Âgée de 22 ans, Tanaë  est une artiste 2.0 de ce siècle. C’est via les réseaux sociaux qu’elle s’est fait connaître dans un premier temps avec quelques reprises audacieuses mais sobrement dépouillées. Alors que les tapis rouges des autoroutes toutes tracées des télé-crochets musicaux s’offraient à elle, c’est une autre voie qu’elle a prit, par choix, pour plus d’authenticité et d’indépendance artistiques dans son univers aux influences multiples et variées. C’est à l’occasion de la sortie de son premier album “Talking To Myself” que nous avons eu l’occasion de la rencontrer et de discuter en tout simplicité avec elle. Rendez-vous était pris à Schaerbeek, en fin d’après-midi à la terrasse ensoleillée du bar Chez Félix, autour d’un verre de vin sicilien (comme ses origines), le tout bercé par un discret accent liégeois.

Jean-Yves pour Scènes Belges : Quel est ton parcours dans la musique et comment tu y es arrivée ?

Tanaë : C’est ma maman qui a envoyé une bande-son à mon producteur et manager actuel, Manu Frezon. Ce n’était pas trop mon idée à la base, je ne voulais pas le faire. Et puis après coup je me suis dit que c’était peut-être quand même une bonne idée. On s’est donc finalement rencontrés avec Manu, pour faire un test en studio. Ça lui a plu. On a alors commencé à travaillé ensemble et on a posté la vidéo de “One Dance” de Drake, qui était la première reprise.

SB : L’idée, dès 2017, de sortir quelques covers sur Youtube c’était calculé et ça faisait partie d’une stratégie de “buzz” ou alors c’était juste une envie du moment ?

Tanaë : On avait juste envie de mettre des images sur le son. Les vidéos sont relativement simple, ce ne sont que des images de moi qui chante les covers. C’était certainement plus intéressant à regarder pour les gens. Ce n’était pas dans une optique de mise en place d’une stratégie ou pour créer un buzz.

SB : Tu as des choses à dire on dirait, avec un premier maxi qui s’appelle “Introspection” et un album qui s’appelle “Talking To Myself” ?

Tanaë : Oui clairement. De toute façon “Introspection” ce n’est pas moi qui l’ai écrit parce qu’au début je n’y connaissais absolument rien, je ne savais pas écrire, ni composer, ni quoi que ce soit en fait. C’était de l’interprétation mais après je pense que Manu a essayé de prendre des thèmes qui parlaient à une adolescente. Donc ça parlait souvent d’amour. Ça me parlait mais ce n’était pas non plus personnel. Et là maintenant sur “Talking to myself” j’ai écris plus de son parce que j’avais envie de me lancer là dedans et d’exprimer ce que j’avais à dire, c’était plus personnel. Toutes les chansons sont un peu différentes mais il y a plein de thèmes qui sont abordés : la recherche de soi, l’identité, les vérités difficiles à entendre, les relations compliquées, en amour aussi donc, la relation que j’ai avec mon père. Concernant le fait qu’il n’y a “que” huit titres sur cet album, c’est volontaire. Je ne voulais pas remplir pour remplir. Je voulais un ensemble fort et cohérent même si cela fait moins de contenu.

SB : A quel moment tout ça a vraiment décollé pour toi ?

Tanaë : Quand on a bossé la première cover ça a tout de suite bien fonctionné. “One Dance” de Drake c’était une chanson que les gens connaissaient déjà bien. Donc oui c’est grâce à ça je pense. Les gens ont suivi et se sont intéressés aux covers suivantes qu’on a postées. Et après avec le maxi  les gens ont eu envie de découvrir la suite, pas seulement les covers mais ce que je faisais moi.

SB : Dans toutes ces covers il y en a notamment une de “Barbie Girl” d’Aqua. C’était une blague à la base ?

Tanaë : Non c’était complètement assumé. C’est mon manager qui a proposé l’idée à la base. C’était étrange et un peu bizarre, et puis je me suis dit que ça pouvait être cool de reprendre une chanson aussi connue avec son côté un peu absurde. Donc on la reprise mais de manière plus sérieuse.

SB : Ces covers sont celles d’artistes aux influences très diversifiées (Drake, Kodaline, 21 pilots, Synapson, etc). Sont elles le reflet de tes influences à toi ?

Tanaë : Oui, j’écoute de tout, donc forcément les reprises que j’avais envie de faire ça montrait un peu la variété de ce que j’écoutais, de ce que j’avais envie de chanter et de faire. Et je pense que là ça se transmet encore dans la musique que je fais.

SB : Et justement tu la définirais comment ta musique ?

Tanaë : Variée, colorée, personnelle. C’est clairement de la pop influencée par la soul selon moi. Et il y a plein de genres qui viennent s’y greffer : le jazz, l’électro, le hip-hop. Et tout cela forme un ensemble assez hybride.

SB : Comment s’est déroulé le processus créatif de cet album ?

Tanaë : Ça dépend, soit c’est mon producteur qui apporte des idées de mélodies et c’est avec lui que je compose, soit c’est moi qui apporte directement les idées de mélodies. Et une fois qu’on avait composé la mélodie, on trouvait ce sur quoi on allait écrire. Pour l’écriture des textes c’était pareil, soit c’était lui, soit c’était moi, parfois on écrivait ensemble. Il y a aussi eu Yannick Lemoine du groupe Beffroi qui a écrit quelques textes et qui nous a donné un coup de main général dans l’écriture. Après le choix de l’anglais est totalement volontaire. Je trouve que les sonorités de cette langue collaient plus avec la musique que j’avais envie de faire et que j’écoutais. Je ne suis pas du tout réfractaire au français pour autant mais l’anglais est venu plus naturellement. Donc oui peut-être que dans la futur j’écrirais des textes en français.

SB : Comment abordes-tu le visuel en lien avec la musique, que ce soit dans les clips ou sur scène ?

Tanaë : Le premier clip que j’ai sorti c’était pour le titre “I need your love” et je n’avais pas du tout envie d’apparaître dedans. J’étais timide et ce n’était pas mon truc. Du coup je n’y apparais que très rapidement au début. Le visuel était quand même important à ce moment là pour moi, même si je ne savais pas encore exactement où je voulais aller. Pour l’album, j’ai choisi la photographe et réalisatrice du clip de “Mirrors”, qui n’est autre que Juliette Reip. J’avais envie de faire un beau clip et les photos qui allaient avec pour l’album étaient super importantes aussi. Pour ce qui est de la scène d’un point de vue visuel, on est encore en train de créer le show, on essaie de trouver des lumières et des décors intéressants qui collent avec l’album, tout en restant assez sobre.

SB : Refuser The Voice Belgique, The Voice France ainsi que la Nouvelle Star qui t’avaient pourtant tous contactée, c’est un peu du militantisme non ?

Tanaë : Oui c’est mon côté punk qui ressort. Mais beaucoup de personnes me parlent de ces refus sous la forme d’un reproche en me disant que ça allait me fermer des portes en termes de visibilité médiatique, et cela de manière définitive. Je n’en ai pas l’impression pourtant, au contraire. C’était hors de question en fait d’aller dans cette direction en fait. Je n’avais pas envie de faire de la télé à la base, et je n’avais pas non plus envie d’être influencée. C’est vrai que comme je cherchais où je voulais aller, je ne savais pas qui j’étais et qui je voulais devenir d’un point de vue artistique, je n’avais pas envie d’être influencée par des artistes accomplis. Eux savaient clairement où ils voulaient aller, et peut-être ce qu’ils auraient voulu faire de moi. Je voulais d’abord savoir moi ce que j’avais envie de faire. C’est pour ça que j’ai dit non. Aujourd’hui, avec tout le travail qu’il y a eu sur cet album, je sais où j’ai envie d’aller pour la suite, et c’est le plus loin possible évidemment.

SB : Et le plus loin possible c’est quoi ? L’étranger ?

Tanaë : Clairement l’international me tente beaucoup et on l’envisage sérieusement. Aujourd’hui avec toutes les plateformes de streaming musical il n’y a plus beaucoup de frontières en plus. Ça marche pas mal en Turquie et en Corée du Sud par exemple. Et de fil en aiguilles, mes chansons passent en radio là-bas. J’adore voyager à la base, alors si c’est pour la musique je fonce sans hésiter.

SB : Du coup dans dix ans tu te vois où ?

Tanaë : Je ne sais pas du tout. Je préfère me dire que là pour le moment on a vécu le moment présent et c’est comme ça que ça a fonctionné pour moi. Je vais continuer comme ça et voir où ça me mène, au feeling.

SB : Comment as-tu vécu les deux “releases” aux Nuits du Bota sous le Chapiteau et au Reflektor pour présenter ton album ?

Tanaë : C’était complètement fou. Déjà le Botanique c’était une ambiance particulière parce que c’est un festival, on rencontre plein de gens, on court partout. C’était vraiment un concert particulier, j’appréhendais un peu mais au final je me suis éclatée sur scène. Ça reste un de mes meilleurs concerts dans la manière dont je l’ai vécu, les musiciens aussi se sont bien éclatés je pense. C’était la première fois qu’on jouait les sons de l’album en plus. Le Reflektor à Liège c’était énorme aussi, mais là c’était plus intimiste avec des amis et des proches.

SB : Comment tu appréhendes le fait de te retrouver à l’affiche d’un bon paquet de festivals cet été ?

Tanaë : Plutôt bien. L’été sera chargé effectivement, c’est là qu’on va pouvoir jouer l’album sur scène et avec les musiciens on s’en réjouit déjà. Certains festivals sont venus nous chercher, je trouve ça fou, je ne m’y attendais pas. Et le fait d’être à l’affiche des Ardentes c’est pour moi juste beaucoup trop bien. J’y allais souvent en tant que festivalière, mais y jouer c’est encore autre chose ! C’est là que je suis allé pour la première fois en festivals, j’avais quinze ans et il y avait Snoop Dog et Selah Sue à l’affiche, c’était de la folie.

SB : Quelques petites questions pour clôturer : l’artiste qui t’a donné envie de te mettre à la musique et au chant ?

Tanaë : Amy Winehouse, je tapais “karaoke” sur Youtube et je chantais ses chansons. Mais il y en a plein d’autres comme Florence and The Machine par exemple. Là plus récemment il y a Jorga Smith.

SB : Le morceau de musique ultime pour toi ?

Tanaë : C’est impossible de choisir, il y en a tellement. Je vais dire Sabrina Claudio avec le titre “Messages from her” que j’écoute beaucoup pour l’instant.

SB : Le meilleur concert de ta vie jusqu’à maintenant ?

Tanaë : Balthazar à la Lotto Arena le huit mars de cette année. J’ai trouvé ça terrible.

SB : Et ton dernier coup de coeur musical ?

Tanaë : Jorga Smith comme j’ai déjà dit, Billie Eillish aussi.

 

Pour rappel, Tanaë sera en festivals cet été notamment au Verdur à Namur, aux Ardentes à Liège, aux Francofolies de Spa, au Brussels Summer Festival, aux Solidarités à Namur et au Seneffe Festival. Pas d’excuses pour ne pas aller la voir du coup.

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