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Le set électro sombre et fascinant de RARI au Botanique

RARI est un producteur de musique électronique belge que l’on avait découvert en première partie de Thylacine à La Madeleine il y a deux ans de cela (notre review est à lire ICI). On était resté scotché par la le coté galactique et percutant de sa musique, entre glaciation spatiale et dancefloor bondé et dégoulinant de sueur. Fin octobre, il a rempli LA ROTONDE DU BOTANIQUE pour présenter son double EP « The Arch » dont chacun des volumes est sorti respectivement au printemps et à l’automne de cette année. Un artiste à aller écouter et découvrir en live dès que possible.

La soirée début tout d’abord avec le projet électro-classique de MACGRAY qui monte sur scène alors que La Rotonde se remplit doucement. La tête pensante et compositrice du projet occupe la place centrale avec ses machines et ses synthés. Il est accompagné d’une choriste qui joue également de la flûte traversière, et d’un second choriste-percussionniste. On vous avait déjà parlé de son premier album sorti en 2020 (lire notre article à ce sujet ICI). Le premier morceau donne le ton avec des sonorités et mélodies qui nous rappellent le titre phare de « A room with a view », le dernier album de Rone. Le second titre pourrait clairement être la BO d’un film dont on aurait confié la composition à Hans Zimmer : puissant, profond et émouvant. Au cours de cette traditionnelle demi-heure qui compose la première partie, Mac Gray se lance aussi dans un titre plus débridé, aux accents de piano jazz, où viennent se greffer la fameuse flûte traversière et toute une machinerie électronique et rythmique. Le set est dense et varié. Le public, bien qu’étant assis (mais on voit toutes les têtes bouger en rythme), fait preuve d’une grande attention avant d’applaudir longuement entre chaque titre. Cela valait vraiment la peine d’être là pour la première partie de ce soir. Et le public était d’ailleurs là en connaissance de cause.
Place ensuite à RARI qui monte sur une scène dont le seul artifice est cette grande table noire sur laquelle est posée un PC dont s’échappent quelques câbles emmêlés vers de discrètes consoles. Le set commence avec des nappes mélodiques sombres et lentes, légèrement inquiétantes. Un court silence se fait entendre avant que la grosse attaque sonore ne percute La Rotonde. C’est une rythmique massive et martiale mais dansante que Rari balance sur la foule, les yeux rivés sur son écran. De temps à autre il lève les yeux vers le public, un léger sourire au coin des lèvres. Ses compositions se construisent à base de sonorités spatiales, de voix angéliques et synthétiques qui se perdent en échos. Toute La Rotonde tremble alors dans une ambiance de synthwave qui oscille entre lumière et obscurité s’installe.
Le second titre possède un rythme plus rapide avec une rythmique faite de breaks qui permettent de mieux frapper ensuite. La puissance sonore est juste hallucinante, on sert les dents a chaque vague de basses. Tout ça sur fond de sonorités eighties qui caractérisent les deux EP que le jeune homme a récemment sorti. Le titre suivant prend des airs carrément jubilatoire que le compositeur M83 n’aurait pas renié. Les synthés y explosent pour de bons et libèrent une meute de notes dansantes. Progressivement le set se fait moins contemplatif, plus dense et frénétique.
RARI a le talent de ceux qui ne se contentent pas d’appliquer certaines constructions sonores au succès facile et assuré. Il prend des risques, explore et s’en va vers des contrées plus expérimentales et aventureuses. L’effet stéréo de la salle accentue l’idée du mouvement et du voyage sonore vers les contrées d’une autre galaxie.  Il y a un peu de Vitalic dans tout ça, mais dans une version moins incisive, quoique. Il y aussi du Depeche Mode dans ses heures les plus sombres des années 80. Ça sonne aussi parfois comme du Chromatics, du Perturbator et du Scratch Massive. On est quelques part entre le bal des vampires dans un manoir hanté et la rave party dans un entrepôt désaffecté. Toutes ces frontières sont tombées. Et alors qu’on pense que l’on va rester dans ce registre de célébration agréablement lugubre, l’ambiance se fait quasi solaire, le kiff est total, happés que nous sommes par la musique du titre « Laika ».
Pour la dernière partie du set, on se retrouve embarqué dans une folle épopée que rien ne semble vouloir arrêter avec le titre « Quantics ». Ce titre possède la magie des « track » qui peuvent devenir légendaires et marquer pour des années (voir des décennies) la musique électronique. Si les algorithmes décidaient de, pour une fois, bien faire leur travail cela pourrait se concrétiser (Spotify si tu nous lis…). Le rythme roule et déboule dans une Rotonde qui danse avec conviction et bonheur. Les montées de beats sont tournoyantes et les explosions synthétiques qui en découlent n’en sont que meilleures. Le petit passage plus aérien au cours du morceau permet d’ensuite relancer cette fantastique machine avec encore plus de punch. Et pourtant, à aucun moment, le morceau ne bascule dans l’excès et la saturation. Le public se met véritablement à hurler de plaisir ! En rappel, Rari va envoyer un dernier assaut qui va cogner très très fort avec le titre « Gallows » et ses airs de techno berlinoise bien massive. Il ne reste plus maintenant qu’à vérifier qu’il y a pas trop de plâtre qui s’est détaché des murs du Botanique.
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