La Flandre est réputée depuis bien longtemps pour être un terreau fertile en matière de groupe de rock aux influences anglo-saxonnes. On ne compte plus les groupes venant des plates contrées du Nord et dont la carrière a rapidement pris une tournure internationale, en plus d’un succès parfois colossal au niveau local. Les Limbourgeois de ZORNIK en font partie avec des sonorités qui nous rappellent Muse et Placebo. Et sans avoir l’air de rien, Zornik accumule déjà vingt ans de service au compteur, depuis la sortie de leur premier single “Love Affair” en 2001. De quoi renvoyer certains d’entre nous vers leur adolescence et l’excitante découverte des guitares électriques saturées. Les voilà sur la scène de l’Ancienne Belgique ce samedi soir pour fêter ce vingtième anniversaire.

C’est le duo belgo-néerlandais guitare-batterie de BOSKAT qui ouvre la soirée dans un style rock bien massif et sauvage. C’est complètement débridé et punk dans l’esprit : spontanéité, fraicheur et finalement quelque chose de très juvénile. Les énormes riffs de guitares bien abrasifs nous rappellent par moment les titres les plus nerveux des Queens Of The Stone Age ou de Rage Against The Machine. Le duo invite  aussi sur scène une chanteuse qui défonce tout sur son passage dans un style entre rap et métal. On retrouve aussi des riffs de guitares venus de l’enfer qui nous font penser à ACDC. L’énergie qui se dégage est assez impressionnante, c’est un fougueux et joyeux bordel sur scène : des pieds de micros tombent, un câble rend l’âme au milieu d’un morceau, le batteur se chargant alors d’improviser un solo le temps que le câble fautif soit remplacé. Le duo nous a fait penser aux Belges de La Jungle, autre duo guitare-batterie aux prestations live brûlantes et sans limites. Le public de l’Ancienne Belgique est unanime et salue bruyamment leur prestation. Leur stand merchandising sera d’ailleurs pris d’assaut à la fin de la soirée. Un signe qui ne trompe pas.

C’est au son du très massif “Epic” de Faith No More que le public attend le début du concert de ZORNIK. Les dernières notes du piano du titre résonne dans la salle et l’obscurité s’empare de l’AB qui affiche complet ce soir. Une série de stroboscopes se mettent alors à flasher intensément en direction du public alors que des sons distordus sortent des enceintes. Le groupe prend place sur la scène et les premiers accords de “You move me” se font entendre alors que Koen Buyse se met à chanter les paroles de ce titre issus de 2002. Le premier refrain vient donner le ton pour le reste de la soirée : puissant, efficace, facilement imprimable dans la tête et que l’on peut chanter à gorge déployée. Musicalement Zornik reste fidèle à son registre rock alternatif avec des morceaux majoritairement joués à deux guitares électriques, en plus des traditionnels basse, batterie et synthé. Ces derniers permettent en effet d’apporter une touche plus chaude et ondulante aux mélodies, en plus de quelques petites arrangements plus électro, comme sur le très éclatant et lumineux “Believe in me”.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, Zornik reste un groupe de rock pur et dur à l’efficacité mélodique indéniable. Il en résulte des sons et des riffs de guitares redoutables et musclés, bien saturés pour tout écraser en cours de route. On en revient alors à ce comparatif initial avec Muse, la folie grandiloquente du groupe anglais en moins. Et c’est d’ailleurs ce qui explique peut-être le fait que la carrière de Zornik, en dehors des frontières nationales, bien que plus qu’honorables et couronnée de beaucoup de jolies scènes, n’a jamais vraiment pu exploser pour de bon. Comme beaucoup de groupes de rock flamands, ils produisent une musique plus que bien foutues et efficaces aussi bien pour le live que pour les radios, mais sans se permettre la folie et les excentricités d’autres groupes anglophones. Et soyons très honnêtes, à style musical égal, un groupe de rock anglais sera par principe toujours plus vendeur et glamour pour le public et une maison de disque qu’un groupe belge. Tout cela est probablement culturel. Tant mieux pour nous, cela nous permet d’avoir plus de concerts de Zornik à proximité.

Les titres, pour ne pas dire les hits, s’enchainent sans baisse de régime. Et lorsque le groupe se pose quelques instants c’est pour remercier le public d’être présent malgré le retour en guest-superstar non-conviée du masque. Port du masque, il faut le dire, très bien respecté dans l’ensemble. Mais ce satané masque n’empêche cependant pas le public de donner de la voix à gorge déployée et de couvrir de temps en temps la voix de Koen. Et il faut bien le dire c’est lui qui centralise majoritairement l’attention sur scène, arpentant celle-ci d’un bout à l’autre. C’est le cas par exemple sur “The Backseat” où son interprétation et sa voix nous font penser au jubilatoire “Glorious” d’Andreas Johnson (la chanson de la pub Nutella). Il arpente aussi régulièrement la scène avec sa guitare où il multiplie les poses de guitar-héro et autres pas de danses sur certains passages bien couillus sous forme de surrégimes électriques et explosifs.

Afin de soulager nos tympans mis à rude épreuve depuis une bonne heure, le groupe se pose quelques instants, le temps de quelques titres plus posés, plus acoustiques, moins électriques. La jolie ballade “I feel alright” en fait partie. Mais la machine à tubes rock se remet ensuite en route pour une dernier quart d’heure enflammé où l’AB se transforme en chaudron hurlant. Le très électrique et intense “Black hope shot down” est envoyé avec détermination par un groupe qui se lâche dans des gros instrus destructeurs qui nous évoquent les prestations live colossales de Muse sur des titres comme “Stockholm Syndrome” ou “Hysteria”. La batterie est percutée de toute part, la basse est énorme et vrombit dans toute l’AB, alors le public bat la mesure en secouant la tête au rythme de ce titre monstrueusement efficace. Le lightshow est du même gabarit : fracassant et puissant à la fois.

Mais Zornik n’en a pas encore fini puisqu’il reste encore deux titres à jouer : le très radiophonique “Scared of yourself” et son refrain power-rock chanté par une Ancienne Belgique qui se replonge durant quelques minutes dans l’énergie et l’insouciance de sa jeunesse (non on est pas vieux). Il en va de même avec le volcanique “Goodbye” où out n’est que puissance : le riff de guitare y est démesuré, la section rythmique y est atomique, la voix et la mélodie du refrain y sont jubilatoires. Là aussi, la grande chorale de l’AB se remet en branle pour hurler joyeusement le paroles de ce dernier titre. Le morceau s’achève mais le public continue de chanter en boucle le refrain. Le groupe en profite de longues secondes avant de relancer la machine électrique pour un ultime round, comme si les années qui passaient n’avaient pas de prises sur le public et le groupe. Il est bien connu que le rock est une bouillante potion magique qui permet de ne pas vieillir, ou alors très lentement.

ZORNIK – ANCIENNE BELGIQUE – 20/11/2021

You move me – Walk – My friend my stranger – Love affair – Hey girl – The enemy – It’so unreal – Get Whatever you want – Pin me down – Believe in me – The backseat – I feel alright – 4 million minutes – Scared of yourself – Black hope shot down – Goodbye

 

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