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Rencontre avec Fitz, un duo au gros son sans concession

Nous avons rencontré Fitz à la fin d’une répèt’. Voilà ce que Damien et Piwi, guitariste et batteur-chanteur du groupe nous ont expliqué sur la genèse du groupe, l’actu et leur avenir très prometteur.

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Scènes Belges : Fitz, un groupe de cet été. Comment est né le projet ?

Piwi : Il est né d’une envie commune de faire quelque chose. En fait, on a été voir pour la 2eme fois Salomé Leclerq avec Damien à Liège et il n’y avait personne. En attendant le concert on a commencé à discuter. Damien allait peut-être faire de la basse dans un autre groupe et il me demandait si je ne pouvais pas faire de la batterie dans ce groupe-là. Et puis parallèlement en discutant de musique on s’est dit qu’il y avait des choses dans l’univers musical personnel de chacun qu’on avait jamais exploitées ni lui ni moi. Et en fait c’est univers c’était le même, grosso modo.

Damien : Et dans la conversation on a senti très vite que la décision se prenait sans qu’on la prenne. En rentrant en bagnole après le concert, on a commencé à dire « tiens si on faisait ça et l’autre répondait ah oui oui, excellent j’ai la même idée. Et si on faisait ça ? Oh oui excellent moi j’ai plein d’idées ». Tout se rejoignait. On en a profité que j’enregistrais son projet de chansons pour enfants, on était en studio pour tenter le truc et en deux soirs on a composé et enregistré trois titres qui se retrouvent sur l’EP. C’est donc né comme ça, à partir d’une discussion.

Piwi : On s’est dit qu’on allait faire un essai. Damien va faire de la guitare, ça c’était déjà pratique. Moi je fais de la batterie et en même temps je me disais peut-être que je ferais autre chose que de la batterie parce qu’en fait comme je chante dans un spectacle pour enfants où j’ai été propulsé chanteur à l’insu de mon plein gré, me suis dit pourquoi pas essayer dans le rock aussi. Et puis aussi on s’est dit que l’on ne voulait pas s’entourer d’autres gens que nous deux. Donc on va prendre tout ce que l’on sait faire chacun. On ne savait même pas qui allait écrire ou quoique ce soit. C’est quand je suis rentré que j’ai dit à Damien « mais on va faire des reprises ou on va trouver quelqu’un qui écrit les textes » et puis deux jours après j’avais trois textes, quatre textes.

Damien : Il m’a dit « il y a longtemps que j’ai écrit des trucs ». Mais je lui ai dit « réessaye ». Puis deux jours après tu m’as envoyé les premiers essais. C’est un peu la genèse du truc.

Piwi : Je pense que ça va vite parce que ça fait 15-20 ans qu’on fait tous les deux de la scène, la musique c’est plus long, ça fait au moins 25 ans qu’on joue chacun nos instruments de musique. Et puis on a eu tous les deux des groupes différents ou ensemble c’est selon.

Damien : On lance  des trucs, on comprend assez vite ce que l’autre veut faire et en général c’est le premier jet qui fonctionne le mieux. Il y a une facilité donc chaque fois qu’on se pose une question et que ça se passe on se dit que c’est que ça devait être, c’est que ce groupe devait être, que toutes les décisions que l’on prend marchent devaient être. C’est une évidence comme tu l’as dit dans ton premier article, très bon titre d’ailleurs. C’est une chance parce que ça aurait pu très bien ne pas coller à deux.

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SB : Ca fait des années que vous vous connaissez, comment ça se fait que ça n’arrive que maintenant ?

Piwi : Ben oui mais non en fait. On s’est croisé à l’époque quand Damien faisait le son de Gibus mais il y a longtemps. Et moi j’ai programmé Gibus dans les MJ alors on s’est croisé comme ça. En fait, musicalement on se connait que depuis trois ans de scènes. Mais c’est au Québec que tout a commencé entre nous.  On a fait de longues routes et tu sais bien, tu roules 6 heures pour aller à un autre endroit, t’es dans la bagnole et puis en discutant d’artistes on s’en rend compte qu’on aime l’album dePink Floyd que personne ne connaît. Les chansons qu’on aimait tous les deux ce n’était pas les tubes.

Damien : Par rapport à ça, on va en venir à la genèse du titre de notre nom de groupe. En apprenant à se connaître, Piwi j’ai un peu compris son univers et j’étais en train de lire moi une série de bouquins qui s’appelle « L’assassin Royal » de Robin Hobb dont il a dévoré les treize tomes encore plus vite que moi.  Le personnage principal s’appelle Fitz ce qui veut dire batard. Notre nom de groupe est en rapport au héros qui en beaucoup de points nous relie tous les deux. Quand on a commencé à faire le projet on s’est dit faudrait peut-être un nom puis on a réfléchi à deux – trois brols et puis un jour bêtement, j’ai eu une illumination et je lui ai envoyé par sms : « j’ai le nom du groupe ». Lui répond « quoi ? » ; « t’es prêt ? » ; « Oui » ; «  t’es sur ? » puis j’ai envoyé « Fitz » puis il fait « ben oui » et donc voilà. En plus c’est bien c’est graphique c’est beau  et c’est court.

Piwi : Et une fois de plus, c’est pas francophone, c’est pas anglophone. On a un morceau, le premier qu’on joue sur scène qui a un rapport avec le livre qui s’appelle Le Fils Batard mais qui est plus une satire du monde politique actuel mais inspirée du monde politique moyenâgeux de ce bouquin. C’est le seul texte où c’est un peu plus imagé, moins direct dans les propos.

SB : Piwi, c’est toi qui écris. Qu’est-ce qui t’inspire ?

Piwi : C’est ma vie, la vie de tout le monde. Il y a un ou deux textes plus personnels sur des étapes de ma vie sinon globalement c’est l’actualité. La Pèche Aux Morts que tu as déjà cité (voir compte rendu du concert à Eghezée), comme j’explique sur scène c’est cette photo de cet enfant mort sur la plage. Tu te réveilles un matin, t’ouvres ton pc et ton facebook et t’as cette photo là en pleine gueule qui fait pas du bien. Tout le monde qui donne son petit mot, et puis cette photo qui revient comme ça sur toutes les pages de tout le monde et tout le monde qui se l’approprie comme si cet enfant c’était rien c’était juste une photo et moi ça me met la rage et donc j’écris. En fait, mes textes sont pas forcément positifs. Ça a un côté un peu plus révolutionnaire, un espère d’appel à la réaction. Il y a certains textes qui peuvent paraître un peu bruts et blessants mais ça fait réagir en fait. Je me dis que ça fait réagir et puis c’est comme ça que j’ai envie de le dire.

Damien : On le voit en live. Les gens nous l’ont dit sur les concerts que l’on a faits. On a vu des réactions assez fortes. Ça porte à débat, à réflexion. Ça ne laisse pas indiférent.

Piwi : C’est marrant parce que j’écris beaucoup et avant je n’écrivais pas. J’ai eu des insomnies, des moments dans ma journée où je me sens pas bien parce que ce qu’il se passe autour de nous dans ce monde ça me rend dingue et je savais pas du tout comment le sortir. Et Fitz, c’est en ça que c’est une évidence c’est que quand je joue les morceaux je les vis et quand je les écris après je peux dormir. C’est une forme de thérapie. J’avais envie de le dire mais j’avais pas envie d’arriver dans une soirée et de lancer le débat parce qu’on commence chacun à donner son avis sur un truc qui ne mérite pas que l’on donne son avis parce que c’est dégueulasse. Alors on a envie de cracher son truc et puis du coup voilà, c’est ma manière de dire aux gens qu’il faut réagir et ouvrir les yeux. C’est pas juste une photo. Il se passe un truc derrière cette photo. Il se passe des trucs horribles ailleurs. Pour que nous on ait notre confort il y a des gens qui crèvent partout. Réveillez-vous. C’est un petit peu ça aussi. C’est ma manière de le dire. Et on le dit dans une chanson et ceux qui l’entendent réagiront peut-être ou pas mais ça n’est pas non plus  de monter à la manif poings levés. C’est plus une petite goute, c’est ma petite manière.

Damien : C’est pas moralisateur. Ce sont des textes de constat. C’est compliqué ce genre de sujet. Tu tombes vite dans le mégalo de celui qui a tout compris et qui en fait a rien compris. Soit dans le côté moralisateur. Je crois que c’est plutôt un mode d’expression très brut qui peut être interprété, qui peut ouvrir à la réflexion et nous ça nous fait du bien. Moi après un concert en général j’ai un coup  de mou comme j’ai jamais eu. Je sens que j’ai lâché l’énergie. La musique c’est un média, c’est un mode d’expression comme la peinture, la littérature. Nous on a choisi de s’exprimer sur des choses qui font un peu mal.

SB : Et toi (Damien), tu ne veux pas écrire ?

Damien : Non, il fait ça bien pour l’instant. En ce moment précis on a la théorie du robinet qu’on ouvre et ça coule tout seul. C’est qu’il a beaucoup de choses à dire et qu’il le fait bien. Moi j’écris les riffs de guitare, c’est aussi un mode d’expression.

Piwi : En fait à la base, on a fait cet EP, ce trois titres très vite sans savoir si c’était un EP. On a enregistré une maquette pour se dire qu’on essayait de faire un truc et puis maintenant on se rend compte après les concerts qu’on nous réclame des chansons qui sont pas dessus parce que ce ne sont que les trois premières et qu’entre temps d’autres ont été écrites. Il y avait d’abord un truc de « on va tourner six mois et puis on verra bien » et après, à force de discuter et de rencontres, l’album il est là. Et le fait que j’ai tout écrit moi-même, ça donne un album très cohérent. Ça va être un album thématique. Quand tu l’écoutes de A à Z tu vas entrer dans un univers. C’est une énorme chanson divisée en 15 morceaux. On a beaucoup été inspiré par No One Is Innocent dont le dernier album parle d’extrême droite, etc. Cet album c’est aussi un thème unique à part une chanson à la fin qui n’a rien à voir. Comme le dit Damien, on a ouvert le robinet et boum on a sorti un truc.

Là on a appelé Rudy Coclet au Jet Studio. On enregistre début janvier et normalement l’album devrait être là fin janvier. On ne sait pas encore si on va le sortir nous-mêmes, si on va chercher un label, si on fait notre label… On a pas envie d’arriver à un album et puis de devoir faire des concessions à cause d’un label. C’est peut-être une erreur de notre part mais bon. On sait bien ce que c’est la musique actuelle, on n’est clairement pas dans les formats radio et tout ça et on ne va pas se prendre le chou à essayer de s’intégrer dans des formats.

Damien : Ca fait partie du truc qu’on a dit aussi. On va faire un groupe sans concessions. Donc on va monter sur scène, on va allumer les disto, on va taper sur la batterie et on va gueuler dans des micros. Et le gars qui dit ça va trop fort et bien on joue pas chez lui. C’est dire « nous on vous propose ça et on va pas commencer à la changer le truc. Notre son si ça vous plait pas et bien vous prenez pas. » C’est ça l’idée, c’est de dire voilà le package. Si on arrive sur un label et qu’il dit effectivement que l’on mettrait bien une mandoline sur ce morceau là et bien non. On nous dirait, vous pouvez venir en radio mais vous faites un titre acoustique. Ben non. Alors tu passes le cd. Parce que le son c’est la batterie de Piwi, ma guitare avec deux gros amplis. C’est du gros son. L’idée c’est vraiment pas de concession pour le moment.

SB : Il n’y a eu que deux concerts jusqu’ici mais je vous pose la question habituelle : est-ce que vous avez un rituel avant de monter sur scène ?

Damien : je préfère si c’est possible de ne pas voir les gens avant le concert. Quand il y a moyen j’aime bien m’isoler un petit peu.

Piwi : C’est bien d’être à deux. Le rituel c’est se retrouver à deux au moins cinq minutes pour juste sentir l’énergie.

Retrouvez le groupe sur scène prochainement lors de l’une de leurs nombreuses dates. Ne les manquez pas !

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