Après une année blanche en 2020 et une année 2021 en mode mineur, le festival namurois organisé par Solidaris a fait son grand retour au sommet de la Citadelle de Namur pour 3 jours. Porté par des idéaux de partages, de rencontres… et de solidarité, le festival reste fidèle à son identité en proposant une affiche aux horizons larges et à forte connotation francophile. De quoi permettre au plus grand nombre d’y trouver son compte avec une majorité de concerts se déroulant sur la “grande” scène de l’Esplanade et la “petite” scène du toujours féerique Théâtre de Verdure. Retour sur cette première journée de festival.

Les allées de la Citadelle sont déjà bien remplies lorsque nous atteignons le sommet de celle-ci en cette fin de vendredi après-midi. Entre les incontournables food-truck et les stands associatifs, les festivaliers flanent en attendant le début des concerts sur la grande scène. Cet honneur revient au chanteur français GAUVAIN SERS sur le coup de 18h alors que le soleil essaie de se faire une place parmi les nuages sombres qui dominent Namur. Durant une heure, le chanteur-guitariste nous présente “Ta Place Dans Ce monde”, son dernier album en date sorti au printemps de cette année. Une grande toile en fond de scène reprend la pochette de cet album. C’est un peu cliché mais avec ses textes à la poésie engagée légèrement Saezienne (l’état d’esprit apocalyptique en moins) , son look un peu bohème et son phrasé qui nous évoquent par moment Renaud, il trouve tout à fait sa place à l’affiche des Solidarités. Les textes sont joliment travaillés, Gauvain Sers jonglant avec la langue française comme le fait également Renan Luce. Un démarrage en douceur mais pas trop non plus entre titres acoustiques et d’autres plus rock et électriques.

Direction ensuite le Théâtre de Verdure pour le set du duo liégeois MOJI X SBOY qui fait le plein avec son emo-rap mélodique bourré d’une traditionnelle dose d’auto-tune mais vraiment pas excessive ou désagréable. Les deux chanteurs sont accompagnés d’un guitariste qui habille avec énergie et fougue les morceaux, amenant une touche mélodique et profonde à l’ensemble. Leur beatmaker a par contre la fâcheuse tendance à balancer de manière intempestive un son de grosse sirène d’alerte de manège de foire alors que le tempo des morceaux est vraiment agréable à l’oreille, presque pop. Pourquoi gâcher les choses de cette manière ? Les ados sont présents en masse et chantent toutes les paroles où il est question d’amour et de tourments intérieurs. L’ambiance devient furieuse lorsque les deux gaillards grimpent sur les barrières de sécurité.

Retour ensuite sur l’esplanade pour le concert d’HOSHI qui a fait péter l’applaudimètre il y a quelques semaines à Ronquières. La chanteuse à la voix si singulière se présente sur scène avec la bienveillante rage d’en découdre qui a fait sa réputation. Celle qui fut, il y a quelques mois, la cible d’attaques complètement déplacées de la part du journaliste-chroniqueur Fabien Lecoeuvre concernant son look et son physique, partage l’affiche du jour avec Grand Corps Malade qui a réalisé le morceau “Des Gens Beaux” suite à ce carambolage médiatique. Inutile de dire que tout le monde guette un éventuel duo des deux artistes présents à l’affiche ce soir.

Après un début de set un peu poussif, le concert décolle complètement alors qu’Hoshi interprète en piano-voix son titre “J’te pardonne”.  Avec son t-shirt Nirvana et des projections animées sur l’écran en fond de scène, Hoshi emmène le public dans son univers coloré et brut à la fois. Le moment fort du concert reste son interprétation à fleur de peau et déchirante de “Fais-moi signe”,  sonnant comme un appel de détresse face aux problèmes auditifs qui l’affectent. La jeune chanteuse fond en larme. La suite du concert est menée à plein régime avec une version bien vénère de “Je t’aime”. “Amour Sincère” prend des airs de résistance lorsque Hoshi s’empare d’un drapeau arc en ciel récupéré dans le public. Le concert s’achève avec “Etoile Flippante” envoyé dans une version électro au final dantesque qui fait danser la Citadelle, provoquant un joli nuage de poussière sur l’Esplanade.

On continue notre navette entre les deux scènes principales pour aller vers le Théâtre de Verdure pour le set du beatmaker bruxellois ICO. Il est accompagné de Todiefor pour les beats et la musique. Le public est à fond et part au quart de tour. On apprécié la démarche de l’artiste qui ne se contente pas de satisfaire les premiers rangs qui lui sont de toute manière acquis. Il va chercher tout le monde, jusqu’au dernier rang des gradins. Une belle débauche d’énergie et une succession de punchlines qui secouent correctement la Citadelle de Namur.

Il fait nuit noire (et un peu frais) lorsque GRAND CORPS MALADE et ses musiciens (dont Mosimann) montent sur scène peu avant 23 heures. On avait déjà fortement apprécié le concert proposé en juillet aux Francofolies de Spa (voir notre compte-rendu ICI), même si le soleil de fin d’après-midi qui éclairait la scène avait presque réduit à néant les projections vidéos qui accompagnaient le set. On est donc curieux de voir ce que les titres proposés par Grand Corps Malade rendront visuellement une fois la nuit tombée. Et nous n’avons pas été déçus du tout : bien que la setlist était identique à celle présentée il y a quelques semaines, on a vu un tout autre concert, bien plus profond et intense, avec des lightshows sur mesure, des duos virtuels sur écran géant avec Suzanne, Louane, Kimberose et l’hypersensible “Mais Je T’aime” avec Camille Lelouche où cette dernière et Grand Corps Malade semblent se regarder droit dans les yeux au travers de cet écran. Mais Grand Corps Malade reste avant tout un magicien des rimes avec une certaine idée de la poésie moderne que le public apprécie toujours.

On assiste à un moment plus drôle lorsque Mosimann incite le public à reprendre en cœur “Chef Un P’tit Verre” du Grand Jojo. La fin du concert voit débouler les deux derniers hits du rappeur-slammeur : “Des Gens Beaux” et le très engagé “Pas Essentiel”. Alors que tout le monde l’attendait et l’espérait, Hoshi et Grand Corps Malade ne seront pas montés ensemble sur scène ce soir. Ca sera là notre seul regret de cette première soirée festive et colorée où les festivaliers n’auront pas mis longtemps à retrouver leurs marques et à faire preuve d’un état d’esprit très décontracté. On notera aussi l’attention particulière que les organisateurs ont mis pour que le site reste verdoyant et propre tout au long de la soiré malgré la grande affluence.

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