Nous voici de retour au sommet de la Citadelle de Namur pour la seconde journée du Festival LES SOLIDARITES. Le programme est chargé avec un total de 14 concerts entre 11H30 et 1 heure du matin. Il n’y pas de temps à perdre car il y a du beau monde à l’affiche.

Et les festivaliers ne s’y sont pas trompés puisqu’ils sont déjà très nombreux à avoir investi le site dès la fin de matinée pour le concert d’ALDEBERT sur la grande scène. Parfois présenté comme chanteur pour enfants, c‘est dans une configuration résolument rock que le concert se déroule : grosse batterie, guitares électriques, slam, etc. On finirait presque par croire que ce sont les parents qui ont incités leurs enfants à venir voir un artiste qu’ils aiment, et non l’inverse. Aldebert casse l’image parfois un peu désuète du chanteur pour jeune public et c’est très bien ainsi car au final tout le monde aura trouvé son compte durant ce premier concert du jour où les textes du chanteur touche autant les enfants que les adultes.

C’est ensuite FLECHE LOVE qui prend possession de la grande scène. Coup de cœur des programmateurs du festival, c’est pour nous une découverte et une tres agreable surprise. La Suisso-Algérienne au look singulier se nourrit d’influences multiples allant du tango, aux musiques orientales, en passant par la soul et le hip-hop. Son chant et sa voix possède quelque chose de dramatique qui s’accorde tout à fait bien avec des ambiances sonores légèrement mystiques. La demoiselle ne se contente pas de chanter uniquement, puisqu’elle danse en allant également s’inspirer d’influences diverses. On aura particulièrement apprécié l’intégration d’élément issus de la musique classique et de l’opéra dans ses compositions, renforçant la profondeur et la puissance de ses titres. Une artiste à aller découvrir sans délai.

Il n’est que 15 heures mais c’est un Théâtre de Verdure bondé qui accueille la jeune liégeoise RORI. Avec sa pop musclée et entraînante, elle rallie rapidement les festivaliers à sa cause. Ses airs de grande sœur bienveillante charment toutes les générations présentes. Elle alterne l’anglais et le français au chant. Lorsque l’on jette un œil dans le public, on voit pas mal de gens reprendre les paroles de plusieurs de ses titres, dont “C’est La Vie” et “Docteur”, son dernier single en date. Une artiste à surveiller dans les prochains mois alors qu’il y a quelques mois à peine elle faisait timidement la première partie d’Aaron à l’AB.

C’est un public un peu clairsemé qui accueille L’OR DU COMMUN, venu présenter “Avant La Nuit”, leur dernier album sorti en 2021. Mais il en faut plus pour désarçonner Primero, Swing et Loxley qui débarquent sur scène avec l’énergie conquérante qu’on leur connait. Véritable locomotive du hip-hop en Belgique francophone, ils font rapidement décoller l’ambiance et les festivaliers se rapprochent alors en masse de la scène. C’est l’heure des pogos et de chanter toutes les paroles des titres du groupe, “Homosapiens” et “Faucon Millenium” en tête. Le nuage de poussière qui s’élève de l’esplanade est impressionnant. Entre couplets mélodiques et refrains plus incisifs, le groupe réussit à rallier à sa cause un public de curieux avec une section rythmique très bien fournie. Le soleil se montre quand à lui enfin généreux. Le concert s’achève sur ces paroles : Soyez beaux, soyez intelligents ! On apprécie.

Ensuite, entre pop, reggae et influences urbaines, c’est une autre femme qui investit la scène du Théâtre de Verdure. POUPIE s’est construit son univers musical après un passage par The Voice France il y a quelques années. Elle défend aujourd’hui “Enfant Roi”, son premier album. Elle fait l’unanimité auprès d’un public toujours plus nombreux au fur et à mesure que la journée avance. Les titres sont dansants et le soleil se montre généreux, permettant aux festivaliers de bien rentrer dans le mood de la chanteuse.

De passage il y a quelques semaines à Ronquières, EDDY DE PRETTO est présent ce soir aux Solidarités. La réputation live qui précède le bonhomme amène les festivaliers à se presser massivement devant la grande scène.  Il constitue aujourd’hui une valeur sûre de la scène française, entre hip-hop et chanson française. Il débute le set dans une version a cappella de son titre “Normal”. C’est scotchant mais ce n’est encore rien par rapport au moment où ses 5 musiciens le rejoignent pour achever le titre. “La fête de trop” récolte bien entendu le plus d’applaudissements. La prestation générale d’Eddy De Pretto est à l’image du personnage : sensible et puissante. Une fois encore le public reprend les paroles de ses titres. Lorsqu’il calme le jeu, Eddy De Pretto en profite pour remercier le public pour sa tolérance et son ouverture qui lui ont permis d’être qui il est aujourd’hui. De longs applaudissements s’en suivent. Le set s’achève avec “Random”, “Freaks”, “Kid” et “Bateaux-mouches”. Dans sa globalité, le concert d’Eddy De Pretto est un fantastique hymne à la gloire de tous les bizarres, les fragiles, les déviants et les incompris qui gardent le cap dans leurs existences respectives.

Déjà présente l’année passée aux Nuits Solidaires, DORIA D retrouve le Théâtre de Verdure avec enthousiasme et avec une audience qui démontre bien la marge de progression franchie par la jeune femme en un an. Accumulant déjà quelques titres bien efficaces à son compteur, elle vient aussi présenter et tester de nouveaux titres qui ne sont pas encore sortis. “Sur Ma Tombe”, “Dépendance” (repris bruyamment en chœur par le les festivaliers), “Hors Tempo” et sa reprise de “Jeune et Con” font déjà partie des incontournables de son répertoire. Les nouveaux titres ? On les avait déjà entendu début juin à l’Abbaye de Villers-La-Ville et on était resté un peu sur notre faim. Mais avec un public chaud bouillant et une luminosité naturelle qui diminue on entre immédiatement dans une autre dimension et le rendu est bien plus intéressant. Il faut dire que Doria D met la dose pour occuper avec dynamisme la scène et capter l’attention d’un public de toute façon en demande.

Sans avoir l’air d’y toucher, celà fait déjà 20 ans que le ténébreux BENJAMIN BIOLAY mène sa barque musicale en étant complètement détaché des formatages musicaux et des modes, sans jamais pour autant être décalé. Certain seront agacés par son coté bobo-parisien un peu blasé. Et objectivement on peut identifier ce qui peut créer ce sentiment, mais il s’agit avant tout d’une question de feeling. Il arrive à Namur avec “Grand Prix”, album aux 2 Victoires de la Musique. Apres une intro en douceur avec son élégant titre “La superbe”, Benjamin Biolay enchaine les titres aux accents rock de ce dernier album avec quelques riffs bien gras et dansant. On est surpris de découvrir que le chanteur a revêtu un maillot de basketteur américain. Le lightshow fait la part belle aux ambiances vaporeuses, tout en privilégiant les contres-jours. Sa voix devient plus rocailleuse avec les années qui passent. La setlist revient ensuite vers un registre plus mélancolique avec de jolis arrangements plus classiques. Le très joli “Comment est ta peine” vient clôturer le set dans une agréable version longue.

On fait ensuite un grand écart musical un peu extrême lorsque IMEN ES monte sur la scène du Théâtre de Verdure qui est sur-bondé et qui rugissait déjà d’impatience une vingtaine de minutes avant le début du concert. Dans un registre entre Vitaa et Wejdene, on reste un peu dubitatif sur le traitement réservé à la langue française dans ses textes. Cependant, la chanteuse fait le plein auprès des ados.

Comme aux Francofolies de Spa, l’esplanade de la Citadelle de Namur est noire de monde pour accueillir CLARA LUCIANI, tête d’affiche absolue du festival. Certains fans étaient déjà solidement accrochés au premier rang dès le début de l’après-midi. Et comme à chaque fois, la magie opère avec celle qui évolue dans son décor rétro-disco accompagnée de ses musiciens et ses choristes. Clara Luciani confie au public le plaisir qu’elle a d’avoir mis un terme à ses vacances pour être sur scène ce soir. La setlist est à peu près similaire à celle de Spa il y a un mois d’ici avec une deuxième partie de concert explosive où s’enchaine les titres les plus connus et fédérateurs : “Ma Soeur”, “La Baie”, “Le Reste” et “La Grenade”. Et puis arrive déjà le dernier titre avec “Respire Encore” et sa pluie de confettis qui recouvre l’esplanade. Ce final en forme de feu d’artifice vient conclure une très riche deuxième journée pour Les Solidarités.

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