Pour cette reprise des concerts en configuration “zéro restriction”, SCENES BELGES a poussé ses oreilles jusqu’à LA ROTONDE DU BOTANIQUE pour une soirée aux accents de métal. L’occasion pour nous de célébrer, dans une ambiance sonore carrément apocalyptique et brutale, le retour à la normalité des choses. Et pour ce faire, c’est une affiche aux couleurs du célèbre et réputé label NUCLEAR BLAST qui nous est servie : les spécialistes du métal avant-gardiste de CELESTE occupant la tête d’affiche, précédé par les anglais de CONJURER en première partie. Oreilles sensibles et délicates ? Passer votre chemin ! Les autres ? Profitez en sans limite et avec un volume sonore forcément déraisonnable !

C’est donc avec énormément de plaisir que l’on retrouve les serres du Botanique et son café-restaurant bondé de spectateurs dont les sourires ne se dissimulent plus derrière des masques. Il y a du monde ce soir car l’Orangerie accueille également Curtis Harding. Le temps de prendre une bière et nous pénétrons dans une Rotonde déjà bien remplie pour la première partie. Et ça va rapidement déboulonner dans tous les sens dans un registre sludge-metal bien brutal et abrasif avec CONJURER. On retrouve une alternance de chant tantôt guttural tantôt plus aigu, mais toujours hurlant. Au milieu de ces deux guitaristes-chanteurs, il y a un bassiste qui s’en donne à cœur joie pour faire l’hélicoptère avec sa longue chevelure. Les quelques passages plus lancinants, mais inquiétants et lugubres, ne sont qu’un moyen de réattaquer encore plus sauvagement ensuite avec des riffs bien lourds. Il y a aussi quelques moments où le groupe balance toute la fureur de ses instruments sur un rythme qui affolent les compteurs rythmiques. Lorsque, dans une dernier larsen trituré, la tempête s’arrête, on entend et on sent littéralement les planches en bois de la Rotonde encore vibrer quelques secondes.
CELESTE entre ensuite sur scène dans une intro au rythme hypnotique et aux sonorités spatiales. En fond de scène se dessine quelques faibles et froides lueurs. Les premières vagues de riffs métalliques et de fracas de fûts et cymbales déchirent la salle dans une ambiance de pré ou de post-apocalypse sonore et visuelle. Après un court passage de quelques instants où seule une guitare aux notes claires se fait entendre, le groupe donne l’assaut dans une ambiance lumineuse teintée de rouge, tout en contre-jour. Rouge comme les lampes torches que chaque membre du groupe porte sur sa tête. Il en sera ainsi tout au long du concert, à l’exception des incontournables attaques visuelles à base de stroboscopes. On retrouve malgré tout un peu de douceur avec quelques projections en noir et blanc faites de visages et de mains fantomatiques.
Le son est énorme mais permet de distinguer chaque instrument dans cette ambiance saturée de toute part. Lorsque le bassiste se met à chanter, c’est une impression de rage et de mélancolie mélangée qui se dégage. Le chant n’en reste pas moins hurlant et semble sorti des tréfonds de la Terre. Ce n’est pas par hasard si on croise pas mal de t-shirts d’Amen Ra et de Gojira dans la salle. Après trois titres furieux, le rythme se pose un peu dans un registre moins tempétueux mais porté pars des riffs plus lourds. Ça sera le seul moment plus apaisé du set. On regrette que la transition entre les morceaux soit parfois un peu longue et silencieuse, nous empêchant de complètement nous immerger dans l’univers sombre, brutal et aérien du groupe.

CELESTE offre de splendides séquences de montées en pression où les guitares déploient toute leur rage. Le groupe réussi à proposer une musique brutale, puissante et élaborée. Chaque riff et chaque coup de batterie semblent avoir été mûrement réfléchi. L’effet massif du son qui en émerge n’en n’est que plus appréciable. CELESTE a cette capacité d’impressionner l’auditeur et le spectateur par sa force de frappe massive et chirurgicale à la fois, sans pour autant générer un sentiment d’oppression ou d’agressivité. En une heure la mission sonore de CELESTE est accomplie et c’est un public toujours aussi souriant qu’en début de soirée qui sort d’une Rotonde qui aura été bien secouée en ce lundi soir.
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