Le festival des NUITS BOTANIQUE continue à animer les soirées du coté de la Tour des Finances à Bruxelles. Ce dimanche soir était pour nous l’occasion de profiter de la programmation proposée par les organisateurs pour la dernière soirée sous le Chapiteau. L’affiche 100% belge avait en effet très fière allure avec, dans l’ordre de passage, DORIA D, COLT et MUSTII pour la dernière date de sa tournée.

Nous arrivons sur site alors que Doria D achève son set avec des versions revisitées, plus posées et tranquilles de ses titres. Le temps de passer par le bar prendre une bière et nous apercevons pas mal de têtes connues qui se pressent dans les jardins du Botanique ce soir : les duos de Delta et Kowari, Konoba, Lo Bailly et la chanteuse de Goodbye Fortune Tellers notamment.

Nous voici bien en place pour le Concert de COLT (anciennement COLINE & TOITOINE) qui jouent maintenant en compagnie de musiciens additionnels sur scène. Le duo surfe actuellement sur une jolie vague de succès avec son single “Insomnies” qui s’exporte très bien chez nos voisins français avec des chiffres de streaming qui pèsent dans le game. Les festivaliers sont nombreux à s’amasser devant la scène pour accueillir ces jeunes gens. Une chose est certaine : ces deux-là (et leurs trois musiciens) sont entrés dans une autre dimension en terme de notoriété (le chapiteau est archibondé) et de présence scénique.

Et de fait, c’est avec l’assurance et la conviction de ceux qui savent que le public qu’ils ont face à eux n’est pas là en attente du concert suivant qu’ils montent sur scène. Les cris fusent de toutes parts. Alors que Toitoine s’installe derrière ses machines, Coline s’en va rapidement chercher le public en arpentant la scène d’un bout à l’autre, entre pas de danse spontanés et postures de conquérante. La présence des musiciens additionnels vient renforcer cette sensation de soliditié. Nous ne pouvons que saluer le jeu du batteur qui permet de donner un aspect plus percutant aux titres, moins synthétique que lorsque Toitoine devait s’afférer seuls aux parties rythmiques via des paddles. L’ensemble reste tout de même dance et pop à la fois. De temps à autre, le duo initial s’empare d’une guitare électrique pour des passages aussi délicats (“Oublie pas ok ?”) que fougueux (“Lâchez-moi”). Enfin, les Nuits Bota ont aussi mis à disposition des artistes une scène avec une infrastructure technique généreuse, permettant de bénéficier d’un lightshow bien costaud.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est 20230507_203459-1024x768.jpg.

Tout ça nous donne donc un concert avec plus de couches sonores, un visuel dynamique et un groupe qui se donne à fond. Au niveau des titres joués, la langue française est privilégiée, avec pas mal d’inédits. Il y a quand même aussi l’une ou l’autre incursion en anglais. On apprécie toujours autant quand Colt interprète ce titre qui fait figure d’OVNI dans leur discographie et qui commence sous la forme d’un chant lyrique : toujours aussi surprenant que splendide. En final, le titre “Insomnies” et sa joyeuse farandole de notes de synthés est repris en chœur par une grosse partie du chapiteau qui connait les paroles sur le bout des doigts. Fin de la partie et grosse ovation. Colt est donc passé dans un autre monde sans pour autant perdre ce mélange de maîtrise et de spontanéité plein de fraicheur juvénile.

Le Chapiteau se vide alors, c’est la ruée vers les bars et le stand de merchandising de Colt. Honnêtement, à ce moment, on s’inquiète un peu sur le fait que MUSTII pourrait bien se retrouver à monter sur scène face à un Chapiteau à moitié vide. Mais il n’en est rien, les festivaliers envahissent à nouveau massivement les lieux dès que les premières notes du concert de s’extirpent des enceintes. Pas question de rater la dernière date de la tournée du jeune homme suite à la sortie l’an dernier de son second album, “It’s Happening Now”. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est chargé à bloc, tel le lapin Duracell ayant bu trop de Nalu (non cet article n’a pas pour but de faire du placement de marque). C’est dans une ambiance crépusculaire et radioactive qu’il débarque sur scène dans une très moulante mais éblouissante combinaison couverte de paillettes dorées lui donnant des airs de (fit) boule à facettes. Il entame son set avec “It’happening now”. Tout ça avec son décor de scène aux airs post-industriels et d’hôpital psychiatrique légèrement glauque et inquiétant. Il nous offre dès ce premier titre des pas de danse entre souplesse extrême et valse tournoyante.

Ce sont ensuite les gros riffs d’une guitare acérée qui viennent défoncer le plancher du chapiteau. Le single “Alien” débarque, Mustii est survolté, il court d’un côté à l’autre de la scène, harangue le public, chante avec rage. Le son est énorme, brut, presque indus, ses trois musiciens s’en donnent à cœur joie sur leurs instruments. Dans le public, les bras se lèvent, ça hurle un peu partout. “The Darkest Night” vient ensuite transformer la scène en dancefloor aux airs de catwalk sur lequel Mustii se déhanche langoureusement. Le début de set est dense, et lorsqu’il prend la parole c’est pour expliquer qu’il a dormi trois heures la nuit dernière mais qu’il est dans état de surexcitation totale pour ce dernier concert. Mais ça tout le monde avait déjà pu s’en rendre compte. Sans crier gare, il se lance ensuite dans une série de yeah yeah yeah pour réveiller le fantôme de Freddie Mercury à Wemlbley. Il en sera ainsi tout au long de la soirée. Mustii ponctuant aussi ses interventions de plusieurs échanges complètement débridés avec public, justifiant notamment le fait qu’il n’est pas connu en France mais que par contre il l’est au Luxembourg, se transformant alors en guide touristique de la capitale du Grand-Duché. Le concert va prendre des airs de one man show à plusieurs reprises, dans l’hilarité générale, Mustii passant du coq à l’âne avec cette douce folie spontanée qui lui est propre.

Mais Mustii reste professionnel et nous offre également de jolis moments très fragiles aussi, comme sur la ballade “New becoming” qui s’achève avec la cover enjouée de “Walk on the wild side” de Lou Reed. Place ensuite à 21st Century Boy” mais surtout à “Safety zone” en guitare-blues voix dans une ambiance vaporeuse et sensible. Mustii délivre aussi une version de “Suburban King” qui nous fait hérisser les poils tellement le chant de Mustii y remplit de puissance et de rage.

Après ces quelques titres, c’est le retour de la grande célébration festive sur scène et dans le Chapiteau avec “Shame” et sa ligne de basse qui nous rappelle “She Wolf” de Shakira. Ambiance dancefloor au Botanique. Mustii revient des coulisses avec une collerette à plumes : il fait alors monter sur scène tout le casting de la première saison de Drag Race diffusée sur Tipik et dont il faisait partie du jury. La scène se transforme en cabaret géant avec des effets pyrotechniques qui viennent faire étinceler tout ça. Le public apprécie ce tableau aussi coloré que badass. Le titre s’étire pour le plus grand plaisir de tout le monde, aussi bien sur scène que chez les festivaliers.

La fin du set pointe doucement son nez avec “Simple Slave” et son énorme instru final ponctué d’un cris presque guttural de Mustii. On avoue qu’on est fan de ce genre de moment. “Blind” fait se lever tous les bras avant que “Give me a hand” et sa batterie martiale n’assènent une énième volée bien électrique aux Nuits Bota. Une fois encore, Mustii arpente la scène (faite le jouer dans un stade avec une scène plus large que profonde) alors que le public reprend massivement le refrain du titre. “Skyline” vient clore le concert, la soirée des Nuits Bota et la tournée de Mustii. Il quitte la scène sur ces dernières paroles : Merci à vous, je vous aime, laissant le soin à ses musiciens d’achever le morceau dans une dernière chevauchée bien massive. Le public restera de longues minutes devant la scène à réclamer un rappel qui ne viendra malheureusement pas.

Mustii a passé le concert comme sur un trampoline géant, sans contrainte ni poids. On le savait déjà, mais c’est un énorme showman qui ne néglige pas et ne sacrifie pas la qualité de ce qu’il propose au profit de la facilité. On vous parlait il y a peu de la prestation d’Avril Lavigne à Forest National qui manquait cruellement de conviction. Nous sommes ce soir à l’exact opposé avec, sur scène, un bonhomme complètement habité et enthousiasmé par ce qu’il interprète C’est avec autant d’impatience que de curiosité que nous attendons de voir ce qu’il nous réserve pour le futur.

Please follow and like us:
error
fb-share-icon