Troisième et dernier jour pour l’INC’ROCK FESTIVAL 2022. Après deux jours consacrés au rap et aux musiques urbaines, place à une affiche plus large et variée, de quoi permettre aux plus petits et aux plus grands (et à ceux qui se situent un peu partout entre ces deux extrêmes) de trouver leur bonheur. On vous raconte la dernière étape du marathon musical brabançon.

Il fallait se lever à l’aube (dans la temporalité décalée des festivaliers) pour les premiers concerts du jour. Les spectateurs arrivent gentiment sur le site au son des DJ de BELGIAN POP. Le soleil est généreusement de la partie en plus. C’est le duo féminin de JUICY qui a la mission d’ouvrir les hostilités sur la grande scène. Elles ont sorti leur premier album il y a quelques semaines et sont venus le défendre à Incourt. On regrette qu’elles aient été programmées si tôt dans la journée. Si bien que lorsqu’elles prennent la parole en début de set c’est un spontané “Bonsoir!” qu’elles lâchent sur le coup de 13H40 ! Avec de vrais instruments, elles produisent un set dynamique et original où le piano occupe une place stratégique. Ce piano prend parfois des airs de musique de chambre ou jazzy, s’entremêlant avec de grosses basses profondes et incisives. On note aussi quelques titres aux riffs bien rock. La partie vocale oscille entre passages rappés et autres moments plus mélodieux et intimes. Les deux demoiselles n’ont clairement pas usurpé leur réputation live.

Les plus jeunes ont ensuite pris la direction de la seconde scène pour le concert de Monsieur Nicolas. Le chanteur et guitariste a proposé un spectacle né pendant le confinement et créé sur mesure pour les enfants. Mais pas que, car ses compositions ont aussi attiré l’attention des plus grands. Ce genre d’initiative est le meilleur moyen de faire découvrir en douceur l’ambiance d’un festival à ceux qui nous l’espérons viendront camper et pogotter dans les plaines d’ici quelques années.

C’est en milieu d’après-midi que SAULE est parti à l’assaut de la scène principale avec un set dont il a le secret. En grand habitué des lieux, il est très à l’aise face à un public qui connait sa réputation bouillante en live. Et c’est bien ça son secret : allier des moments intimes et des textes recherchés avec de belles envolées bien rock. Et c’est toujours pareil : ça commence calmement pour se terminer en véritable show rock’n’roll. Saule est probablement le punk visuellement le moins identifiable du monde mais son naturel finit toujours par prendre le dessus, tout en embarquant le public avec lui, y compris les curieux et sceptiques. Saule profite ainsi du retour à des conditions sanitaires normales pour s’offrir un bain de foule qui met forcément un joyeux bazar dans le public. Son set est résolument rock et bouillant mais avec toujours ce soucis de rendre le set le plus accessible possible pour tous. Et ça fonctionne a plein pot puisque dès qu’il sollicite les festivaliers la réponse de ceux-ci est immédiate. Le point culminant du concert intervient avec Dusty Man joué dans une version très électrique, suivi d’un instrumental où Saule et son band s’offrent de manière musclée le riff ravageur de Smells Like Teen Spirit ainsi qu’un sample d’Insomnia de Faithless. Impossible de partir sans un dernier titre en rappel pour ce set définitivement rock

Place à la jeunesse ensuite avec le duo de COLINE & TOITOINE. Après avoir sorti un premier EP l’an passé, ils ont enchainés les concerts avec une fraicheur et une énergie explosive. L’Inc’Rock ne fait pas exception à la règle et c’est très rapidement que le public se laisse charmer par l’électro-pop chantée en français et en anglais des deux jeunes gens. Avec un sens de mélodie qui semble inné et des instrus en phase avec leur époque, la sauce ne pouvait que prendre ! Ce n’est pas la première fois qu’on les voit en concert et c’est toujours avec plaisir qu’on hoche la tête et qu’on tape du pied tout au long de leur concert.

Un autre groupe à l’énergie débordante monte ensuite sur la grande scène : il s’agit des Liégeois d’YKONS. Alors que leurs derniers titres ont tournés en boucle sur les radios l’année passée, c’est aussi sur scène que le groupe construit petit à petit sa réputation. Amateur de Coldplay, Imagine Dragons et Snow Patrol, c’est pour vous. Avec leurs titres pop-rock entrainants et aux refrains accrocheurs, l’énergie que le groupe dégage de la scène se répand rapidement sur la plaine du festival. Le frontman n’hésite pas à venir chercher le public et à le faire participer très activement. L’ambiance devient de plus en plus chaude alors que le groupe enchaine ses titres au potentiel tubesque : “Red lights”, “Sequoia tree” et “Time” font plus que généreusement le job pour embarquer le public dans un voyage aux arrangements électroniques discrets et modernes, donnant un coté contemplatif à leur musique. Et lorsqu’en fin de set le groupe déclenche le canon à confettis et serpentins, le vent s’en mêle et envoie tout vers l’arrière de la scène et dans les prairies aux alentours. Ce qui nous donne quelques images décalées que seul un festival peut offrir.

On continue les grands écarts musicaux avec SKARBONE 14 qui vient fêter ses 20 ans de carrière. C’est toujours dans un esprit de fête et un peu potache que le groupe tournaisien vient balancer son ska-punk. Effet garanti dans le public qui se laissent charmé par l’efficacité de leurs titres alors que les autres se font une joie d’aller joyeusement pogotter une bière à la main. Le groupe s’applique à entretenir l’esprit de la fête et de la musique sans prise de tête. Le public est un peu clairsemé et peine quelques peu à rejoindre le show. Peu importe, Skarbone 14 va chercher ceux qui ne viennent pas à lui. Et après quelques chansons, le parterre de la scène Tarmac se transforme en véritable piste de danse! Samba!

Changement d’ambiance et de registre assez radical ensuite avec WEJDENE, l’étoile montante du R’n’B français. C’est la crinière au vent que la « diva » débarque devant un parterre de fans qui l’attend en frétillant d’impatience depuis près de 40 minutes! Entourée de ses deux danseuses et de ses musiciens, Wejdene enchaîne ses hits et ses punchlines, inondant le public de ses mélodies ensoleillées. On ne reviendra pas sur le contenu et la forme de ses textes qui nous laissent sceptiques, mais avec ses airs de grande sœur et des sons enjoués, elle fait le bonheur des plus jeunes, et même des très jeunes qui sont le plus souvent perchés sur les épaules de leurs parents.

Retour ensuite sur l’autre scène pour le DJ set de DADDY K. A plus de 50 ans, le ket de Molenbeek a gardé la même fougue pour animer et faire danser les foules. Ouragan, tornade, tempête, les adjectifs manquent pour décrire ce qui se passe sous nos yeux et dans nos oreilles. La légende vivante a retourné la plaine brabançonne avec un set à l’énergie démoniaque qui aura fait danser, sauter et pogotter toutes les générations. Un tourbillonnant voyage musical entre la période dorée de la new beat des années 90 et l’ambiance survoltée de Tomorrowland, sans oublier quelques incursions plus tournées vers les tubes actuels pour combler un public hyper réceptif. Daddy K a secoué le site du festival grâce à son jukebox géant et survitaminé.

Tête d’affiche du festival, KENDJI GIRAC honore l’Inc’Rock de sa présence. Et pourtant il a donné quelques sueurs froides aux organisateurs puisque son avion a atterri avec du retard à Bruxelles en fin d’après-midi. Une course contre-la-montre était dès lors engagée. C’est donc finalement vers 21 heures que Kendji est monté sur scène avec sa guitare en bandoulière et devant un public compact. Il est assez rare de voir un artiste avec cette notoriété venir investir la scène de l’Inc’Rock. On ne peut que s’en réjouir. Il a proposé un concert où les hits se sont enchaînés pour faire danser la foule et rendre hommage aux mamans en cette journée de fête des mères. Le guitariste-chanteur sait y faire pour ensorceler son public au son de ses chansons aux sonorités qui sentent bon le soleil et la fête, dans un mélange culturel franco-hispanique au sein duquel il a grandit.

Pour clôturer la soirée et le festival, les DJ de BELGIAN POP sont revenus investir la petite scène pour faire danser une dernière fois les festivaliers avant que ceux-ci ne quittent le site. C’est donc dans une ambiance festive et colorée que s’est achevée cette édition de l’Inc’Rock Festival qui aura accueilli près de 10 000 spectateurs en trois jours. Une jolie réussite et surtout un vrai plaisir de pouvoir faire la fête trois jours durant, comme avant !


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