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LES BELGOFOLIES 2021 : Spa retrouve la folie des festivals !

Depuis les origines, être organisateur de festivals n’a jamais été de tout repos et a toujours nécessité d’être aussi polyvalent et touche-à-tout qu’un couteau suisse. Mais ça c’était avant 2020. Puis le Covid est passé par là. Mais organiser un festival en Belgique c’est aussi accepté de jouer au poker avec le facteur météo. Qui aurait pensé qu’il allait s’en mêler à ce point, avec les inondations monstrueuses qui ont frappé la Wallonie la semaine passée ? Même si les organisateurs des BELGOFOLIES DE SPA (derrière qui se cachent en fait l’équipe des FRANCOFOLIES) avaient fait le choix d’organiser 7 soirées de concerts en intérieur, il a malgré tout fallut faire passer à la trappe les deux premières soirées qui étaient prévues les 19 et 20 juillet. Une soirée caritative et en hommage aux victimes de ces inondations a été rajoutée en remplacement le lundi 26 juillet. La ville de Spa s’en est sortie à bon compte face à cette catastrophe naturelle, avec des dégâts matériels « mineurs », mais c’est toute la Province de Liège qui est endeuillée et qui a été frappée avec une violence rare. Le maintien du festival est la preuve la plus évidente que ses habitants n’ont pas baissé les bras et font preuve d’une combativité et d’une pugnacité fidèle à leur réputation, tout en pensant aux personnes disparues et à leurs proches !

Scènes Belges s’est donc rendu dans la toujours aussi charmante ville de Spa ce samedi à l’occasion d’une soirée qui va voir se produire LEO FIFTY FIVE, OLIVE, BLANCHE et les régionaux de l’étape d’YKONS. C’est dans la magnifique salle  du Casino que nous allons passer la soirée : parquet, grands rideaux rouges, colonnes, fresques dorées et lustres au plafond. On a connu pire pour passer une soirée de concerts. Et ça commence comme toujours avec la chanson officielle des Francofolies. Honnêtement c’est peut-être la seule chose qui ne nous avait pas manqué, mais les traditions doivent être respectées.

Il n’est jamais facile pour un artiste d’ouvrir la journée de concert, le public étant parfois clairsemé et peu concerné par ce qui se passe sur scène. Mais le public des belgo/francofolies à la réputation d’être curieux. LEO FIFTY FIVE et ses musiciens montent donc sur scène dans des conditions franchement agréables. Et ça tombe bien, le Bruxellois propose un r’n’b funky qui respire les good vibes suaves et dansantes. Par moment, Leo s’empare d’une basse pour dérouler un tapis de basses bien rondes et chaudes. Il se fait une petit battle funky avec son guitariste avant de se lancer dans une reprise R’n’b des Années 90 dont la mélodie nous était familière mais dont le titre nous a échappé (et Shazam n’a pas voulu être notre allié sur ce coup là). Sa pianiste et choriste apporte aussi une touche féminine et sexy qui finit de charmer le public qui applaudira chaleureusement Leo et ses musiciens en fin de set.
La chanteuse OLIVE prend ensuite le relais. Elle a participé à The Voice Belgique il y a quelques années. Elle vient présenter à Spa ses compositions dans un registre pop et chanson française. Le concert de ce soir constitue pour elle sa première scène avec ce projet. Et tout commence avec un solo intime et jazzy de guitare électrique d’un musicien seul sur scène. Olive vient ensuite le rejoindre. Ce qui nous frappe tout de suite c’est cet air de Vanessa Paradis et ce léger charme ensorcelant qu’elle partage avec elle. Durant 45 minutes elle va nous proposer des compositions dont les textes en français sont souvent introspectifs et apaisants. Elle dédié notamment un titre piano-voix aux victimes des récentes intempéries. Puis le set devient plus rythmé et enrobé avec des ambiances musicales où la guitare électrique se fait plus présente et nerveuse, tout en restant claire et lumineuse. Olive achève son concert avec son titre « À ma façon ». La mélodie et le rythme de ce titre sont d’une efficacité redoutable. Son petit pas de danse langoureux rend l’ensemble délicieusement charmeur. Là aussi le public l’applaudit longuement lorsqu’elle quitte la scène.
La soirée continue avec celle qui avait porté bien haut les couleurs de la Belgique à L’eurovision en 2017. BLANCHE a sorti son premier album, « Empire », en 2020. Elle n’avait pas vraiment eu l’occasion de le défendre sur scène depuis, et ce malgré quelques jolis live streaming dans des lieux majestueux, comme la Cathédrale de Tournai par exemple. Le concert de ce soir est un peu spécial : les bandes sonores des parties électros des chansons ont été préalablement enregistrées sur des cassettes et sont lancées directement depuis la scène par le musicien qui accompagne Blanche. Le piano et la guitare acoustique étant assurés en live par ce même musicien.
Le concert commence avec « Fence » en piano-voix. Il y a une petite hésitation au démarrage mais c’est ensuite une version d’une grande sobriété et à l’émotion palpable qu’elle interprète avec une justesse vocale toujours aussi remarquable. Ce petit couac ne fait que renforcer l’honnêteté de la prestation. Il en est de même tout au long du set, Blanche interprète chaque titre en semblant être sur le fil d’une émotion vécue physiquement. Mais c’est une impression de sérénité générale qui se dégage de la scène. Cette sérénité se ressent aussi lorsque l’une des fameuses cassettes s’emballe et part en sucette sans crier gare. Blanche et son musicien ne se laissent pas déstabiliser par cet imprévu et reprennent le concert après un moment d’hilarité générale. Enfin, voir et entendre Blanche reprendre « Young and Beautiful » de Lana Del Rey avec une belle aisance est comme le signe qu’elle à sa place aux côtés d’autres chanteuses aux brillantes carrières internationales.
C’est YKONS, le groupe verviétois qui occupe la tête d’affiche de cette soirée. Leur single « Sequoia Trees » n’en finit plus de tourner sur les radios depuis plusieurs mois. Ykons c’est aussi le groupe qui a mis la pression sur les pouvoirs politiques francophones afin qu’ils se décident (enfin) a mettre en place des événements tests en vue d’amorcer le deconfinement de la culture. Mais ce soir ce concert a forcément une symbolique importante pour eux, au regard des événements de ces derniers jours. Ils ont été a la fois les témoins et les victimes de ses inondations. Monter sur scène est pour eux et pour le public un symbole fort de résilience et de courage.
Et effectivement tout le monde semble être gonflé à bloc. Après une intro puissante aux accents du mythique « where the streets have no name » de U2, le quintet débarque sur scène avec explosivite sur le titre « At Sunrise ». Ils enchaînent avec le lumineux « Silent World ». Le groupe y va pied au plancher, et le public aussi. Il faut dire qu’Ykons propose un show rodé depuis longtemps maintenant. Leurs compositions sont caractérisées par des riffs de guitares et des mélodies de synthés à l’efficacité directe. Ykons prend aussi le temps de retravailler les morceaux pour le live afin de proposer des mises en tension mélodiques et rythmiques qui viennent toujours à exploser avec enthousiasme. Le groupe met également un point d’honneur à proposer un light-show propre et incisif. Enfin, Renaud, leader et chanteur, appartient à la catégorie de ces chanteurs qui va chercher le public sans pour autant le bousculer. C’est probablement un des secrets de l’efficacité des concerts d’Ykons.
Rapidement le groupe envoie son dernier single, « Sequoia Tree » avec un refrain scandé par un public qui est debout et manifeste bruyamment son enthousiasme. Le titre « Réflexion » est un autre moment fort du concert avec de longues montées électro-rock, un break planant et incantatoire pour finir dans une folle cavalcade sauvage aux allures d’un post-rock mélodique et aérien lancé à pleine charge. « Red light » avec son efficacité de tube en puissance fait le job avec là aussi un refrain repris en chœur par l’assistance.
Ykons se fend d’une reprise de « Papillon » d’Editors : moins électro et explosive mais plus profonde que la version tubesque du groupe Anglais. Au regard de ce que propose Ykons, les entendre reprendre Editors n’est finalement assez cohérent et logique.
Le concert s’achève avec un rappel où « Red light » est proposé dans une version plus slowly et épurée. Une heure quart de concert est passée sans que nous l’ayons vue passée. Ykons ne propose pas seulement un concert, c’est un show complet, dynamique et varié qui est proposé et qui leur permet de doucement mais sûrement construire leur réputation de groupe live ambitieux mais pas prétentieux. Cette belle et copieuse soirée spadoise s’achève donc sur ces dernières notes explosives. La folie est de retour !
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