Le pape de l’électro-pop sensuelle était de passage aux NUITS DU BOTANIQUE ce vendredi soir. Avec sa dégaine de dandy et de gourou il est venu une fois encore démontrer par son talent musico-sensoriel toute l’emprise qu’il peut avoir sur ses nombreux adorateurs. Le concert affiche effectivement complet  ce soir, ce qui est rare à l’heure où les reports successifs depuis un an et demi et la récente mise en place du Covid Safe Ticket en ont refroidi plus d’un. La marque de fabrique des Nuits du Botanique consiste à proposer chaque année une affiche alliant  découvertes et valeurs sûres. Sans discussions possibles, Sébastien Tellier fait partie de ces pointures. Quand on regarde dans le rétroviseur, on se rend compte que cela fait maintenant déjà 20 ans  que SÉBASTIEN TELLIER prêche pour sa paroisse hédoniste et musicale.
Mais la soirée débute tout d’abord avec LARISSA KIM’S ONEIRONAUTS. Il s’agit d’une production unique présentée dans le cadre du festival. Sa chaude voix venue du Sud est accompagnée de 3 musiciens. Durant une heure elle va diffuser ses ondes posées et sensuelles sous le chapiteau avec des compositions en partie influencées par le trip hop de Massive Attack et de Portishead. Des touches de World music viennent se greffer à l’ensemble. Cependant, certains passages plus expérimentaux et joués à très faible volume ont par moment comme fâcheuse conséquence d’un peu perdre le public. L’ambiance générale est malgré tout des plus relax et chacun en profite pour tranquillement terminer l’apéro avant le gros plat de résistance attendu de tous ce soir.
A la suite de cette première partie, les techniciens préparent la scène pour le concert du souverain pontife. Les instruments (un piano, des synthés, beaucoup de synthés même, une basse, quelque guitares et une batterie) sont disposés en demi-cercle de manière à ce que l’ensemble des musiciens et SEBASTIEN TELLIER puissent se voir durant tout le concert. Alors que l’horloge vient tout juste de passer le cap des 21H (heure initiale prévue pour le concert), le public se met à hurler pour manifester son impatience. Cette impatience est comblée une trentaine de seconde plus tard alors que les lumières s’éteignent. Et là ça devient la folie totale avec des spectateurs qui se mettent à hurler, à frapper des pieds sur le plancher du chapiteau, le nom de Sébastien est scandé de toute part.

Les musiciens prennent places et Sébastien Tellier arrive ensuite sur scène d’un pas lent, lunettes noires et casquette vissée sur la tête, vêtu d’un pantalon blanc et d’une sorte de chemise en mode « boule à facette » qui réfléchit la lumière des projecteurs. Le jeu de lumière est tout en contre-jour, et il est dès lors difficile d’apercevoir quoi que ce soit de son visage, caché derrière sa chevelure et sa longue barbe. Ce sont ces différents éléments qui ont construit l’icône scénique qu’est depuis pas mal de temps maintenant Sébastien Tellier. Il est donc fidèle à lui-même. Sur son piano est posé un verre de vin qu’il va boire généreusement tout au long du concert. Pareil pour le paquet de cigarettes qu’il va fumer aussi tout au long de la soirée. Ses postures et ses pas de danses sont aussi ceux du roi de la nuit d’une soirée disco-sensuelle (avant de virer sexuelle).

Mais dans un premier temps il s’installe à son piano pour démarrer ce qui va s’apparenter à une cérémonie d’adoration plus qu’à un concert traditionnel. Les premières notes de « Sexual sportswear » sont alors jouées. Ce qui a pour conséquence de déclencher les cris de la foule. Ce premier titre résonne comme un hymne rétro-futuriste qui monte, qui monte, et monte encore, avec un jeux de lumières disco multicolores. Après un passage où Sébastien est seul avec son piano, le groupe redécolle pour de bon cette fois, servi par des vagues de synthés qui se superposent et par une grosse basse qui gronde. « Fingers of steel » qui suit est dans la même lignée. Sur « Ricky l’adolescent » le tempo se fait plus posé, plus sensuel, on retrouve un phrasé qui nous évoque les années d’un Gainsbourg planant sur scène.

Sébastien Tellier continue de voyager au sein de sa discographie avec «L’amour naissant » issu de l’album « Confection ». L’ambiance se fait contemplative. Sébastien prend ensuite la parole pour s’adresser à ses fidèles à qui il déclare que ce soir à Bruxelles nous nous sommes tous rassemblé pour célébrer le plaisir, et de conclure de la manière suivante : « alors bisou » !  Il flatte également le public avec quelques petites révérences. Sur « Stuck in a summer love », la voix de Sébastien se fait robotique tout en étant illuminée par différents effets sonores. « Comment revoir Oursinet ? » est emmené en piano-voix. Mais c’est un piano-voix désespéré jusqu’à ce que Sébastien ne s’empare d’une guitare pour déclencher un embrasement électrique. Le même embrassement se produit lorsque dans le texte de la chanson, Sébastien lâche je t’aime encore. Le public se met à hurler son adoration pour le gourou de la soirée. La suite du concert est chargée, avec notamment « Cochon ville » qui fait danser tout le chapiteau. Sébastien y chante prosterne-toi avant de se transformer en véritable guitariste héroique. « Roche » fait monter la température et tout le chapiteau se transforme alors en palais de la sensualité avec des spectateurs qui dansent lentement en rythme. Pas besoin de vous faire un dessin sur ce qu’il se passe au moment où il chante amoureuse de Sébastien.

Il ne faut pas plus de 3 notes de piano pour que « La ritournelle » ne déclenche une énième vague de cris et de hurlements au sein d’un chapiteau devenu dancefloor depuis longtemps déjà. La partie principale du set s’achève avec « Domestic Tasks » et sa rythmique new beat en provenance des 90’s. Le son est énorme avec une grosse basse qui enrobe la voix robotique de Sébastien. Les synthés finissent de constituer une atmosphère sombre et inquiétante.Le lightsshow devient de plus en plus violent, se calant au rythme de la longue montée en pression que constitue ce morceau. Le finale est tout simplement une orgie apocalyptique de synthés sursaturés et de stroboscopes. Sébastien quitte la scène sous une couverture sonore de cris et de bras levés.

Les cris couvre la voix de Sébastien qui remercie le public au moment du rappel. Il s’empare alors d’une guitare acoustique pour jouer le titre « Fantino ». En arrière fond sonore, il y a des nappes de synthés dont Moby pourrait revendiquer la genèse. Ce titre instrumental est écouté religieusement par le public. Arrive ensuite ce qui va constituer peut-être le moment le plus intense et le plus marquant du concert. Le son des synthés se fait énorme, monstrueux et écrasant, les lumières se font blanches et syncopées. La tension est énorme et quelques notes s’échappent alors d’un piano avec pour conséquence de faire rugir la foule comme elle ne l’avait pas encore fait jusque là : « L’amour et la violence » s’annonce. Sébastien Tellier est sur l’avant de la scène face à un public complètement absorbé par le texte et la mélodie de ce titre magnifique. Un coup de basse synthétique est asséné, déclenchant une salve de stroboscope. Le tableau d’ensemble est puissant, profond et d’une sensibilité émotionnelle palpable. On retient notre souffle. Le groupe enchaîne ensuite sur « Stunt » (enregistré avec Mr Oizo) et sa rythmique technoide lancée à cent à l’heure. Un des musiciens se met à danser sur le devant de la scène avant de se jeter dans le public. On pense la fin du concert arrivée mais une fois encore le public en redemande et c’est avec une reprise du titre « La Dolce Vitae » de Christophe que Sébastien Tellier et ses musiciens achèvent la soirée.

 

Le retour aux concerts normaux est définitivement un très bonne chose. On n’avait plus assisté à une telle folie, une telle ferveur adoratrice et à une hystérie collective digne des plus grandes icônes du rock depuis bien longtemps, à l’exception peut-être du phénomène Maneskin cet été à Ronquières. Sébastien Tellier a galvanisé une foule, déjà convaincue et conquise on vous l’accorde, mais qui n’attendait que la petite étincelle pour entrer dans une transe collective tout à fait jubilatoire.
 
SETLIST – SEBASTIEN TELLIER – BOTANIQUE – 17/09/2021
Sexual Sportswear
Fingers of steel
Ricky l’adolescent
L’amour naissant
Stuck in a summer love
Comment revoir Oursinet ?
Cochon Ville
Kilometer
Look
Roche
La Ritournelle
Domestic Tasks
Fantino
L’amour et la violence
Stunt
La Dolce Vita (cover Christophe)


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