Direction la Maison de la Culture de Tournai pour la toute première session de leur concept test
« Le bar part en live ! » qui fête, en quelque sorte, la pré-inauguration de la Maison après d’importants travaux. Le bâtiment reprend doucement vie, invitant son public à se laisser porter par la musique et à passer un agréable moment autour d’un verre. Une soirée qui s’annonce toute en décontraction.

AUREL, de son vrai nom Aurelio Mattern, nous accueille dans une ambiance très intimiste faisant penser au piano-bar cocooning d’un pianiste aux multiples instruments. Une petite scène, à peine surélevée, est installée dans le hall et le public, déjà bien au rendez-vous, sirote une boisson, assis autour d’étroites tables rondes éclairées à la bougie.

AUREL. Son nom ne vous est peut-être pas encore familier mais vous devez connaître le groupe belge SONNFJORD qu’il formait avec sa sœur – Maria-Laetitia Mattern – et François de Moffarts. Les plus musicophiles d’entre vous l’auront également connu dans son précédent projet LUCY LUCY !. Après avoir joué tout seul pendant presque deux ans, nous le retrouvons aujourd’hui dans un projet pas si solo que ça puisqu’il est accompagné de Léo Grosheitsch, avec qui il partageait déjà la scène dans le projet PAON.

Piano, guitare, percussions, … AUREL marie parfaitement les instruments et nous transporte d’un titre à l’autre, alternant anciens sons et nouvelles exclus de son EP à venir « Saison mandarines ». Les rythmes diffèrent, les chansons ne se ressemblent pas mais s’harmonisent parfaitement dans un enchaînement délicat et aux transitions maîtrisées.
Coup de cœur pour la vibe et la musicalité de son titre « On est là » qui nous plonge dans une étrange nostalgie joyeuse. À découvrir dans les prochains mois !

On retrouve dans ce projet l’influence du groupe belge GIRLS IN HAWAII, les consonances plus rock de PAON et une inspiration plus solaire de LOMEPAL, qui mène à une agréable pop française aux allures électro. Les rythmiques donnent envie de se lever, de se déhancher et AUREL réussi avec brio à nous réchauffer doucement le corps et le cœur. Le jeune belge est très heureux de partager quelques titres de son prochain EP qu’il joue pour la première fois sur scène avec son acolyte et ne manque pas de remercier le public pour son accueil et sa bienveillance.

AUREL nous a envoyé son nouvel EP en exclusivité. Une musique pleine d’espoir, qui pousse à se battre et à croire en soi et en ses rêves, mêlant avec brio puissance, douceur et énergie… Une force tranquille à découvrir le 31 mars 2023…
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Juste le temps de reprendre à boire et nous continuons la soirée avec TERRENOIRE. C’est la troisième fois que nous avons le plaisir de voir le duo fraternel stéphanois en concert mais nous les découvrons pour la première fois en salle, dans une ambiance des plus intimistes.

Raphaël et Théo Herrerias arrivent sur scène débordant d’énergie et n’attendent pas la fin de leur première chanson pour inviter le public à se lever, à quitter les tables et à se rapprocher d’eux. Nul besoin de le dire deux fois ! La setlist est parfaitement maîtrisée avec une alternance de morceaux plus doux, vibrants d’émotions, et de morceaux plus pêchus, nous donnant une irrépressible envie de danser.

TERRENOIRE nous chamboule avec brio, sans aucune perte de rythme, et arrive, sans la moindre difficulté, à nous tenir en haleine jusqu’à la dernière seconde. Ils sont bien rodés pour cette avant-dernière date de tournée, mais ça ne leur enlève en rien leur belle spontanéité et leurs échanges avec le public ! Que du contraire ! Les deux frères sont vrais, sortent des lignes et se laissent aller à des fous rires enfantins communicatifs et nous donnent le sourire avant d’interpréter leur chanson « Ça va aller ». Véritable ode à la vie où les épreuves sont toutes surmontables, où on ne veut voir les difficultés que comme des flaques à sauter et non pas des gouffres béants à franchir et où la vie est une puissante beauté à explorer et non pas une fatalité à subir. Cette chanson lourde de sens pour beaucoup nous rappelle qu’il y aura toujours du positif quelque part. Le public hurle que « Ouais ! » ça va bien, que « Ouais ! » tout ira bien. Chacun extériorise alors sa rage, ses tristesses et ses souffrances face à la vie pour faire place à l’espoir et à la force de vie. Un moment magnifiquement thérapeutique qu’offrent Raphaël et Théo à un public qui ne manque pas de les remercier dans une longue standing ovation.

Les choristes de la Maison de la Culture reprennent le refrain de « Baise-moi » qui se clôture dans un puissant double solo de Gabriel Le Masne à la batterie et de Rémy Fanchin au clavier.

« Ce sont des chansons qu’on porte avec nous comme des histoires pendant des mois et des années et là – avec la fin de la tournée – on va fermer une temporalité de notre vie extrêmement intense ». Ils interprètent alors, pour la pénultième fois, « Derrière le soleil », chanson écrite en l’honneur de leur père décédé d’un cancer. Les yeux humides et brillants, le public chuchote les paroles avec une grande sensibilité, chacun pensant à un être cher. C’est avec vaillance que le duo nous offre cet instant, ce cri de vie, qui nous prend aux tripes et au cœur, nous désempare et nous désarme. Raphaël, l’ainé, attrape alors sa guitare pour interpréter d’une voix si claire, accompagné au piano, leur titre « Les météores ». Un moment tout en légèreté… Les corps se déchaînent ensuite sur « L’alcool et la fumée ».

La gestuelle des deux frères transpire d’émotions et nous transperce. Mention spéciale à Théo qui danse comme si le chant n’était pas suffisant pour extérioriser tout ce qu’il a à l’intérieur de lui. Les arrangements sont magistraux et font ressentir toute la puissance des textes. Les excellents jeux de lumière apportent une dimension supplémentaire en passant d’un éclairage très solaire à une ambiance lunaire. Nous naviguons ainsi sur un chemin à l’équilibre entre l’ombre et la lumière.

Au milieu de leur titre « Jusqu’à mon dernier souffle », le duo installe dans la salle un impressionnant silence de près de 20 secondes. Un silence où seules les respirations du public se font entendre à l’unisson, bien que l’on se retiendrait presque de respirer pour figer cet instant qui nous ramène un peu tous à notre propre enfance et qui nous offre un p’tit goût de Terrenoire, quartier d’enfance des frérots.

Théo et Raphaël sont deux forces contraires parfaitement complémentaires. Leurs fêlures et leurs différences font leur intensité et leur union. Ils chantent avec plusieurs voix – lyrique, ensorcelante, puissante ou encore harmonieuse – comme s’ils étaient habités par plusieurs âmes. Ils se livrent d’ailleurs corps et âme sur scène, nous contant leur vécu à travers des textes d’une rare sincérité et nous amenant à remettre en question notre interprétation de l’existence.

Chaque belle soirée se finit forcément avec p’tit goût de trop peu, gage de qualité. Nous avons hâte de découvrir ce que les deux frères nous réservent pour la suite…

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