Si le nom de Steve Lacy ne vous dit rien, ses contributions au niveau international vous diront peut-être quelque chose. En parallèle de son groupe « The Internet », Steve poursuit une carrière solo et produit plusieurs morceaux pour Vampire Weekend, Kendrick Lamar, Tyler The Creator, ou encore J. Cole. Avec un beau background et de belles collaborations derrière lui, Steve Lacy revient aujourd’hui avec un premier album pour le moins déconcertant. Apollo XXI, nom de l’album, prévoit de nous envoyer dans les tréfonds galactiques, avec un retour aussi planant que dansant.

Comment égayer un lundi pluvieux de mois de novembre ? Avec un bon concert au Botanique bien-sûr ! Cet endroit toujours aussi intimiste et chaleureux est idéal pour réchauffer cœurs et âmes, surtout quand la tête d’affiche se nomme Steve Lacy. Un peu de groove, de funk, et de r’n’B, et on est pris dans le tourbillon d’émotions du producteur originaire de Compton (USA).

On arrive dans la sombre salle de l’orangerie, qui, tout en longueur apporte cette dimension underground qui colle parfaitement à l’image du concert qui va s’y tenir. Un peu partout dans le Botanique, se tenaient des affiches qui mentionnaient un concert sans téléphones, sans photos ni vidéos. Un concept qui ne plaît pas forcément à tout le monde, mais franchement parfois ça fait du bien!

Steve Lacy arrive avec quelques minutes de retard, largement pardonné par le public déjà chauffé par la DJ Alima Lee. Vêtu de l’outfit rose vif que l’on voit sur la couverture de son album, il entame sans plus attendre « Only If », acclamé comme il se doit par le public. La fosse de l’Orangerie, qui aurait sans doute été une mer d’écrans de téléphone à ce moment là, est, à notre plus grand bonheur, devenue une mer de têtes en mouvement. Merci Steve !
Pendant le concert, Lacy a alterné guitare, basse électrique ou encore synthétiseur. Ce qui nous prouve que le jeune prodige ne sait pas uniquement se servir d’un ordinateur (ou d’un iphone, voir dernier paragraphe*) pour créer de la musique. A défaut d’avoir un groupe entier pour les autres instru’s, il s’accompagne avec DJ Alima Lee, tout aussi mystérieuse que talentueuse derrière ses platines.

Durant le concert, on retrouve un tout petit peu moins l’aspect funk que révèlent certains morceaux sur leur version digitale, mais on a droit à quelque chose de plus trap/hip-hop, avec de grosses basses mises en valeur par flow d’enfer dont on perçoit beaucoup influences.
Sur la scène de l’Orangerie, Steve Lacy est ici comme sur une aire de jeu, à l’image du titre « Playground », où il s’amuse en improvisant des harmonies, en communicant en toute simplicité avec le public, en rigolant avec nous et avec (et de) lui-même.

Crédits : Lotte Torsin

Tout l’album est caractérisé par des boîtes à rythmes, des synthés aux accents californiens, des touches (intelligemment pensées) de reverb, et de refrains entraînants dont le public ne se lasse pas. Le hip-hop de la west coast c’est parfois un incroyable pot-pourri où funk, rap, soul et désormais même rock indé se rejoignent, en faisant des clins d’œils par-ci par-là à des influences bien connues.

Certains déploreront le manque de musiciens “live”, mais au vu de l’univers et du style de l’artiste, cela ne m’a absolument dérangée qu’il ait interprété ses textes par dessus un DJ-set. À mon sens, le rap us/lo-fi underground est un style qui est totalement capable de se passer de musiciens, surtout lors de ce genre de soirée sur une scène aussi intimiste et feutrée.

*Pour l’anecdote, à ses débuts, et encore maintenant, Steve Lacy ne s’encombre pas toujours d’un vrai studio pour enregistrer ses morceaux. En effet, comme le montre cette vidéo explicative, il utilise ingénieusement son iPhone et l’application GarageBand pour improviser, enregistrer n’importe où et n’importe quand en branchant sa basse, ou encore en ajoutant sa voix. En vivant avec son temps et avec une (grosse) pincée de talent, le tour est joué et des hits prennent vie!

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