Le Canadien Robert Alfons est venu nous présenter les nouvelles productions de son projet TR/ST ce jeudi soir au Botanique. C’est ainsi qu’il a sorti au printemps de cette année le sombrement nommé “The Destroyer – 1”. Et en toute logique il nous a proposé “The Destroyer – 2” il y a quelques semaines. Bien que relativement méconnu par chez nous, et en dehors des milieux avertis de la coldwave et de la synthwave, TR/ST s’était vu offrir une première partie d’Indochine au Stade de France en 2014. Ce soir l’arène de l’Orangerie est plus intimiste mais elle n’en est pas moins presque complète d’un public très international qui suit le bonhomme depuis un certain temps.

La première partie est assurée par la Colombienne d’ELA MINUS. Et effectivement la demoiselle n’est pas bien grande. Après un premier morceau légèrement expérimental, elle installe progressivement sa techno agrémentée de sonorités qui semblent avoir été extraites de jeux vidéos des années 80. Le beat se fait progressivement plus lourd et fracassant. De quoi faire danser gentiment tout ce petit monde. Tout comme elle qui bouge en rythme et chante par intermittence avec une voix aussi douce que fantomatique. Pas désagréable à l’oreille et à l’œil en somme.

On passe ensuite à la tête d’affiche du soir avec TR/ST. Sur scène ils sont trois : lui au chant, une claviériste et une batteuse. Mais quelle batteuse ! Bien sûr ce n’est pas la première à s’attaquer à cet instrument plutôt viril. Mais elle y va avec une force et un plaisir débridé pour marteler ses fûts et ses cymbales, sans pour autant perdre de son charme et de sa féminité. Mais c’est quoi la féminité ? Ceci est un autre débat qui n’est pas le notre ce soir. Lui aussi, vêtu de sa veste qu’il a volée à Edward aux mains d’argent, n’est pas en reste avec ses airs de dandy androgyne. Il s’accroche à son pied de micro, tout en vacillant dans une succession de poses lascives. Et lorsqu’il s’en détache c’est pour partir physiquement à la dérive sur scène. Il y a quelque chose de l’ordre de la décadence mêlé a un romantisme désabusé dans tout ça.


Et la musique ? Pop et électronique, mais sauvage et presque brutale, servie par un jeu de lumières dans la pure tradition synthwave en provenance des eighties : à base de flashs stroboscopiques, sombre et en contre-jour ombragé. Une version bien plus tourmentée et musclée de ce que le groupe propose sur CD. Versions musclées mais jamais dans l’excès, la musique de TR/ST garde son caractère dansant et mélancolique. La première partie du set est logiquement plus axée sur les deux récents  « Destroyer » avant d’ensuite aller explorer les deux premiers albums de la discographie.


A l’exception de quelques morceaux plus posés, la toute grosse majorité du set se veut être une machine à danser, synthétique et électronique. Tout ça ne laisse que peu de répit sur cet obscur dancefloor sous-terrain. Au bout d’une grosse heure le groupe quitte la scène, et revient ensuite pour un rappel chaud bouillant pour clôturer la cérémonie. En définitive, TR/ST évolue, aussi bien musicalement que scéniquement, quelque part entre la fougue torturée d’ I am X et le romantisme tranquille de Thomas Azier. Et ça a de la gueule !

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