Pour son premier concert de l’année 2022, SCENES BELGES a pris la direction du Botanique pour assister au concert d’ANTOINE WIELEMANS. Le chanteur-guitariste de Girls In Hawaii a en effet sorti un album en solo en français à l’automne dernier. Pas besoin de vous faire un dessin pour vous expliquer que le défendre sur scène n’a pas été la chose la plus simple du monde jusqu’à maintenant. C’est donc à la fois avec enthousiasme et curiosité que nous sommes partis à la découverte de cette échappée solitaire intitulée “Vattetot”.

Mais c’est d’abord le chanteur guitariste bruxellois ARNAUD HERON qui va proposer une série de chansons pop et folk épurées en première partie. Une prestation tout à fait agréable et douce. Son jeu de guitare et son chant nous font penser à M et à Saule dans leurs titres les plus intimistes. Avoir ce garçon en petit comité dans notre salon pour qu’ils interprètent ses chansons doit être plus plaisant encore.
Comme toujours au Botanique, on fait preuve de ponctualité. C’est donc à 21h pile que le concert commence sur le thème de Twin Peaks : ambiance mélancolique et synthétique sous un éclairage bleu et vaporeux. Antoine Wielemans entre sur scène en toute simplicité, accompagné de deux claviéristes. Le premier grand écart artistique de l’artiste sur ce premier album solo provient du fait qu’il chante en français. Nous n’y sommes pas habitués et il nous faut quelques instants pour intégrer cette spécificité et surtout ces intonations nouvelles pour l’artiste. La seconde grande caractéristique de cet album se trouve dans la présence récurrente d’un piano aux sonorités classiques, accompagné de quelques synthétiseurs plus électrifiés. Mais c’est malgré tout une série de titres clairement orientés vers la chanson française indé et mélancolique qui composent ce premier album. Les textes sont effectivement dans un registre souvent contemplatif, comme sur “Bruxelles” par exemple.
La première partie du concert est consacrée à l’interprétation de ces morceaux. Antoine confie son plaisir de pouvoir développer un aspect artistique qui lui tient à cœur et qu’il n’avait jamais eu l’opportunité de concrétiser jusqu’à maintenant. Mais malgré tout, on retrouve de temps en temps quelques sonorités de guitares ou des arrangements qui ont fait le succès et la marque de fabrique de Girls In Hawaii. Sur le titre “De l’or”, on retrouve par exemple quelques notes de synthés qui nous rappellent le titre “Différent” issus du dernier album en date du groupe. Cependant ces références musicales sont très loin d’être excessives. Le titre “Fin de l’été” est probablement celui que l’on peut rapprocher le plus du répertoire de Girls In Hawaii. Mais limiter ce concert à un trop simple comparatif entre les compositions solitaires d’Antoine et des Girls In Hawaii serait injuste au regard de la diversité et de la cohérence de ce qu’il propose sur ce premier album. C’est ainsi qu’on retrouve une douce trompette sur l’un ou l’autre titre. Il y a aussi quelques jolis solos de guitares magistralement mis en valeur par un jeu de lumières discret et étincelant à la fois, comme sur le titre “Ici” grâce à une boule à facette.
Avec un album composé de 9 titres pour un total de 35 minutes, Antoine Wielemans fait le choix des reprises pour venir compléter la setlist du concert de ce soir. Il évite ainsi le piège de la facilité en allant piocher dans le répertoire de son groupe. Cela lui donne la possibilité de pouvoir développer de manière très personnelle son projet, sans toute la pression et l’attente du public qui entourent depuis près de 15 ans la carrière des Girls In Hawaii. Il va ainsi proposer une reprise carrément frissonnante de “La Rue Madureira” de Nino Ferrer. Le titre a récemment connu une deuxième vie grâce à la mixtape de Bon Entendeur en 2019. Ici, c’est une version à fleur de peau et épurée qui nous est proposée, Antoine s’asseyant au bord de la scène pour interpréter ce morceau. La trompette vient logiquement y refaire une apparition. Place ensuite à un autre morceau carrément électro dont les synthétiseurs aux mélodies et sonorités épiques nous évoquent les grands moments lumineux de M83 sur l’album “Hurry Up, We’re Dreaming”. En rappel, c’est encore une reprise avec “La Pluie Qui Tombe” de Daniel Darc (décédé en 2013). Pour chacune de ses reprises, Antoine Wielemans prend le temps d’expliquer la raison pour laquelle chacun de ces morceaux lui tient à cœur. Le titre “Chien” vient achever un concert dont s’est dégagé, tout au long de celui-ci, une impression de sérénité, de plaisir et d’intime délicatesse. Et pourtant jamais nous n’avons eu l’impression que tout ça manquait de relief ou d’énergie. Comme une force tranquille.
C’est avec un grand sourire aux lèvres qu’Antoine et ses musiciens prennent le temps de saluer un public qui est debout et ne se prive pas pour donner de la voix malgré les masques. Vous aurez donc compris que nous avons passé une agréable soirée de reprise. Sachant qui nous venions voir nous n’avions de toute façon que peu d’inquiétudes à ce sujet.
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