La demoiselle de 32 ans vient de sortir un magnifique deuxième album qui répond au doux nom d’Aloha. Alors dire que TYPH BARROW a un emploi du temps surchargé ces temps-ci est un euphémisme. Cela faisait plusieurs jours qu’elle arpentait les chaines de télés, de radios, les rédactions des journaux et magazines majeurs de la partie francophone du pays. C’est directement dans les studios radios de la RTBF que la chanteuse, auteur, compositrice, pianiste, et coach de The Voice Belgique, a eu la gentillesse de nous consacrer généreusement un peu de son temps, le jour même de la sortie de son album et avant de foncer au Botanique pour préparer le concert exclusif qu’elle allait donner le soir même ! On vous partage le récit de cette discussion où nous avons rencontré une personne pleine d’humilité, d’enthousiasme et de bienveillance. On pourrait nous accuser d’être trop consensuel à son égard, mais si il n’y a rien de mal à dire… ALOHA.

Scènes Belges : Bonjour Typh, comment ça va aujourd’hui 17 janvier 2020, jour de sortie de ton album “Aloha” et de ton concert au Botanique ?

Typh Barrow : Ca va très très bien, c’est gentil de poser cette question, merci beaucoup. J’ai un peu du mal à réaliser qu’on est le jour J. Il y a pas mal d’excitation et de reconnaissance pour tout le travail que l’équipe a fait autour de moi ces dernières années. Il y a quand même un peu d’appréhension parce qu’on espère que le public va l’aimer autant qu’on a aimé le réaliser. On y a passé beaucoup de temps alors maintenant on croise les doigts.

Scènes Belges : Et justement ça fait quoi de sortir un deuxième album ?

Typh Barrow : J’ai tellement eu le nez dans le guidon ces deux dernières années que je ne me suis pas posé la question. Tout s’est enchainé très vite, sans recul et sans temps morts. Pour “Raw”, le premier album, on avait prit le temps pour ne pas sortir quelque chose de bâclé et dans la précipitation. Je m’étais dit que ce serait peut-être le seul et donc je voulais qu’il soit parfait et pouvoir en être fier encore d’ici 10, 20 ou 30 ans. Pour ce second album il y avait déjà beaucoup de matières sonores et la machine était déjà lancée. Il y a vraiment une synergie de groupe qui s’est développée avec le temps et donc tout ça a été beaucoup plus rapide, tout en s’octroyant plus de libertés. J’ai gardé la base pop et soul mais tout en allant aussi dans mes racines blues et quelque chose de plus rugueux. Idem avec la folk, je ne l’avais pas du tout fait sur l’album précédent. On a fonctionné de manière assez instinctive.

Scènes Belges : Beaucoup de chansons ont d’abord été testées et jouées sur scène avant de passer à l’épreuve du studio pour ce deuxième album. C’était une démarche spontanée ou alors il y avait une méthode de travail à la base de tout cela ?

Typh Barrow : C’est une méthode de travail qui s’est mise naturellement en place. Finalement c’était une chance d’avoir tout enchainé, et le public a été le laboratoire de test des nouveaux morceaux. Ça a permit d’immédiatement sentir ce qui allait plaire ou au contraire là où la magie ne prenait pas. On a vraiment intégré le public dans le processus créatif. Et c’est comme ça que sur le titre “Aloha” on a enregistré les chants du public durant les concerts, pour les intégrer dans la version studio finale du morceau. C’était une manière de leur faire un petit clin d’œil et de les remercier.

Scènes Belges : Qu’est-ce qu’il va advenir des morceaux sur lesquelles la magie n’a pas opéré lors des “tests” ?

Typh Barrow : Ils sont là, on les garde au chaud. Ils ne sont pas mis au placard définitivement. On va les laisser grandir et mûrir, et voir ce qu’on en fait par la suite.

Scènes Belges : Pourquoi “Aloha” comme titre pour ce second album ?

Typh Barrow : C’est aussi le titre d’une chanson de l’album. Elle parle des personnalités atypiques et plus complexes que j’ai pu rencontrer. Je suis perméable à ce que les gens me disent et à ce qu’ils vivent. C’est une façon de dire je t’accueille dans toute ta complexité et ta singularité. “Aloha” c’est un message universel très positif d’accueil et de bienveillance. Et je trouve qu’il traverse tout l’album dans ses thématiques et son énergie.

Scènes Belges : Et justement ce titre “Aloha” c’est un duo avec Gulaan qui est un artiste originaire du peuple Kanak en Nouvelle-Calédonie. Comment tout ça s’est goupillé finalement ?

Typh Barrow : J’écrivais “Aloha” ici à Bruxelles chez moi. En chantant les refrains j’entendais ça comme une incantation qui devait être chantée par une voix atypique et habitée. Je trouvais que ma voix ne collait pas avec cette idée. Quand j’ai présenté cette chanson à François Leboutte, mon producteur, il partageait mon ressenti et il a commencé alors à réfléchir et à faire ses petites recherches. Il tombe sur Gulaan qui est un artiste qu’on adore tous les deux. Sans rien me dire il prend contact avec lui et l’échange se passe tellement bien que François prend des billets pour la Nouvelle-Calédonie, d’où il est originaire, pour qu’on aille le rencontrer et enregistrer avec lui. Moi je suis arrivé là-bas sans rien avoir prévu. Il nous a accueilli chez lui, nous a fait rencontrer sa famille, sa tribu, on a fait des concerts. Ça a été des moments d’une authenticité rare. Mais rien n’était planifié au préalable. C’est comme ça qu’on en a aussi profité pour faire le visuel de l’album une fois sur place.

Scènes Belges : Au niveau des sonorités et des influences de l’album il y a beaucoup plus de guitare qu’avant, alors que ton ADN de base c’est le piano.

Typh Barrow : Cela s’est fait naturellement et dans la continuité de l’exploration de mes racines blues et folk, comme sur des titres comme “Hold your sister”, “Damn! You’re bad” ou “Calling you’r name” par exemple. Ca a été assez naturel sans avoir établit une ligne de conduite au préalable. Mais le fil rouge ça reste le piano-voix effectivement. Comme je suis une artiste identifiée principalement comme “piano-voix” cela peut paraitre déroutant d’aller sur ces terrains là. Toutes les maquettes sont d’abord interprétées en piano-voix… mais tu n’as pas envie de les entendre, je peux te le garantir (rire).

Scènes Belges : Au cours de l’enregistrement de l’album tu es passée par le Studio ICP à Bruxelles. C’est un studio extrêmmement réputé à travers le monde et qui est fréquenté par les poids lourds de la musique depuis plusieurs décennies. Ca fait quoi en tant qu’artiste belge d’y avoir enregistré ?

Typh Barrow : On a la chance d’avoir un studio comme ça à Bruxelles. Ca se sent directement lorsqu’on rentre dedans. C’est impressionnant et en même temps tout est fait pour que tu sois dans ta bulle et que tu puisses créer dans des conditions super agréables. Mais l’énergie du moment fait que parfois ça se passe très bien et que tout s’écoule naturellement, et puis parfois ça bloque comme pour “Very First Morning” par exemple. Chanson qui a finalement été enregistrée chez monproducteur à son domicile, de manière presque improvisée. Il y a des choses qui ne se contrôlent pas.

 

Scènes Belges : Typh Barrow c’est une chanteuse, auteur, compositrice et pianiste. Ce qui est déjà beaucoup. Mais qu’est-ce qu’il y a à coté de ça une fois le rideau tombé ?

Typh Barrow : Typh Barrow ce n’est pas moi à 100%, et j’insiste vraiment sur cela. Typh Barrow c’est toute l’équipe qui construit avec moi ce projet, et qui fait que ce qui est en train d’arriver existe. Après si je n’avais pas la musique je t’avoue que je ne saurais pas trop ce que je ferai. J’ai plein de passion : la nourriture, mais je suis très mauvaise cuisinière, et les sports extrêmes par exemple. Les sports extrêmes c’est peut-être la choses la plus proches de ce que tu peux ressentir sur scène.

Scènes Belges : C’est à dire ?

Typh Barrow : Il y a l’angoisse mêlée à l’excitation que tu peux ressentir avant de te lancer, c’est la même chose. Il y a quelque chose de très contre-nature dans tout ça où on se dit “pourquoi tu fais ça ?”. Ca te sort complètement de ta zone de confort, l’adréaline prend le dessus et tu rentres dans une forme de dépassement de toi. C’est hyper galvanisant et euphorisant et en même temps. Il faut aussi gérer la descente une fois que tout est fini. Tout cela flatte l’égo mais ne nourrit pas l’essentiel de ce que l’on est, indépendamment de la richesse et du privilège absolu de ce que je vis ces dernières années et dont j’ai précieusement conscience. Au début, j’ai fais ça pour les mauvaises raisons, je cherchais la reconnaissance et la validation des autres parce que je n’arrivais sans doute pas à me la donner moi-même. Mais heureusement tu finis par comprendre qu’il y a un autre chemin pour trouver cet équilibre intérieur. Mais c’est le chemin de toute une vie.

 

Pour rappel, Typh Barrow sera en concert à Bruxelles, Charleroi, Liège et au Luxembourg au mois de mai de cette année. Et il n’y a déjà plus beaucoup de places. Bref, si vous voulez allez la voir en concert vous savez ce qu’il vous reste à faire. Et on vous recommande une fois encore son album “Aloha” qui nous a musicalement charmé.

 

 

 

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