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Interview Oscar Anton – "Je pense qu’à un moment, ce ne seront plus les labels qui feront les artistes, mais les artistes qui feront les labels"

Ce fut une belle découverte pour beaucoup durant l’année passée ainsi qu’un sacré vent de fraîcheur parmi des temps difficiles, et pour cause, Oscar Anton a su tirer son épingle du jeu grâce à une créativité sans limites. Auteur, compositeur, producteur, interprète, cet artiste touche-à-tout s’est émancipé très tôt des labels afin d’explorer encore et toujours les tréfonds de la production musicale. En sortant chaque mois des packs éponymes contenant chacun 2 titres + 1 bonus, Oscar a accompagné ses auditeurs à travers les péripéties de 2020. Tous ces titres sont maintenant réunis sur un même album ‘Home of Sanity‘, avec l’ajout d’un dernier inédit.

Nous avons eu l’immense plaisir d’aller à la rencontre d’Oscar pour une interview vertigineuse au sommet du Jam Hôtel à Bruxelles. Bonne lecteure! 
PARTIE I
Solenn pour ScenesBelges : Salut Oscar, comment ça va ?

Oscar Anton: Ca va très bien, déjà je suis en Belgique là, j’ai l’impression de voyager un peu ! A part ça, je sors d’une année très chargée, j’essaie aussi de profiter un peu de ces moments où je réalise ce que j’ai accompli, avec une belle communauté qui me suit et qui m’envoie beaucoup de bonnes ondes.


En 2020, tu as sortis douze « packs » de deux titres + un bonus, prenant le nom des mois de l’années. Peux-tu nous dire pourquoi cette idée de format un peu particulier?

O.A : En fait j’avais besoin de sortir immédiatement les chansons que je composais. Effectivement cela va à l’encontre de ce qui est recommandé, mais c’est aussi la raison pour laquelle je suis indépendant, pour avoir la liberté de sortir des chansons quand je le souhaite. Je voulais faire quelque chose qui sorte de l’ordinaire afin de fidéliser le public. En revanche, je n’ai pas dirigé ce projet en fonction des gens mais plutôt en fonction de comment personnellement j’aimerais découvrir un artiste aujourd’hui. C’est de là que ce format ‘mensuel’ m’est venu. Ces packs étaient un peu comme des cadeaux, tous les mois il y’avait quelque chose de différent à ouvrir. 


Quel est le message que tu veux faire passer derrière Home of Sanity?

O.A : Cet album c’est un recueil de tout ce que j’ai fait pendant un an, et ça représente surtout la liberté avec laquelle je l’ai conçu. Personne ne peut m’empêcher de sortir des titres, de créer, d’être heureux tout simplement. Je n’ai pensé à rien à part faire des musiques dont je suis fier, et c’est le principal pour moi.


SB : Tu as donc commencé ces packs avant cette crise sanitaire sans précédent, les mois suivants ont-ils influencé la direction artistique qu’ils ont pris ou avais déjà tu une idée fixe derrière la tête ?

O.A : Alors j’avais commencé à réfléchir à ces packs dès le mois de septembre 2019, et disons que je savais plus ou moins ce que je voulais.
Ça allait être un flow de créations, avec comme inspiration tout ce qui m’entoure.


SB : Les récents évènements t-ont-ils inspirés ?

O.A : J’ai tiré mon inspiration de ce que j’écoutais plus que par les choses que l’on vivait. Cette année j’ai eu le temps d’écouter énormément de musique, j’ai découvert tellement de trucs, que ça m’a donné envie de tenter plein de choses. Et si l’on écoute les packs, on remarque qu’il y’a des morceaux très différents, tout est en fonction du style que j’écoutais au moment de la composition. Je me suis aussi ouvert, car de base je ne parlais pas beaucoup de moi dans mes morceaux mais plutôt des autres, alors c’était le bon moment pour extraire des choses qui m’avaient touchées ou que j’avais vécu.


SB : À propos de la réalisation et des textes, tu travailles tout seul ou tu es entouré?

O.A : Je travaille vraiment tout seul, je fais composition, production, mix…dans ma chambre que j’ai réhabilité en studio home-made ! Aussi, avec ma sœur Clémentine (ici présente), on a fait deux titres pour l’instant, et c’était super intéressant car elle a une façon d’écrire qui est vraiment différente de la mienne, encore plus spontanée même.


SB : D’ailleurs, tu peux nous en dire plus derrière l’idée du clip avec ta sœur ?

O.A : C’était en Avril dernier, on a écrit une chanson que l’on trouvait cool (Nuits d’Eté) et on voulait en faire un vidéo. Notre maman était là et c’était le confinement, donc on s’est dit qu’on allait tourner un truc ! Je ne me souviens plus si on repéré les lieux au final Clem ?

Clémentine : Non, on savait plus ou moins où on voulait tourner mais, on n’avait prévu aucun plan en particulier. On est arrivés dans un endroit que l’on trouvait joli et on a fait les prises, c’était de l’improvisation totale quoi !

SB : Un artiste interviewé récemment m’a dit que les morceaux qui sortent en ce moment ont moins d’impact car on ne peut pas se créer de souvenirs forts en concerts ou festivals liés à ceux-ci, qu’en penses-tu?

O.A : Ah c’est intéressant, il n’a pas tellement tord. C’est vrai que beaucoup de musiques qui m’ont marquées sont associées à un moment de ma vie particulier et/où à un live… Ben du coup pour mon album ce sera un souvenir du confinement, ça va être cool (rires) ! Après d’un autre côté je reçois beaucoup de messages de gens qui me disent que la musique les a aidés à passer une épreuve dans leur vie, ou les a marqués quand même d’une manière ou d’une autre tout au long de cette année, donc c’est aussi positif et j’en suis très fier.

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PARTIE II
SB : Tu as signé très tôt en label, mais tu en es parti aussi très tôt. Quelle en était la raison et quels sont les apprentissages que tu en as tiré?

O.A : J’en ai tiré un très gros apprentissage, celui de comprendre que je ne souhaitais pas travailler avec un label pour le moment. Je souhaite simplement créer mon truc à moi, et ce modèle indépendant prend chaque jour un peu plus ses marques au sein des artistes. Quand on dit artiste indépendant, on pense à ces artistes qui sont dans l’ombre, alors que c’est de moins en moins le cas. Indépendant n’est pas synonyme de « seul », car il y’a quand même des gens derrière moi, simplement j’ai les limites et la liberté que je m’impose. Maintenant j’ignore totalement certains conseils qui m’ont freiné… conseils qui finalement n’ont jamais marché quand je les ai appliqués à la lettre.


SB : Tu trouvais qu’on t’imposait tant de limites que ça ?

O.A : On me conseillait souvent de « faire en suivant le modèle, de ne pas trop sortir de titres, d’attendre le bon moment etc, car ça fonctionne comme ça » alors qu’en fait, les choses changent petit à petit. Ce qui était valable il y’a 10 ans ne le sera sans doute plus dans un futur proche. Il faut dire qu’en deux ans et demi de travail au label, j’ai sorti un EP avec 4 titres. Aujourd’hui en un an, j’ai sorti un album avec 24 titres (rires) !

 

A un moment ce ne seront plus les labels qui feront les artistes, mais les artistes qui feront les labels

 

SB : Ah oui, tu penses que ça va évoluer comment ?

O.A : J’ai la conviction que les Majors vont complètement se réformer. Je pense qu’à un moment, ce ne seront plus les labels qui feront les artistes, mais les artistes qui feront les labels. Car à l’intérieur ils ont des attachés de presse formidables, des graphistes, mais qui ne peuvent s’épanouir totalement ni s’adapter à chaque artiste. A voir comment ça évoluera… En tout cas nous les artistes, on a un rôle important à jouer là-dedans, je pense par exemple aux artistes indépendants qui vont prendre de l’ampleur ces prochaines années ; ce sera à eux de définir les nouvelles règles, et j’espère en être bien entendu. Je suis tout ça de très près et ça m’intéresse énormément.


SB : Et donc quels sont tes buts à terme, si tu en as ?

O.A : Au tout début de ma carrière j’étais très impatient. Puis le temps m’a fait comprendre que le chemin était important et qu’il fallait apprécier chaque étape du processus. Il ne faut pas juste voir la ligne d’arrivée, et constater que tant qu’on y’est pas, c’est galère. Tout le trajet est chouette je pense, et au final, il y’a-t-il réellement une ligne d’arrivée ?

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