezer ça se passe pour R.O et ici pour KONOBA.

 

 

 

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