Il y a presque 40 ans jour pour jour, le 29 septembre 1981 exactement, INDOCHINE donnait son premier concert dans le club parisien du Rose Bonbon. Le groupe de Nicola Sirkis a profité de cet anniversaire pour offrir un concert au le public belge qui a toujours manifesté sa ferveur à l’égard du groupe, même dans le creux de la vague des années 90. C’est un concert surprise et gratuit qui a été offert aux spectateurs rassemblés sur une Grand Place de Bruxelles bondée ce samedi soir. [caption id="attachment_19934" align="aligncenter" width="300"] © Eric Danhier-Ville de Bruxelles[/caption]

Le concert a été annoncé sur les réseaux sociaux mardi midi, soit 4 jours à peine avant l’événement, créant ainsi un joli petit buzz et une belle bataille rangée de 30 minutes à peine pour obtenir des tickets. Cette annonce était d’autant plus surprenante au regard des échanges glaciaux auxquels on a pu assister récemment entre la Ville de Bruxelles et Indochine. En effet, il y a quelques mois, le groupe avait lancé la ventes des billets d’une tournée des stades qui ne passerait pas par la Belgique, le Stade Roi Baudouin ayant été jugé “indigne d’accueillir le public”. Au delà de la déception des nombreux fans belges du groupe, cette petite phrase avait pris une tournure politique inattendue au niveau de la Ville de Bruxelles, avec quelques échanges assez directs par voie de communiqués de presse interposés. L’eau semble avoir coulé sous les ponts et c’est tant mieux pour tout le monde, surtout pour les 5000 privilégiés qui ont assisté au concert.

C’est donc en début de soirée que nous sommes entrés sur une Grand-Place déjà bien remplie. La météo est idéale et l’ambiance générale est à la fête alors que le soleil se couche doucement. Le fond sonore d’ambiance devient plus rythmé et plus intense maintenant que la nuit est tombée pour de bon. Les magnifiques façades des monuments de la Grand-Place sont éclairées de toute part par un jeu de lumières dynamiques. Le soirée sera visuellement immersive dans ce splendide cadre. Le public commence à se manifester très bruyamment. La clameur se transforme ensuite en hurlements généralisés lorsque, dans l’obscurité, des ombres montent sur scène. Le groupe se met en place et suite à une intro aux sonorités électroniques, les premiers coups de batterie lancent le très efficace electro-rock “Station 13” issu du dernier album studio en date (sorti il y a 4 ans déjà). Nicola Sirkis y chante Tous mes héros sont morts, en référence aux disparitions de David Bowie et de l’écrivain Salinger. Le refrain est repris en chœur par une foule dont les héros ne sont clairement pas encore morts. De fait, quelques minutes plus tard c’est le refrain du titre “Marilyn” qui est scandé à gorge déployée par une Grand-Place transformée en chaudron : nous on veut vivre encore plus fort.

[caption id="attachment_19935" align="aligncenter" width="302"] © Eric Danhier-Ville de Bruxelles[/caption]

Sur scène tout est carré, calibré et très pro. Nicola Sirkis semble enfin s’être décidé à assumer son âge sans tricher, fini les cheveux blonds platines, place au gris. Par contre, en ce qui concerne la couleur des vêtements, le noir reste de rigueur. Les autres membres du groupe font également dans la sobriété à ce niveau, sauf Boris Jardel et Oli de Sat, les deux guitaristes, qui ont fait respectivement péter le costard à carreaux gris et le pantalon à ligne blanche. La grosse caisse de la batterie est affublée du chiffre “40” en référence à l’anniversaire du groupe. Bref, sur scène, ça envoie du lourd. Visuellement c’est impressionnant avec ces jeux de lumières à 360 degrés autour des spectateurs, et ce jusqu’au sommet de la tour de l’Hôtel de Ville. On a notamment fortement apprécié l’éclairage sur les colonnes gothiques de la façade de la Maison du Roi. De quoi se projeter plus loin et imaginer le groupe se produire en live au sein d’une abbaye. Ça aurait franchement de la gueule. 

[caption id="attachment_19940" align="aligncenter" width="450"] © Eric Danhier-Ville de Bruxelles[/caption]

Par contre l’histoire se complique un peu au niveau de la puissance sonore : trop faible pour permettre aux titres du groupe de pouvoir développer tout leur relief et toute l’énergie que l’on peut retrouver dans pas mal de chansons aux mélodies et refrains fédérateurs. Ce faible niveau sonore semble s’expliquer par la configuration et la spécificité du lieu qui est une véritable caisse de résonance. Mais pas de quoi atténuer l’enthousiasme des spectateurs qui ont transformé la Grand-Place en karaoké géant, quitte à régulièrement couvrir le son des enceintes. 

[caption id="attachment_19937" align="aligncenter" width="450"] © Eric Danhier-Ville de Bruxelles[/caption]

Prévu pour une durée d’une heure et demi, la playlist est dense et oblige forcément le groupe à faire des choix et à sacrifier des pans entiers de sa discographie. Le concert est clairement orienté vers l’efficacité live avec tous les hits du groupe, ceux des années 80 et les plus récents des années 2000. Nicola Sirkis retient toute l’attention du public et occupe une place centrale sur scène.  Il n’hésite pas non plus à partir à l’assaut de l’avancée mise à sa disposition. Sur “Tes Yeux Noirs”, il descend même de la scène pour aller checker les mains des premiers rangs. Pas de bain de foule pur et dur, la situation sanitaire en cause, mais malgré tout un contact direct avec le public. On notera aussi une minute d’applaudissements en hommage aux victimes des inondations de cet été, mais aussi pour les victimes du covid-19 et pour tous les services médicaux et de secours qui sont encore sollicités à l’heure actuelle par la crise sanitaire.

[caption id="attachment_19938" align="aligncenter" width="449"] © Eric Danhier-Ville de Bruxelles[/caption]

La Grand-Place se pare des couleurs de l’arc-en-ciel sur “3ième sexe” qui est joué dans une version mélangeant les derniers arrangements électro de la récente version du titre en duo avec Christine and The Queens, avec des sonorités plus rock, toutes guitares en avant. Guitares en avant aussi sur “Song for a dream”, “Electrastar” et “Alice & June”. La dernière partie du concert peut ensuite être lancée pour interpréter les incontournables succès du groupe : “Trois nuits par semaine”, “J’ai demandé à la lune” et l’intemporel “L’aventurier”. Sur ce dernier titre, Nicola Sirkis se lance dans une reprise du refrain de “Love will tear us apart” de Joy division au milieu du titre. Ça passe crème.

[caption id="attachment_19944" align="aligncenter" width="449"] © Eric Danhier-Ville de Bruxelles[/caption]

En rappel, Indochine revient jouer le titre “Nos Célébrations”, sorti au printemps 2020 à l’occasion de l’anniversaire du groupe. Il constitue une pertinente synthèse de la carrière du groupe, aussi bien dans son texte que dans ses sonorités et sa mélodie. Ces fameuses célébrations faisant clairement référence aux concerts et tournées du groupe qui, depuis quarante ans, rassemblent un public de passionnés (de manière démesurée parfois) et brassant les générations. Ce dernier titre est la meilleure manière de conclure un set qui aura finalement duré une heure quarante-cinq. Les spectateurs sont ensuite partis inondés les bars du centre de la capitale pour fêter et célébrer ce qui a été une belle soirée pleine d’insouciance, la première depuis la crise du Covid-19 pour beaucoup d’entre-eux.

[caption id="attachment_19946" align="aligncenter" width="455"] © Eric Danhier-Ville de Bruxelles[/caption]

Indochine est un groupe pop-rock fédérateur, au même titre que Coldplay à l’échelle internationale. On peut reprocher au groupe certaines facilités et formules musicales à l’efficacité assurée, limitant ainsi la prise de risque dans ce domaine. Mais Indochine reste, en concert, malgré les années qui passent, une machine de guerre ambitieuse et novatrice, qui jamais ne dupe le spectateur, fan ou profane.

INDOCHINE – Grand-Place de Bruxelles – 25 Septembre 2021

Station 13 – Marilyn – Electrastar – Miss Paramount – Un été français – La vie est belle – Tes yeux noirs – Nos célébrations – College boy – Alice & June – 3ième sexe – Trois nuits par semaine – L’aventurier – J’ai demandé à la lune – Nos célébrations

[caption id="attachment_19955" align="aligncenter" width="300"] © Eric Danhier-Ville de Bruxelles[/caption]

 

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