Il aura fallu une décennie après Man On The Moon II (MOTM II), pour que Kid Cudi revienne avec la fin de cette trilogie stellaire. L’artiste l’avait annoncé depuis un bon bout de temps sur son réseau social préféré, en twittant des teasers intelligemment éparpillés dans le temps. Les fans frémissaient d’impatience. Jusqu’à ce 11 décembre 2020, où toute attente a été comblée par cette sortie inédite.

C’est en 2009 et 2010 que sortent respectivement Man On The Moon I et II. Entre temps, Kid Cudi a sorti quatre albums, très différents des uns des autres, et qui n’ont pas forcément tous fait l’unanimité. Mais le King Wizard semble être satisfait de sa discographie, et c’est le principal.

On savait qu’un troisième opus allait arriver. Même sans indications à propos de sa date exacte de sortie, on le voyait venir à des kilomètres. Et c’est en cette année 2020, que Kid Cudi revient avec un troisième volet de 18 titres – rien que ça – !

En tant qu’éternelle fan du dyptique qui a forgé à Cudi une marque de fabrique incontestable, j’ai bien évidemment écouté MOTM III à chaud, dès sa sortie. Le voyage commence avec Beautiful Trip, une intro mystique et décapante qui annonce la couleur en même temps que d’introduire le fabuleux Tequila Shot, non sans rappeler certaines envolées vocales de Majijuana (MOTM II). Sans crier gare (à l’autotune), les premières notes de Another Day résonnent. On aurait pu se contenter d’un flow naturel, et soudain on ne comprends pas l’arrivée d’un morceau presque semblable à ce qui s’apparenterait à du Travis Scott dans MOTM III. Le fil conducteur de l’univers si particulier de la saga MOTM commence à doucement s’effacer au fil des titres, au profit d’effets, de mélanges de genres et de productions – certes efficaces – mais basiques comparées à ce que l’on a pu entendre par le passé. Même si le côté rock’n’roll n’a jamais été très conséquent dans les deux premiers volets, on aurait pu au moins s’attendre à un niveau digne d’INDICUD (un album plutôt rock pour le coup, avec une tournure artistique assez intéressante).

La plupart des morceaux reflètent bien la Cudi Vibe, mais seulement certains n’ont peut-être pas leur place sur un album qui fait suite aux deux premiers. MOTM I et II ne font qu’un, et d’ailleurs bien souvent, on ne sait plus quel morceaux appartient à quel volet tellement les univers sont semblables.

En revanche, énorme progrès côté visuels et artworks, où Kid Cudi s’est entourés de Sam Spratt, une sacrée pointure dans le milieu. Après avoir passé des semaines à essayer de mieux cerner celui qu’on nomme Mr Solo Dolo, Sam a sorti ce sublime artwork, qui reprend intelligemment la palette de couleurs de MOTM I tout en restant fidèle à l’image de l’artiste.

Ce qui permet à cet album de garder un minimum de lien avec les deux premiers, c’est grâce à des titres comme She Knows This, avec une mélodie hispanique sortie de nulle part, que l’on garde en tête après avoir abusé du bouton replay. On remarquera aussi, dès les premiers accords de Elsie’s Baby Boy, que le sample n’est nulle autre que celui de House of The Rising Sun, où la voix de Cudi nous berce sans autotune et sans frivolités. On retrouve là du Man On The Moon, à l’ancienne, avec une belle évolution créative. The Void nous ramène un peu au temps de MOTM I, malgré la production plutôt basique, le titre fait son petit effet. On a pas encore évoqué Solo Dolo Part III mais encore une fois je ne vois aucun lien de près ou de loin avec les deux autres titres éponymes. Pour résumer, MOTM III est un bon album mais largement en dessous de MOTM I et II. Malgré de très bons morceaux et de belles collaborations, on ne retrouve pas de titre aussi excellents que Mojo So Dope, Scott Mescudi Vs The World ou encore le fameux Heart of Lion.

Le flow est là, les instrus aussi, et malgré de très bons morceaux, il manque cruellement dans cet album des mélodies ou des parties plus acoustiques qui nous faisaient tant vibrer dans All Along ou encore dans le rock’n’roll REVOFEV où la signature vocale du King Wizard pouvait s’exprimer sans la nécessité d’effets pour donner de l’effet justement.

On se trouve là face à un dilemme: Cet album est-il moins qualitatif que MOTM I et II, ou bien ces deux premiers opus sont-ils inégalables? Les deux possibilités sont également envisageables simultanément, peut-être est-ce un tout, ou peut-être plus de recul est nécessaire pour apprécier MOTM III à sa juste valeur. Toujours est-il, que… Cudderisback !
Et… Comme le veut la (ma) tradition, voici un TOP 5 des titres qui selon moi valent la peine d’être écoutés et appréciés à leur juste valeur.
  1. Tequila Shots
  2. She knows this
  3. Elsie’s baby boy
  4. Lovin’ me
  5. The Void

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