Après un week-end de Pâques un trop calme sur le plan des concerts pour nous, impossible de ne pas prendre la direction du BOTANIQUE pour en ce lundi soir. Les Anglais de CROWS ont en effet posé leurs instruments et leurs amplis dans le Witloof Bar pour déverser avec furie leur post-punk brûlant.

Avec des groupes de ce genre, c’est toujours un voyage dans le temps qu’on s’offre tout au long de la soirée, entre la rage nerveuse du punk des années 70 et la froideur sonore de la cold wave des années 80. Le post-punk allie les deux pour créer une ambiance à la fois inquiétante et dure. On connaît la réputation de la presse anglaise pour exporter tous les groupes possibles et (in)imaginables issus de leur terroir génétique à base de guitares électriques qu’ils n’ont de cesse de réinventer. CROWS en fait partie, et il ne s’agit pas là d’un pétard mouillé puisque les garçons viennent tout juste de sortir un deuxième album ici au printemps, moins frontal, plus diversifié et travaillé que leur premier opus.


Bref il y a du monde ce soir dans les caves du Botanique et il faut être là à l’heure car il n’y a pas de première partie. Et ce qui nous avait semblé être moins frontal sur ce second album n’était bien qu’une simple impression parce que ça va dérouiller sec pendant une petite heure. Entre la basse et la guitare, on ne sait plus très bien qui crache le son le plus rugueux, alors que la batterie se charge d’imposer un rythme le plus souvent rapide mais toujours assez brut de décoffrage, post-industriel. L’heure est la glaciation sonore, avec des paroles le plus souvent hurlées, ou alors tout du moins balancées sur un ton vindicatif, avec ce qu’il faut d’effets pour y donner un effet de mauvais mégaphone. Tout ça nous plonge dans une ambiance inspirée des heures les plus tendues de la guerre froide et de l’époque du rideau de fer. De tout cela découle un pogo central assez brutal où la bière et la sueur se mélangent allègrement. Il faut dire que le jeu de scène du chanteur est du genre énergique, habité et franchement convaincant, sans jamais être caricatural. On ne compte plus les mouvements de tête épileptiques et autres postures conquérantes, sans oublier ses deux grands yeux intimidants.

Mais la raclée musicale s’interrompt de manière un peu abrupte au bout d’une grosse demi-heure quand le micro rend l’âme, poussant le batteur et le bassiste à se lancer dans une impro pour continuer à occuper le terrain du combat sonore qui est en marche. Lorsque le problème est résolu, Crows se relance pour une deuxième partie de set toujours aussi abrasive. Dans le public, un slammer plus aventureux que les autres profitent d’être au dessus de la foule pour aller s’accrocher à la voûte du plafond de la salle et y danser comme un zombie ou spiderman (au choix selon vos références cinématographiques) tout en hurlant comme un loup-garou. Dans un dernier titre qui s’étire longuement, au rythme d’une batterie toujours aussi implacable et hypnotique, le groupe se lâche dans une déferlante de larsens et autres sonorités plus ou moins torturées. Le public en a pour son compte, content de la raclée qu’il vient de se prendre en pleine face mais qu’il était venue chercher avec enthousiasme. Ian Curtis et Joy Division n’ont pas fini d’inspirer les nouvelles générations !

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