On pensait en avoir fini avec les dates de reports du covid, mais il n’en est rien. Ce jeudi soir c’est au concert d’AVRIL LAVIGNE, initialement prévu en mars 2020, que nous avons assisté. Nous voici donc 3 ans plus tard dans l’enceinte de Forest National pour le concert de la Canadienne aujourd’hui agée de 38 ans et dont le premier album sortait il y a un peu plus de 20 ans. 

Il n’est pas toujours aisé pour un artiste de donner une suite et de survivre à un succès aussi monstrueux que mondial. C’est pourtant à cette situation qu’a été confrontée Avril Lavigne en 2002 suite à la sortie de son premier album “Let Go”. Les différents albums qu’elle a publiés par la suite n’ont jamais rencontrés le même succès commercial, bien que chacun d’eux comportent une jolie volée de titres aussi efficaces que calibrés dans un registre rock-FM. La maladie de Lyme qu’elle a contractée en 2013 l’a aussi contrainte à mettre sa carrière entre parenthèse durant plusieurs années. Le concert de ce soir s’inscrit dans le cadre de la tournée du dernier album en date sorti en 2022 : “Love Sux”.

C est à un véritable défilé de jupes écolières, de bas résilles et autres looks punk-rock adolescents auquel nous assistons dans les couloirs et la fosse de Forest National. La moyenne d’âge du public va de 15 a 35 ans à peu près avec une majorité de filles mais aussi pas mal de mecs, genre chevelus et tatoués. Pour s’en convaincre il suffit de regarder la file d’attente aux toilettes, bien qu’on nous glisse que les toilettes sont désormais non-genrées à Forest National. Dans les premiers rangs de la fosse, il n’y a plus le moindre centimètre carré de disponible. Le pouvoir d’attraction de la Canadienne agit toujours autant.

La première partie est assurée par PHEM et son look gothiquo-adolescent rappelant un peu la colocataire de chambre de Mercredi Adams (pour ceux qui n’ont pas suivi, ça se passe sur Netflix). Le set commence avec une reprise de “Heaven” de Bryan Adams. Le duo guitare-batterie qui accompagne Phem fait un gros boulot alors que la demoiselle assure le chant. Les titres sont dans un style punk-rock efficace et font leur petit effet, en plus de l’incontournable ballade inhérente aux artistes venant des Etats-Unis. Phem fait le job plus que correctement bien que l’affaire soit pliée en 25 petites minutes à peine.
 

Il est 21 heure pile et Forest National se met à gronder. Les lumières s’éteignent alors qu’une longue série d’amplis roses (factices) est alignée sur scène. Le concert commence avec un clip projeté sur l’écran géant du fond de scène. Il retrace en image la carrière de la chanteuse. Les smartphones s’élèvent dans la fosse pour filmer l’entrée sur scène d’Avril Lavigne, alors que ses musiciens sont déjà en place. La chanteuse, vêtue d’une robe à paillettes, apparaît en fond scène sur une plate-forme surélevée d’où elle lance avec puissance les premières vocalises du titre “Bite me”, vite reprises en chœur par un public qui jubile. On a également droit à une pluie de serpentins sur ce premier titre.

Forest National se transforme ensuite en karaoké géant sur “What the hell” alors que “Complicated” arrive déjà dans une version qui sonne malheureusement assez platement. Le titre s’étire dans un final instrumental bien rock qui met en lumière le gros travail des musiciens présents sur scène. Pendant ce temps, Avril Lavigne est déjà repartie dans les coulisses. “My happy hending” arrive ensuite, là aussi via un long passage instrumental. Bref, ça fait quelques minutes qu’on n’a plus vu Avril Lavigne sur scène. Elle réapparait finalement avec une guitare électrique tout en semblant rencontrer pas mal de problèmes de retours dans ses oreillettes. Là aussi, le titre parait trop lisse. Avril Lavigne chante, Avril Lavigne joue de la guitare. Visuellement tout ça est assez sympathique mais sa présence scénique manque cruellement de relief, comme si l’ennui, la fatigue ou le stress la figeait.

Elle descend ensuite en frontstage pour aller signer des autographes sur “I’m a mess”. Place ensuite à une reprise, mais pas n’importe laquelle : “Wanabee” des Spice Girls. Et c’est en duo avec PHEM qu’elle l’interprète. Là aussi, le titre manque de punch et de conviction. Reprendre ce titre emblématique et ô combien énergique peut s’avérer être une exercice extrêmement casse-gueule. Par contre, le coté sympa de l’affaire c’est qu’Avril Lavigne fait monter trois fans sur scène pour une petite séance photo (bien entendue prévue dans le déroulement du show) alors que PHEM balance des t-shirts dans la fosse, choses courantes dans les concerts made in US. Par ailleurs, il faudra nous expliquer qui a eu l’idée de filmer des images avec un smartphone pour qu’elles soient diffusées en direct sur l’écran géant : la qualité de l’image n’est pas bonne et ça bouge dans tous les sens. N’était il pas possible d’investir dans du matériel plus “pro” ?

Nouvelle transition instrumentale avec “Hello kitty” bien rock et chargé en basses. Avril Lavigne est à nouveau repartie en coulisses. Lorsqu’elle réapparait c’est pour s’installer à la batterie pour “Love Sux” qui sonne lui aussi de manière mollassonne et poussive alors que la version studio est du genre power rock bien couillu. Avril Lavigne frappe les fûts de la batterie mais pas besoin d’être un batteur expérimenté pour se rendre-compte qu’elle n’est pas à son aise dans cet exercice qui pourtant visuellement pourrait avoir de la gueule. “Girlfriend” relance malgré tout un peu la machine à tube. Les premiers riffs de “Sk8er boi” résonnent ensuite dans Forest National. La fosse exulte, les gradins également. Sur scène, Avril Lavigne ne bouge pas, restant devant son pied de micro et chantant sans énergie. Une fois encore son interprétation manque de conviction pour ce titre qui est pourtant le plus emblématique de sa carrière et de sa discographie. Et ce n’est pas son tir de canon à confettis qui viendra compenser cette impression. Pire, elle s’assied sur une partie surélevée de la scène durant une partie de la chanson. La fosse qui sautillait en début de morceau est redevenue bien calme.
 
 
C’est déjà l’heure du rappel, et il n’est que 21h57. L’écran géant se rallume et un très esthétique clip rempli de paysages islandais froids et tempêtueux joue le rôle d’intro pour “Head Above Water” qui constitue un joli moment mélodique et rock à la fois. “I’m with you” transforme ensuite Forest National en grande chorale avant que “Here’s to Nevers growing up” ne vienne cloturer la soirée en prenant des airs de grande célébration dans une pluie de confettis. Ce titre est finalement un des moments les plus enflammé du concert. A la fin du titre, Avril Lavigne lâche un furtif “Good night Brussels, Thanks for coming” avant de s’éclipser à la vitesse de l’éclair, semblant presque prendre la fuite. Honnêtement, nous ne l’avons même pas vue quitter la scène. Les lumières se rallument de manière brute, le public reste figé quelques secondes mais plus rien ne se passe. Il est 22h16.
 
Loin de nous l’idée de critiquer pour le plaisir, mais il y a quelques mois nous avions vu Sum 41 et Simple Plan se partager l’affiche dans cette même salle. Le prix du billet était de moins de 40 euros et les deux groupes avaient offert une très très grosse soirée avec des shows comme les nord-américains peuvent en produire. Avril Lavigne n’évolue pas exactement dans le même registre musical, mais il est difficile de ne pas avoir l’impression que le concert de ce jeudi soir prenait des airs de minimum syndical même si techniquement le show était irréprochable. Est-ce que son état de santé ne lui permet plus aujourd’hui d’assurer des shows de haut-vol un peu plus long ? Pour exemple, Stromae a fait le choix de proposer des concerts plus courts que dans le passé pour se préserver physiquement. Nous ne savons pas si c’est aussi le cas pour Avril Lavigne mais nous sommes clairement restés sur notre faim. Les fans auront été comblés par le show de la Canadienne, mais les avis entendus à la sortie du concert étaient malgré tout majoritairement mitigés ou dubitatifs, que ce soit concernant la prestation live d’Avril Lavigne qu’à propos de la durée du concert. 

SETLIST – Avril Lavigne – Forest National – 04/05/2023

Intro – Bite me – What the hell – Complicated – My Happy ending – I’m a mess  – Wannabee (cover Spice Girls en duo avec Phem) – Hello Kitty – Love Sux – Girlfriend – Love it when you hate me – Sk8er boi – Head above water – I’m with you – Here’s to never growing up

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