Acte 2 de notre bilan de l’année 2020 : place aux artistes issus du reste du monde qui nous auront apportés un peu de lumière dans cette sombre année. Il a été très difficile de les observer défendre leurs projets sur scène, alors voici ce que nous nous sommes passés en boucle dans les différentes pièces de la maison.

On commence avec Gaël, notre Responsable Rédaction qui n’a pas été capable de se limiter à un seul coup de cœur. Mais comme c’est un “Responsable” on ne dit rien et on laisse faire :

On démarre par un mélange d’ombre et de lumière, avec la fabuleuse collaboration entre Emma Ruth Rundle et Thou qui nous donne l’album May Our Chamber Be Full sorti à la fin du mois d’octobre. Les deux formations se sont déjà croisées lors du festival Roadburn 2019 et avaient alors accouché d’un live merveilleusement surprenant! La collaboration ne s’est pas arrêtée là et heureusement pour nous, ils ont sorti un album commun qui nous transporte autant dans la bestialité de Thou que dans la douceur relative et mélodique d’Emma Ruth Rundle.

Second coup de coeur, l’album sorti au mois de juillet par Glass Animals, le génial Dreamland! La bande à Dave Bayley ne s’est pas laissée abattre par le confinement en Angleterre et nous a sorti une petite pépite psyché-électro-pop dont on se délecte comme les sucreries de fins d’années que nous aimons tant! Cet album remet un sourire dans vos coeurs, vous esquisserez même quelques petits déhanchements sans le vouloir tellement c’est entrainant. Les sonorités ensoleillées, utilisées habituellement par le groupe d’Oxford, sont encore bien présentes ce qui en fait un album parfait pour passer l’hiver au mieux.

On termine avec une mention spéciale pour quelques mixtapes/albums du milieu hip-hop français qui sont sortis cette année. Des projets divers et variés de partout en France qui ont apporté un nouveau coup de frais dans le “rap game” français. Les marseillais, sous le joug de JUL, avec l’énorme collectif 13 Organisé, ont mis la lumière sur pas mal de MC’s de la cité phocéenne (Soso Maness, Kofs, Naps, etc…).

Au nord du pays nous avons VALD qui frappe très fort avec deux bombes dans la mixtape Echelon Vol 1 (Gotaga et C’est pas nous les méchants) et l’album croisé avec Heuss L’Enfoiré, Horizon Vertical, qui vient de sortir en cette fin d’année et dont quelques tracks vont certainement beaucoup tourner en 2021. Si vous êtes curieux, vous pouvez également aller jeter une oreille à l’album de Freeze CorleoneLMF, ainsi qu’au très bon BLO II du collectif 13 Block.

C’est ensuite au tour de Laurent, un de nos photographes, de nous fait part de son coup de cœur. Il a jeté son dévolu sur SEPULTURA pour 2020. Si le groupe avait pu se montrer quelque peu lassant sur les sorties de ces dernières années, l’arrivée de Quadra a été une excellente surprise. Le groupe nous a effectivement proposé un opus de trash très riche, violent avec des morceaux à l’écriture très efficace. Mention spéciale pour “Guardians of Earth”, aux paroles engagées et au magnifique clip, en soutien aux tribus de la forêt amazonienne, que le groupe a toujours défendus. Bref, un album que l’on n’attendait plus et qui a su repositionner Sepultura en temps que grand groupe de trash.

On retourne chez nos rédacteurs avec Jean-Yves, toujours autant incapable de s’en tenir à un seul artiste. Son coup de cœur ne nous emmène pas au bout du monde puisqu’il s’agit de LA SCÈNE ÉLECTRONIQUE FRANÇAISE portée à la fois par LAAKE, RONE et THYLACINE. Trois artistes et trois albums sortis en 2020 qui ont comme point commun d’avoir élargi les horizons et rendu accessible au plus grand nombre cette musique encore trop souvent décriée comme n’étant justement pas de la musique. Sur ces trois albums, on retrouve une alliance et un mariage plein de reliefs, de surprises et de richesses entre la musique classique et l’électronique. Deux mondes qui se sont trop souvent toisés. Laake, le moins connu d’entre eux, a sorti un premier album, “Orchestraa”, où le piano et les violons s’enlacent avec des programmations électroniques pour faire naitre une musique souvent dansante, parfois mélancolique et délicate, et de temps en temps carrément proche d’une sombre rave party débridée.

https://www.youtube.com/watch?v=wg06_xbWis8&feature=emb_title

Rone, a quant à lui sorti un album porté par le titre qui lui donne aussi son nom : “A room with a view”. Le collectif de (La) Horde et Le Ballet National de Marseille sont venus lui donner vie dans un clip ensorcelant et époustouflant, où la danse contemporaine et les corps font vivre la musique avec une rage intense et étrange à la fois. Rone devait partir en tournée avec eux mais 2020 est passé par là.

Thylacine a, pour sa part, revisité l’époque des grands compositeurs de musique classique (Mozart, Beethoven, Fauré, Schubert, Verdi, etc.) sur son album “Timeless”. Il s’est réapproprié leurs œuvres par un travail de déconstruction et de reconstruction électronique sans jamais en trahir la profondeur. A défaut d’avoir pu voyager autour du globe avec sa caravane/ studio d’enregistrement, il nous a fait voyager à travers les siècles. En cliquant ICI, vous trouverez l’enregistrement de sa prestation live et visuelle au Bassin des Lumières à Paris.

Cédric, Responsable des accréditations, a porté son choix sur FANTASTIC NEGRITO. Cet américain de 52 ans est un ovni musical. Il flirte et réuni tous les styles dans sa musique que l’on pourrait qualifier de blues/rock/funk/soul. Toujours dansante, sa musique accompagne des paroles très engagées pour cet artiste dont la vie n’a pas du tout été un long fleuve tranquille, lui qui est passé par toutes les étapes, allant jusqu’à frôler la mort dans un accident de voiture il y a quelques années. Bref, Fantastic Negrito est un artiste à part entière à découvrir (ou re-découvrir) à travers son nouvel album, “Have you lost your mind yet?”, sorti lors de cette année si particulière!

C’est ensuite, Christelle, de la Team des photographes, qui nous parle de YUNGBLUD. Il incarne à lui tout seul le renouveau du rock avec une énergie qui pourrait bien faire péter tous les stades du monde dans quelques années. Le potentiel est en tout cas là avec ses titres dont les refrains peuvent être hurlés à s’en briser les corde vocales. Comme sur ce duo (“Original Me”) avec Dan Reynolds d’Imagine Dragons sorti fin 2019. Il évolue quelque part entre la noirceur d’un Marilyn Manson, la fureur du métal, l’énergie primaire du punk et des compositions aux accents de “teenage pop-rock” qui rentrent plus qu’efficacement dans la tête. Amateurs de fosse en furie et de sueur, c’est à vous de jouer ! Tout ça sur fond de look androgyne envoyant balader toutes les conventions traditionnelles bien établies, ce qui n’aurait pas déplu à un Brian Molko dans les années 90. Il n’invente rien, mais il a pris toute une série d’ingrédients rock’n’roll, plus explosifs les uns que les autres, pour les balancer sauvagement dans un mixer et à la face du monde. Le résultat en est délicieusement jouissif.

Le choix de Joanna (photographe) s’est porté sur MARILYN MANSON. Celui qui fut “le pire cauchemar de l’Amérique” à la fin des années 90 et au début des années 2000 a sorti cette année un album très réussi et très approprié en cette période troublée au niveau mondial : “We Are Chaos”. Du haut de ses 51 ans (et oui les années passent), il n’a certes plus la même rage provocatrice et dérangeante, et sa musique s’est faite moins brutale, ses prestations scéniques ayant souvent été critiquées, voire moquées, ces dernières années (l’âge et les excès de plusieurs décennies ayant laissés des traces). Mais Marilyn Manson reste malgré tout un performeur capable de pondre de sacrés morceaux aux ambiances sombres et mélancoliques, avec des sonorités métalliques et électriques profondes bien foutues. Et c’est ce qu’il a fait sur ce dernier album.

Du côté rédac’, Solenn nous livre son coup de cœur frontalier, avec POUPIE, une artiste aux multiples facettes qui monte crescendo dans les tours, et dans le cœur du public. Cette année, elle a sorti un EP qui porte bien son nom, “FEU”, où l’on retrouve un premier morceau éponyme, réalisé en collaboration avec le seul et unique Jul. L’ancienne quart de finaliste de The Voice France Saison 8 assume des titres personnels, fortement influencés par un mélange audacieux à la croisée entre le reggae et le hip/hop, et parsemés de touches espagnoles. On retrouve également sur cet EP une reprise acoustique de “Blue” (Eiffel 65), qui colle sacrément à la personnalité excentrique de Poupie! Cet EP est un sacré pas en avant pour la chanteuse, qui avant le confinement, commençait à faire ses preuves sur scène (notamment au Botanique où vous pouvez retrouver la chronique ICI). Aussi, pendant le confinement, Poupie a lancé Poupie.TV sur Instagram, des lives en tout simplicité en collaboration avec plein d’artistes en tout genres (Therapie Taxi, Lous and the Yakuza, Yseult, Aloise Sauvage…). On y a aussi retrouvé plein d’inédits, de conversations intéressantes (parfois loufoques!)… Il faut dire que ça a eu son petit succès ! Une bonne dose de good mood pendant le premier confinement, ça ne peut que (re)donner l’sourire! Reste à voir si la flamboyante Poupie continuera sur cette belle lancée les mois à venir; en tout cas nous, on ne se fait pas trop de soucis.

Direction l’Angleterre en compagnie de Bernard (Administrateur de Scènes Belges) pour la suite des réjouissances. L’année 2020 a été marquée par la sortie de l’album “MTV Unplugged” du sale gosse du Royaume de Sa Majesté, LIAM GALLAGHER. Cet album a été enregistré au Hull City Hall, comprenant 6 morceaux de son dernier album studio ainsi que 4 titres de sa période Oasis. Le groupe était accompagné pour l’occasion d’un orchestre composé de 24 musiciens, offrant ainsi une nouvelle dimension au répertoire du chanteur. Un album de grande classe aux accents de pop-rock typiquement british avec un public ardent, toujours prêt à hurler à gorge déployée les refrains fédérateurs des compositions d’Oasis et de la discographie solo de Liam.

https://www.youtube.com/watch?v=EnzVduS-vyE

C’est à Dublin que nous emmène pour son coup de cœur notre rédactrice Fanny: KODALINE. Après avoir sorti plusieurs morceaux en l’espace de quelques mois, le tout accompagné de clips plus vibrants les uns que les autres, c’est à l’aube de l’été que ce groupe pop rock a finalement dévoilé son 4ème album, “One Day at a Time”. On est dans un registre plus pop que rock d’ailleurs, Kodaline ayant le secret pour écrire des textes percutants sur des mélodies remplies de douceur et d’émotions. Si vous appréciez les tubes “High Hopes”, “All i Want” ou encore “The One”, leur nouvel opus ne pourra que vous séduire. Si vous ne les connaissez pas encore et que vous êtes tentés par un voyage rempli de sérénité au son d’une voix envoûtante, ça se passe sur Spotify, Facebook ou via leur Website.

On continue notre traversée de l’Atlantique vers le Canada avec notre photographe Fabian qui nous parle de THE WEEKND. Celui-ci a sorti cette année un album, “After Hours”, emmené par le tube planétaire “Blinding Lights” qui est tout simplement le titre le plus écouté sur Spotify en 2020 avec plus d’un milliard sept cents millions d’écoutes ! Artiste issu de l’industrie musicale 2.0 (comprenez par là le tout digital), les chiffres de ses écoutes en streaming ont en effet de quoi laisser rêveur ! Ce dernier album a remis au goût du jour les synthés des années 80 avec un son à la fois moderne et résolument pop. D’où le succès planétaire qui a suivi. Le garçon sait s’entourer : après sa collaboration avec Daft Punk sur son précédent opus, c’est récemment un remix en forme de duo de “Blinding Lights” qu’il a livré en duo avec Rosalia, autre machine de guerre du streaming.

Morgane nous fait finalement atterrir en France avec LORD ESPERANZA pour terminer notre “music-trip” de 2020. L’artiste de pop-urbaine âgé de 24 ans a sorti cette année son sixième album déjà. Le jeune homme est du genre prolifique et propose 18 titres sur cette galette nommée “Lord Esperanza Dans Ta Ville Ep. 2”. La particularité de l’objet réside dans un ensemble de collaborations avec des artistes issus d’influences et de pays à chaque fois différents. On y retrouve notamment un duo avec notre compatriote Scylla. L’album se distingue dans son ensemble par sa diversité musicale, évitant l’ennui de l’enfermement dans un style trop codifié.

C’est à Eric (rédacteur) que revient l’honneur de conclure ce très long article. On vous prévient quand même que sa plume a été très impertinente sur ce coup là et qu’il n’a pas hésité à distribuer quelques piques bien aiguisées. On lui a laissé le mot de la fin et on vous laisse apprécier également :

Si pour vous Vianney est la quintessence de ce qui se fait dans le domaine musical en 2020, je ne peux que vous conseiller de passer votre chemin.Quoique, un peu de culture musicale n’a jamais fait de mal à personne, sauf peut-être au chanteur des BB Brunes…Mais laissons donc le natif de Pau et sa guitare de Playmobil susurrer des mots doux aux oreilles de Maître Gims pour répondre à la question suivante : “Si je vous dis 40, vous me répondez ? “Démon du midi” pour certains, “le masculin d’une période d’isolement” si vous avez traîné dans une soirée du côté de Waterloo pour d’autres, ou pour d’autres, l’âge de l’album “back in black” de la bande à Augus Young


Et bien non ! Brian Setzer, le bien-nommé Lee Rocker et l’as de la batterie minimaliste Slim Jim Phantom, plus connus sous le nom de Stray Cats, sont de retour. En 2019, nos matous rockabilly nous avaient gratifié d’une nouvelle galette au titre équivoque, “40”, afin de marquer au fer rouge leur belle présence sur la scène rock, faisant le régal des amateur de coiffure “banane” et des adeptes féminines du très classe “robe/corset/chemisettes de bowling”. Cet album, sorti en ces temps de popitude et de frigidités acoustiques faisait suite aux 15 années de disettes dans lesquelles nos New-Yorkais errants nous avaient abandonnées depuis “Original Cool” en 1993.
Mais comme le chantait Leonard Cohen, “hallelujah !”. Car 2020 n’a pas eu que de mauvaises choses. Leur album live “Rocked this town (from LA to London)” sent bon l’huile de vidange, la fureur de vivre et les hots roads, et nous permet de revivres les déhanchements de Brian Setzer et les miaulements de sa fidèle Gretsch, les escalades de Lee Rocker sur sa contrebasse et la rythmique sans faille de Slim Jim.Bref. Que du bonheur à l’écoute des classiques que sont “Runaway Boys”, “(She’s) sexy + 17” et autre “Rock This Town”, sans oublier quelques morceaux issus de leur album anniversaire.

Bon, je vous laisse car je dois aller lustrer ma Chevrolet Bel Air de ’57.Et comme diraient les Cats : Miaouwww”.

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