Une fois n’est pas coutume, c’est dans les caves voutées du BOTANIQUE que nous avons décidé d’aller passer notre soirée. Le Witloof Bar offre en effet ce cadre unique où artistes et spectateurs peuvent jouer à un jeu de cache-cache entre les piliers de briques qui parsèment la salle. Mais le Witloof Bar c’est surtout l’endroit où tous les curieux et amoureux de musique et de concerts intimistes se donnent régulièrement rendez-vous pour passer une soirée au prix généralement très démocratique. En effet, l’accès au concert de ce mardi soir vous était donné contre à peine dix euros. Au programme : BLACK BELT EAGLE SCOUT, projet indie-rock aérien de la chanteuse et guitariste Katherine Paul, originaire de Portland dans l’Oregon.

BLACK BELT EAGLE SCOUT prend vie sur scène autour de ses quatre membres : Katherine Paul au chant et la guitare, une autre guitariste, une bassiste et un batteur. Il est cependant évident que le groupe est porté par sa chanteuse et guitariste. Après quelques mots pour présenter le programme de la soirée, le groupe entre dans le vif du sujet avec un premier titre très posé, très calme, bien que mis en relief grâce aux deux guitares. On retrouve ainsi des sonorités aussi électriques que douces, comme souvent dans le rock-indie ou le shoegaze. De quoi donner une lumineuse couleur à chaque morceau. Mais le registre du groupe est plus large que ça, avec d’agréables guitares plus nerveuses et saturées, délicatement grungy, comme un petit retour temporel vers la sacro-sainte décennie rock des années nonantes.

La musique de Black Belt Eagle Scout est taillée pour les grands espaces sauvages. Sauvages, mais calmes. Ces grands espaces n’étant que rarement balayés par les tempêtes où par le déchainement des éléments. C’est ainsi que la batterie fait presque figure d’intruse dans cet ensemble, ayant d’ailleurs tendance à écraser les autres instruments et la douce voix de Katherine Paul. Et c’est bien dommage car cela nous donne l’impression que le reste du groupe joue quelque peu en sourdine, ne permettant pas à chaque instrument de déployer librement tout son potentiel. On ne va pas vous cacher que cette situation fut un peu frustrante, avec la sensation d’entendre une trop régulière monotonie sonore. On aurait aimé que les titres prennent plus de reliefs, que les nuances de chants et de guitares se fassent plus entendre car sur les versions studios des morceaux elles y sont clairement identifiables.

Mais attention n’allez pas croire que notre soirée fut mauvaise soirée où que la prestation du groupe n’était pas bonne. Nous avons apprécié l’aspect poétique et assez tranquille (mais jamais ennuyeux) des compositions du groupe, loin des grands espaces urbains, mais sans pour autant virer dans un délire un peu kitsch et caricatural en lien avec les origines amérindiennes de sa chanteuse. Il y a, chez Black Belt Eagle Scout, quelque chose que l’on pourrait relié à Slowdive, autre groupe évoluant dans la même veine d’un rock aérien et apaisant.

En fin de set, le groupe a offert quelques titres plus musclés avec de belles cavalcades rock qui s’étirant longuement dans une approche plus post-rock. Chaque relance d’un gimmick étant l’occasion d’y aller un peu plus fort, avec plus de vivacité, la batterie retrouvant alors enfin la place qui est la sienne, au même niveau que tous les autres instruments. On a, à ce moment là, retrouvé la cohésion sonore qui avait généré notre intérêt lors de notre découverte du groupe. La musique de Black Belt Eagle Scout est un délicat équilibre qui évolue entre ferveur électrique et ambiance contemplative et pleine de quiétude. Bref, on vous recommande vivement d’aller découvrir tout ça, à condition que le mix sonore live puisse être mieux équilibré.

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