Bien ancré dans le paysage international, le Botanique a abrité sous ses serres réaménagées des milliers d’artistes venus des quatre coins de la planète. Au fil des années et des allées-venues d’une pléthore de talents, le Botanique a affiné son audience en se spécialisant surtout dans deux domaines conséquents : La musique et les arts plastiques. Les autres secteurs artistiques ont bien entendu eux aussi une place dans le cœur du Bota, et le complètent à merveille à la moindre occasion.

Comme l’on peut facilement s’en douter, le Botanique fut autrefois un lieu d’étude de sciences botanistes et ce, pendant plus d’un siècle entre 1829 et 1939. Pour la petite histoire, le nom de la salle souterraine du « Witloof Bar » ne vient pas de nulle part : c’est dans cette cave voûtée, à l’abri de toute lumière extérieure, qu’est né l’or blanc agro-alimentaire belge qui n’est autre que le chicon (witloof en néerlandais) ! Puis, pendant près de 40 ans et laissé à l’abandon après la délocalisation de la majorité de ses plantes, la ville a contraint le Botanique à n’être qu’un maigre espace vert désaffecté au beau milieu d’artères urbaines bruyantes et d’architectures imposantes. Le tissu routier inextricable du quartier nord commençait alors à engloutir ce morceau d’histoire parcelle après parcelle. Sauvé in-extremis par la Communauté Française, le Botanique se reconvertira en Centre Culturel et ouvrira finalement ses portes le 24 janvier 1984. L’extérieur du bâtiment et une partie des jardins historiques sont préservés, et l’intérieur est repensé pour accueillir toute la salve artistique qui suivra. On connait la suite. Mais on va quand même en parler.

A un prix encore moins coûteux qu’une place de cinéma, le Bota propose des expositions pour absolument tous les goûts. D’ailleurs, elles sont mêmes gratuites le dimanche pour les habitants de la commune de Saint Josse. Alors évidemment, on aime tout particulièrement le concept d’expositions éphémères, s’apparentant à un véritable festival d’œuvres d’arts étendu sur toute l’année. Que demander de plus !  Elles durent parfois un mois, parfois trois, parfois moins ou plus, les expositions font partie intégrante de l’âme du Botanique, non seulement pour la diversité des artistes qui exposent, mais aussi par la convivialité et l’aspect chaleureux du cadre. Ici, peu de chance de croiser la population que vous pouvez habituellement rencontrer au Bozar ou dans d’autres musées populaires de la ville, ces mêmes personnes étalant leur science à tout va l’air sérieux et renfrogné. Non, ici l’ambiance est à la découverte, aux surprises, parfois on aime ou non, et il est toujours appréciable avant un concert de faire un petit tour dans le Museum ou la Galerie.

Le Botanique a su dès le départ créer un lien unique avec artistes et public, qui fait que lorsque l’on pénètre entre ses verrières, on s’y sent instantanément comme à la maison. Sans doute est-ce dû au lieu insolite, telle une oasis calme et verdoyante, nichée en plein milieu de cette incessante cohue citadine. Toujours est-il que le Bota en a vu passer des artistes ! La liste est longue, mais on peut d’ores et déjà citer quelques noms, comme Oasis, Jeff Buckley, Alt-J, Band of Horses, Barbara, ou encore Prince ! Pour l’anecdote il y’a 6 ans, le bruit courait qu’après sa date au SportPaleis, Prince allait donner un concert-surprise dans Bruxelles. Plusieurs lieux ont été évoqués, mais c’est finalement sur la scène de l’Orangerie que son choix se concrétisa.  « Premier arrivé, premier servi », le Bota a annoncé cette « éventuelle » venue, sans trop savoir s’il le concert allait réellement se dérouler. Et pour cette date inédite Prince a joué non pas 1 mais 3 concerts d’affilés, pour le plus grand plaisir des centaines de fans qui faisaient la queue le long du jardin Botanique !

En plus des concerts qui s’y tiennent toute l’année, le Bota c’est aussi l’avant-goût des festivals avec Les Nuits Botanique qui ont lieues entre avril et mai. Un échauffement pour public et artistes, comme une sorte de préparation aux innombrables festivals d’été se tenant deux mois plus tard. Grâce à une programmation de qualité avec des artistes soigneusement choisis, Les Nuits Botanique sont LE rendez-vous incontournable de Bruxelles au printemps venu. Des concerts de succèdent chaque soir durant deux semaines, faisant osciller le public entre le Chapiteau (installé pour l’occasion dans les jardins, enfin dans ce qu’il en reste !), le Grand Salon (habituellement salle de musée, reconverti en espace intimiste), la Rotonde et l’Orangerie. Pourquoi est-ce un rendez-vous tant attendu par public et artistes ? Comme je le mentionnais précédemment, pour la qualité de la programmation avec de belles têtes d’affiches à un prix modeste, mais aussi et surtout pour la découverte de jeunes pousses à la carrière prometteuse et au talent déjà bien affirmé.

Depuis plus de 25 ans, Les Nuits Botanique marquent l’arrivée du printemps, les premiers verres en terrasse au coucher du soleil. On se délecte systématiquement de ces moments, entre amis ou famille, le tout devant la tour des finances scintillante de tout son long qui se démarque insolemment du paysage grisâtre entourant le Bota. On ne pense à rien, si ce n’est qu’au concert qui suivra, ou à quel foodtruck nous choisirons pour reprendre quelques forces avant de danser à n’en plus pouvoir. Tous les ans, même lieu, même heure. [NB : Enfin sauf cette année (je précise : 2020, pour le lecteur qui lira cette chronique dans quelques années, sait-on jamais) où une pandémie ravage actuellement la planète en même temps que j’écris ce papier. C’est peu dire, et c’est aussi pourquoi les Nuits 2020 ont été reportées à septembre. On espère de tout cœur que le Botanique ré ouvrira ses portes dans les meilleures conditions possibles, et que l’on prendra encore plus de plaisir à les franchir].

Ce qu’on aime par dessus-tout au Bota, ce sont avant tout les nombreuses découvertes musicales qui ont fini par marquer l’histoire de la musique belge et internationale. Notez que beaucoup d’artistes sont passés par les planches du Botanique avant de s’attaquer aux Zéniths et aux mainstages de festivals. Cette “exclusivité” de découvrir la scène artistique de demain fait partie intégrante des valeurs du Botanique : que ce soit par les choix artistiques ou par des événements tels que Propulse Festival ou Court-Circuit. Dans tous les cas, on sait assurément que l’on y passera un excellent moment.

Bref, 1082 mots pour vous dire à quel point le Botanique est et restera un carrefour culturel d’exception et qu’à l’heure où j’écris, il nous manque énormément.
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