Une fois n’est pas coutume, c’est un concert initialement prévu il y a bien longtemps que nous sommes allé voir à LA MADELEINE à Bruxelles il y a quelques semaines (16/10/2021). De reports en reports on avait fini par croire que jamais YKONS ne pourrait venir célébrer la sortie de leur nouvel EP sur scène. Le single “Sequoia Trees” tourne sur les ondes depuis quelques mois déjà. Il a récemment été rejoint par le titre “Time”. Et c’est finalement le 15 octobre que le fameux EP “Colors and lines” est sorti. Place au live maintenant dans une Madeleine plus que généreusement garnie. Si vous avez aimé les meilleurs tubes pop de Coldplay, Snow Patrol, Editors et Imagine Dragons, vous aimerez Ykons. On vous raconte tout ça. Mais la soirée commence avec DOOWY qui assure la première des deux premiers parties au programme ce soir. Si vous n’avez pas suivi c’est pas grave. Le jeune chanteur guitariste propose une pop  dansante chantée en français aux sonorités synthetiques. Sa voix suave se charge de rendre l’ensemble sexy, même sur une surprenante reprise d’ “Alexandrie Alexandra” de Claude François. Son single “fragile” fait aussi son effet sur un public déjà nombreux et dont on aperçoit les têtes qui hochent au rythme de la musique. Place ensuite à ELIA  ROSE, un tout petit bout de femme (oui elle est toute petite) qui se pointe sur scène avec sa veste paillette et son sy’the en bandoulière. “Back to the eighties and the neighties” avec des compositions aux influences disco et groove qui nous évoquent L’impératrice. Il y a là aussi une reprise tout en douceur de Withney Houston. Il est 21 heures lorsqu’un public déjà bien chaud-bouillant se met à hurler alors que les lumières s’éteignent dans La Madeleine. Des notes de guitares lointaines se font entendre puis un grand coup de percussion vient annoncer l’ouverture des festivités. Ykons entame son set avec le titre d’ouverture de ce nouvel EP « Colors and lines ». Ce morceau fait la part belle aux guitares électriques conquérantes et aux rythmiques percutantes, avec quelques synthés sidéraux en arrière fond. La foule se met à frapper dans les mains avec vigueur au rythme du martellement des fûts de Renaud Godard, le chanteur du groupe. C’est propre, entrainant et puissant, sans être agressif. Le quintet enchaîne ensuite avec « Have a great crash » qui ouvrait le premier album du groupe, « Reflected ». On sent que le public connaît bien la discographie du groupe puisque des cris se font entendre dès les premières notes du titre. Le titre alterne les passages contemplatifs avec de lumineuses tempêtes de guitares. Le lightshow qui accompagne chaque titre a été travaillé sur mesure et dans le détails pour retranscrire toute l’énergie et la lumière des morceaux. Ykons fait effectivement partie de ces groupes qui ont choisi la voie de la lumière (n’y voyez aucune référence religieuse). Et sur scène tout est aussi millimétré, sans pour autant empêcher les musiciens de s’en donner à cœur joie. On continue l’aller-retour discographique avec le single « Sequoia Trees » et son refrain imparable et explosif. Explosif mais sans être dans l’excès là non plus. On pourrait reprocher au groupe un coté parfois trop « calibré FM » alors qu’on voudrait que les morceaux s’envolent avec un peu plus de brutalité. Mais à quoi bon puisque ce qu’ils proposent au public réussit justement à apporter cette puissance du rock sans tout casser sur son passage. Même constat pour le titre « Lights up », plus électro que le reste, mais avec la même efficacité et force mélodique sur le refrain. En live, le titre prend un relief vraiment très intéressant. Le second single issus du nouvel EP, « Time », qui possède lui aussi une fameuse force de frappe est joué dans une version piano voix malheureusement un peu parasitée par les piliers de comptoir qui traînent au bar. Mais lorsque le refrain du morceau est repris à gorge franchement déployée par toute La Madeleine, on ne les entend plus. Ykons sollicite régulièrement le public au cours du set, pour chanter, tapper dans les mains, danser, sauter, de quoi maintenir une énergie constante tout au long du set. Le titre « Belong to you » est plus posé et un ton en dessous du reste de ce nouvel EP. Cette impression se confirme en live. Après « Like a father », Ykons entame ce qui est pour nous le titre le plus démonstratif de la qualité, voir même de l’expertise musicale du groupe. Le titre « Reflexion (part 1 & 2) » se construit en une succession d’ambiances sonores où les passages planants et les chevauchées galopantes et sauvages s’enchaînent dans des sonorités pop, rock et presque techno par moment. Ce titre a quelque chose qui les rapproche du post-rock mais calibré pour toutcher un plus grand public (là aussi n’y voyez pas quelque chose de péjoratif), sans faire le choix de la facilité et de l’efficacité mélodique non plus. Le lightshow gagne encore alors en puissance avec un jeu de lasers qui fusillent la salle dans tous les sens. On sent que le groupe a mis les moyen et que c’est sur scène qu’ils souhaitent pouvoir exister autant que possible. Place ensuite à une reprise avec « Papillon », LA chanson d’Editors qui fait décoller toute la plaine de Werchter à peu près tous les deux ans. La version proposée est plus posée et nuancée, le groupe ayant notamment retirer les fameuses notes de synthés qui ont fait la marque de fabrique du morceau. Cette interprétation n’en reste pas moins intéressante et les fameuses notes de synthés refont sobrement surface au cours du morceau, par l’intermédiaire de la guitare électrique. La fin du set se profile déjà avec « Silent world » et ses airs de ballade à écouter en regardant splendide panorama. Lequel ? Peu importe, tant qu’il est splendide. Il est ensuite temps de transformer La Madeleine en dancefloor volcanique. Les clubs ont réouverts depuis le 1er octobre, on peut donc s’en donner à coeur joie avec « Red Lights ». Une longue intro aux penchants électroniques, un chanteur qui s’en va haranguer la foule depuis l’espace PMR avant de retourner jusqu’à la scène par la fosse, les lasers qui continuent de partir dans toutes les directions… ca y est les chevaux sont lâchés définitivement ! Le titre possède là encore un refrain à rendre jaloux un bon paquet de compositeurs à la recherche d’une mélodie accrocheuse, efficace et autoritaire. Le titre se prolonge dans l’euphorie générale. Probablement le titre le plus efficace de toute la discographie du groupe qui quitte la scène une première fois. On vous laisse imaginer le niveau de décibels engendré par des spectateurs dont l’enthousiasme ne devait déjà plus être démontré. Le groupe revient pour une version débranchée de « Sequoia Tree », et une version rebranchée de « Time ». La fonction tubesque de ce dernier titre passe l’épreuve du live avec une très grande distinction à la clé. La chorale de La Madeleine se chargeant de couvrir la voix et la musique sur chaque refreain. Le groupe remercie longuement le public qui ne semble pas décidé à en rester là. Et celui-ci obtient gain de cause puisque « Sequoia Tree » est rejoué (la troisième fois ce soir donc) en version électrique dans le cadre d’un rappel totalement improvisé. La soirée se conclut dans une émotion palpable sur ses mots de Renaud Godard : La vie est une fête ! Avec ce nouvel EP, les membres d’Ykons sont dans la continuité logique de leur premier album, ils ne révolutionnent pas le style pop-rock accessible dans lequel ils évoluent. Accessible mais pas simpliste. On sent par contre qu’ils ont eu le temps de travailler la production des morceaux jusque dans les moindres détails, encore plus que sur leur premier album qui avait déjà bénéficié de ce traitement avantageux. En conclusion de cette soirée on peut écrire que ce n’est pas parce qu’un groupe est belge qu’il ne peut pas avoir les mêmes ambitions musicales que les grands frères anglo-saxons qui ont l’avantage d’être portés par des machines marketing hors-catégorie, parfois injustifiées. Ykons possède clairement les morceaux et la présence scénique pour viser bien plus haut et bien plus grand que La Madeleine. On leur souhaite que cette soirée ne constituait d’une certaine manière qu’une étape intermédiaire dans le développement de leur projet.]]>

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